Réalisée du 19 septembre au 05 octobre 2021
Nous voilà devant le Massif des Dolomites. Nous voilà à quelques heures ou minutes de fouler cette terre que nous attendions avec tant d'impatience. Non pas qu'elles aient occulté et qu'elles occulteront les autres massifs montagneux. Loin de là. Mais ce massif a une part d'imaginaire que nous n'avions pas pour les autres montagnes des Alpes. Imaginaire qui s'apprête à devenir réalité puisque c'est plus de 300km que nous nous apprêtons à effectuer dans ce massif.
Depuis Monguelfo, la terminaison de notre neuvième étape se situe à quelques kilomètres à vol d'oiseau seulement, à la ville de Sesto. Notre tour des Dolomites sera quasiment une boucle parfaite dans ce massif, ce qui nous permettra, une fois fini, de continuer notre Via Alpina sans trop de détours. Bien que longue de 300km, notre traversée ne passera pas par tous les endroits qu'il y a découvrir dans ces montagnes et constituera surtout un tour du Nord du Massif des Dolomites.
Ce massif est vaste. Il s'étend sur deux régions italiennes : le Sud-Tyrol et la Vénétie. Il n'est pas composé d'un unique bloc montagneux comme peut l'être le Massif du Mont Blanc ou les Alpes bernoises par exemple. Il est formé de plusieurs petits sous-massifs, appelés ''groupe'', séparés par de larges cols et vallées où des bourgs, des alpages, des routes, des stations et des villes se sont installés.
Cet ensemble montagneux n'est pas à confondre ou associer avec le Massif de Brenta, situé plus au Sud-Est des Dolomites. Le Massif de Brenta est souvent prénommé ''Dolomites de Brenta'' en opposition aux ''Dolomites de Cortina'', celles dont nous effectuerons le tour. Quoiqu'il en soit, ces deux massifs sont géologiquement identiques puisque tous deux composés de dolomie. Roche ayant donné le nom au massif et dont une des principales caractéristiques est qu'elle cristallise en prismes losangiques, c'est-à-dire en roche ayant une forme de polygone (plutôt en losange pour ce qui est de la dolomie). C'est le géologue français Déodat de Dolomieu qui lui donna son nom après l'avoir découvert et étudié. C'est cette roche qui donne aux Dolomites leur aspect si particulier dans les Alpes. Avant de s'appeler ''Dolomites'', elles étaient souvent surnommées ''les montagnes pâles'' du fait de la couleur de la roche relativement claire par rapport aux autres espaces montagneux alpins.
En bref, la renommée de ces montagnes tient à leur géologie si singulière. Ces dernières années, elles ont notamment été rendues célèbres et touristiques via les réseaux sociaux. Pour le meilleur et pour le pire, les Dolomites sont devenues un véritable lieu de pèlerinage pour les photographes amateurs ou professionnels, pour les randonneurs du dimanche ou les alpinistes, pour les locaux ou les touristes internationaux. Sur les premières hauteurs, le tourisme de masse inonde la montagne de ses flots de voyageurs, notamment lors de la saison estivale. Les nombreux cols routiers permettant un accès facile et rapide à l'espace montagnard. Même si nous arrivons en octobre, les touristes sont encore nombreux. C'est pourquoi il faut s'échapper un peu plus haut, dans les espaces les plus escarpés, mais également les plus beaux, pour avoir la chance de mêler découverte des Dolomites et tranquillité.
Le Massif des Dolomites est quadrillé par de nombreux itinéraires : 13 Alta Via et 2 Via Alpina traversent ces montagnes. Le plus difficile pour nous reste donc le choix du tracé à effectuer et à insérer dans notre projet de Via Alpina. Les itinéraires de Via Alpina n'effectuent que la traversée d'une partie de ce massif : l'extrême Nord pour la Via Alpina rouge entre le Lago di Braies (- Pragser Wildsee) et Tre Cime di Lavaredo (- Drei Zinnen) et du Centre-Est au Centre-Ouest pour la Via Alpina jaune. Nous prendrons donc les deux extrémités de la Via Alpina rouge : le Lago di Braies et Tre Cime di Lavaredo et nous les relierons par un itinéraire inédit, construit depuis notre ordinateur et qui s'est révélé plutôt sympathique.
C'est donc dans le Val Pusteria (- Pustertal) que notre traversée des Dolomites commence, et se termina également. Depuis la ville de Monguelfo nous rentrons dans la vallée menant au Lago di Braies, premier lieu culte des Dolomites que nous atteindrons. Cependant, le temps est nuageux et les orages doivent éclater dans l'après midi. Nous nous levons donc assez tôt pour avoir le temps d'apercevoir le lac sans trop de nuages. Puis, pour ce qui est de la suite, nous improviserons, comme d'habitude.
"Les Dolomites ont besoin de la bonté du soleil. Sans lui, elles sont fades, ternes, apathiques, tantôt gris sale, tantôt jaune délavé. Mais il suffit d'un rayon pour les faire naître : sous l'effet bienfaisant de la chaleur, elles frémissent, se colorent et, bien que verticales, deviennent attirantes." -- Gaston Rébuffat
Après quelques dizaines de minutes à traverser le fond de vallée, nous atteignons le Lago di Braies (- Pragser Wildsee). Les nuages sont relativement élevés mais la foule est bien présente. Un bon cadrage pour la photo est nécessaire pour éviter d'y capturer une main, une tête ou un pied. Reste que le paysage est magnifique avec ce lac vert entouré de forêts de conifères et dont l'autre rive est comblée par d'immenses falaises plongeant dans ses eaux.
Nous effectuerons la partie gauche du pourtour du lac afin de partir dans les montagnes derrière celui-ci. En quittant le lac, nous quittons la foule mais nous retrouvons les nuages.
Nous mangeons au refuge et réfléchissons à ce que nous allons bien pouvoir faire dans l'après midi. Marcher dans les Dolomites sous la pluie et sans apercevoir les montagnes, c'était un peu le cauchemar que nous ne voulions pas affronter. Après le repas, la pluie a commencé à tomber sur les hauts plateaux. Nous prenons donc la décision de rester dormir au refuge. Le mauvais temps ne devant se produire que ce jour-ci. Par moment, de furtifs rayons de soleil percent les rideaux de pluie, dévoilant en partie les plateaux autour du refuge.
Pendant les plus fortes averses, nous profitons d'un peu de réseau pour modifier, améliorer l'itinéraire dans le Massif des Dolomites et se renseigner sur les refuges à faire, sur les bivaccos présents dans ces montagnes ou encore sur la praticabilité des chemins en randonnée, le massif comprenant de nombreuses Via Ferrata.
Le lendemain, le ciel se découvre, laissant apparaitre quelques sommets. Une surprise s'est posée au-delà de 2600m d'altitude : la neige !
Nous nous mettons donc en route pour la deuxième journée dans le Massif des Dolomites. Nous traversons le Parco Naturale Fanes-Sennes-Braies d'un bout à l'autre. Nous franchirons également la frontière entre le Sud-Tyrol et la Vénétie avant de retourner en territoire tyrolien. Le parc naturel ne se trouvant que dans le Sud-Tyrol.
L'Italie du Nord regorge d'étrangetés linguistiques. Si l'on a déjà parlé de la forte présence de l'Allemand dans la région du Sud-Tyrol, une troisième langue vient s'immiscer entre l'Allemand et l'Italien : c'est le Ladin. Cette langue est parlée par environ 30 000 locuteurs en Italie du Nord ce qui en fait une des langues les moins parlées du continent européen. Elle reste cependant importante dans la région au point que les panneaux indicatifs sont traduits dans les trois langues : l'Allemand, l'Italien et le Ladin.
Nous rejoignons par la suite les alpages puis la forêt et enfin les environs du village de Badia où nous poserons notre tente : premier bivouac dans les Dolomites.
La journée suivante nous changeons de parc naturel tout en restant près de montagnes grimpant à la verticale vers les cieux. Nous entrons dans le Parco Naturale Puez-Odle (- Naturpark Puez-Geisler) réunissant, comme son nom l'indique, les Groupes de Puez et d'Odle.
Nous mettons pied sur le Sentier Adolf Munkel traversant les balcons sous ces géants rocheux. Nous étions censés nous diriger vers le point de vue sur la Seceda, un autre coin très connu des Dolomites. Cependant, la Forcella Pana (- Panascharte), col qui devait nous conduire à ce belvédère, est fermée depuis l'été 2020 en raison de risques de chutes de pierres. Nous devons nous résoudre à abandonner la Seceda. Heureusement, un autre col des environs permet de franchir la chaine des Pics d'Odle : c'est le Mittagsscharte.
On se dirige donc vers le prochain refuge : le Rifugio di Firenze (- Regensburgerhütte). Une fois là-bas, nous demandons si l'on peut poser la tente près de celui-ci, ce qui nous est refusé du fait de la réglementation du parc naturel. Or, en regardant la carte, le refuge se trouve bel et bien sur la frontière de celui-ci. Il est donc possible de bivouaquer dans les environs du refuge, d'autant plus que des voitures sont garées aux abords de ce dernier. Mais nous décidons de ne pas faire de vagues. Nous descendons légèrement et dès que nous pouvons, nous posons notre bivouac. Nous délogerons quelques biches de l'alpage et nous profiterons de la vue sur le Groupe du Sassolungo effleuré par les dernières lueurs.
Lors de la journée qui suit nous retournons dans le parc naturel mais cette fois-ci pour y traverser le vaste plateau. Après la partie du Groupe de l'Odle, nous partirons à la découverte du Groupe de Puez avant de faire la jonction avec le Groupe de Sella. Les Dolomites prendront une autre dimension tant les hauts plateaux et les délimitations des différents groupes montagneux sont immenses et semblent inaccessibles avec notre simple équipement de randonnée.
Pour relier le Groupe de Puez et le Groupe de Sella, il faut traverser le Passo Gardena (- Grodner Joch), un des principaux cols routiers du Massif des Dolomites. Comme tout col routier alpin, sont présents hôtel, restaurant et boutique de souvenirs. Nous ne ferons que manger aux abords de ce col avant de partir dans les pentes abruptes du Groupe de Sella et atteindre un lac et un refuge.
Le terrain est très minéral sur ce plateau. À la base, nous voulions planter notre tente dans les environs mais nous risquerions de l'abîmer. Face à la roche et au vent du Nord qui souffle encore, nous demandons aux gardiens du Rifugio Pisciadù (- Pisciadùhütte) si ce dernier est complet. Il ne l'est pas. Nous aurons donc droit à une douche chaude et un bon plat de pâtes : bolognaise pour l'un, carbonara pour l'autre. Pendant le repas, un événement va nous retarder dans la dégustation du dessert : le plus beau coucher de soleil de notre périple.
Ce phénomène d'Alpenglow est particulièrement courant dans les Dolomites. Il correspond à l'illumination rougeâtre des montagnes lors du coucher de soleil. Tout est réuni pour que les couchers de soleil soient resplendissants : des montagnes à la roche relativement claire, des massifs montagneux bien espacés permettant aux rayons lumineux de se faufiler entre-eux et des points de vue exceptionnels sur ces montagnes.
Rapidement, nous atteignons les hauts plateaux du Groupe de Sella, situés entre 2800 et 2900m. C'est une vue à 360° qui se dévoile sur les Alpes italiennes et autrichiennes. Du Sud au Nord, en passant par l'Est et l'Ouest, nous ne savons où poser les yeux tellement tout est magnifique. Sur ces hauts plateaux, pas de vie, pas d'eau, personne. La solitude au milieu de la vastité sera grandement appréciable.
Nous traversons le plateau vers l'Ouest pour rejoindre un nouveau col routier : le Passo Sella (- Sellajoch) depuis le Val Lasties. Ce col sépare les Groupes de Sella et de Sassolungo. Nous ne nous rendrons pas à l'intérieur de ce dernier, nous nous contenterons d'une traversée en balcons sous celui-ci pour rejoindre le Parco Naturale Sciliar-Catinaccio (- Naturpark Schlern-Rosengarten).
Lors de cette traversée entre le sous-massif de Sassolungo et le Parco Naturale Sciliar-Catinaccio, nous passons en amont de l'Alpe di Siusi (- Sieser Alm) qui constitue le plus haut alpage d'Europe (photo ci-dessus). Il se situe à une altitude comprise entre 1650 et 2350m d'altitude. Nous ne ferons que le surplomber. Mais depuis cet alpage, les sous-massifs des alentours se détachent au-dessus des champs, faisant de cet endroit un haut lieu touristique des Dolomites.
Nous poserons notre tente à la frontière du parc naturel, non loin du Rifugio Alpe di Tires (- Tierser Alpi Hütte). Le coucher de soleil nous réservera encore un fabuleux spectacle depuis la tente.
La journée suivante, nous traversons le chaos minéral constitué par le Groupe de Catinaccio. Nous effectuerons d'ailleurs quelques lacets dans ce sous-massif pour nous rendre vers le Lago d'Antermoia avant de reprendre notre route vers le Sud, en direction de Carezza (- Karersee).
Après ce crochet au Lago d'Antermoia, on part pour reprendre le tracé vers le Sud en passant par le Lago Secco, qui n'a jamais aussi bien porté son nom, et le Pas da le Pope où, durant la montée, nous apercevrons un groupe de mouflons passer d'un versant à l'autre de la montagne.
Ce qui nous a surpris, c'est le peu d'eau qu'il peut y avoir dans les Dolomites. C'est une des premières fois de notre traversée des Alpes où nous avons du mal à trouver de l'eau pour nous nourrir ou pour nous doucher. Beaucoup de lacs de ce massif sont soit asséchés de moitié soit totalement vides. La bonne saison pour profiter des lacs des Dolomites s'étale de mai à la fin août. En automne, l'absence de reste de neige de l'hiver passé et le manque de précipitations conduisent à l'assèchement de la plupart des lacs du massif. Viennent ensuite le gel et la neige cachant totalement ces piscines de montagne.
On finit ce sous-massif en arrivant au petit village de Carezza (- Karersee). Petit bourg bien calme en cette fin de mois de septembre puisque composé en grande partie de petites résidences secondaires et de vacances. Près de ce village se trouve l'un des lacs les plus célèbres du massif : le Lago di Carezza (- Karersee). Bien que d'une couleur exceptionnelle avec sa vue sur le Groupe de Latemar se reflétant dans ses eaux, le cadre à proximité du lac reste décevant : une route, des barrières interdisant son accès et un parking à une centaine de mètres de cette oasis.
Une descente dans le Val di Fassa nous fera constater les dégâts encore bien visibles de la tempête qui frappa la Vénétie et cette partie des Alpes italiennes en octobre 2018. Des vents dépassant les 180km/h ont déraciné des millions d'arbres dans le Massif des Dolomites. Sur certains versants, les sentiers zigzaguent entre les troncs, rendant la traversée un peu plus longue et périlleuse.
Une fois dans Moena et après avoir englouti trois pizzas à deux, nous prenons une navette pour nous rendre à Pozza di Fassa où les supermarchés sont ouverts. Depuis cette ville, nous nous dirigerons vers l'Alpage de Sauch où nous bivouaquerons. Le temps doit se dégrader le lendemain après midi.
Mais le soleil est encore parmi nous dans la matinée. Cependant, les vents pré-dépressionnaires nous amènent une quantité non négligeable de sable dans l'air. L'ambiance sera désertique sous la Marmolada.
Initialement, nous devions franchir la Forcella Marmolada pour nous rendre sur le versant Nord de la montagne, le versant où se situent les glaciers. Cependant, nous n'étions pas sûrs de la praticabilité de ce col : Est-ce qu'il s'agit d'une Via Ferrata ou non ? Et nous n'avions pas réussi à avoir l'information sur Internet. Au vu du temps qui devrait se dégrader dans la journée, nous préférons être raisonnables et ne pas passer par ce col. Nous traversons donc la Marmolada par sa face Sud en arpentant le Passo Ombretta sous l'imposante falaise de ce sommet. En passant près des panneaux directionnels, nous voyons inscrit le sigle indiquant la nécessité de matériel de Via Ferrata à côté de ''Forcella Marmolada''. Ce qui nous convainc une fois de plus à ne pas tenter ce passage. Nous continuons donc dans le Val Rosalia pour franchir le Passo Ombretta.
Une fois la descente entamée dans le vaste pierrier qui ne manquera pas de défier notre équilibre à chaque pas, l'ambiance change radicalement. Le vent se met à souffler et les nuages gris puis noirs viennent balayer les arêtes de la reine des Dolomites.
Une fois dans la vallée, le temps nous incite à rejoindre la terminaison de notre étape du jour en stop. C'est un Tchèque traversant les Dolomites en van qui nous emmène à Alleghe, au pied de la Civetta. Nous avons bien fait puisque le fond de vallée entre la Marmolada et Alleghe n'a pas grand intérêt. Arrivés à la petite ville vénitienne et son lac, le Tchèque nous offre une bouteille d'alcool typique de son pays : du Stock Ferner. Nous devrons attendre le lendemain et l'ouverte de la Poste locale pour pouvoir renvoyer ce présent en France et le déguster à notre retour.
Depuis Alleghe, nous grimpons en direction du Lago di Coldai situé sous les pics dolomitiques de la Civetta, un autre sommet emblématique des Dolomites. On continuera ensuite notre traversée en se rendant au pied du Monte Pelmo.
C'est une longue traversée qui nous attend depuis le Lago di Coldai. Après une légère descente, on marche au pied du Monte Pelmo qui va se dégager petit à petit. Puis, on atteint les alpages de Roan, où nous poserons notre tente après avoir cherché quelques minutes la précieuse source. Une fois encore, le cerf brame dans le sous-bois.
Le jour suivant, le soleil prend l'avantage. Pas un nuage au lever du jour et une certaine fraicheur. Qu'importe, les premiers rayons réchaufferont l'atmosphère et rendront agréable la traversée des alpages puis des différents cols qui seront sur notre chemin. Le Groupe des Tofanes sera au bout, quasiment en plein centre des Dolomites.
Nous relierons à pied deux cols routiers : le Passo Giau et le Passo Falzarego en passant par Cinque Torri où cinq monolithes sortent de l'alpage, comme posés ici au milieu des champs.
Au niveau du Passo Falzarego, nous décidons de nous rendre au Rifugio Lagazuoi dans l'espoir d'y passer la nuit. Bien que le refuge ressemble davantage à un hôtel qu'à un refuge de montagne, l'emplacement de ce bâtiment au bord de la falaise et au centre du massif des Dolomites en font un lieu mythique.
Pour l'atteindre nous partons droit dans la paroi en amont du Passo Falzarego. Quand les touristes allemands venus en car décident d'y grimper en téléphérique, nous optons pour une voie toute aussi aérienne. Nous emprunterons le Kaiserjäger Steig, un sentier aérien situé dans la paroi sous Lagazuoi. Il servait à l'armée autrichienne du temps de la Première Guerre mondiale. Aujourd'hui c'est une Via Ferrata praticable sans équipement. Nous nous lançons donc à l'assaut des 600m de dénivelés qui séparent le Passo Falzarego au Rifugio Lagazuoi.
Après Cortina d'Ampezzo, nous montons par un chemin relativement incliné en direction du Rifugio Faloria. Durant la montée, Estebane ne se sent pas bien et sera complètement malade une fois en haut. Trop gros effort ? Ou réelle maladie ? Son état ne s'arrange pas alors que la nuit et la pluie commencent à tomber sur les Dolomites. Nous n'avons plus d'eau et les refuges des alentours sont fermés. Au vu de la dégradation de son état nous appelons le 112 mais un quiproquo linguistique nous amena à ne compter que sur nous-mêmes. Nous décidons de descendre tant bien que mal vers Cortina d'Ampezzo et de rejoindre les urgences au plus vite. Après un test antigénique et une consultation vers 23h, le verdict tombe : une bonne petite gastroentérite. Nous devons stopper l'aventure pour quelques jours afin qu'Estebane ait le temps de retrouver l'énergie et l'appétit. L'Italie ne nous réussit définitivement pas. Après mon intoxication alimentaire à Courmayeur, c'est au tour d'Estebane de connaitre les joies d'un retournement gastrique en plein milieu des Dolomites.
Après ce malencontreux problème de santé, nous reprenons notre route en remontant sur les hauteurs de Cortina d'Ampezzo par le même sentier. Les étapes sont cependant réduites pour ne pas épuiser mon binôme dès la reprise. Néanmoins, il faut que l'on reprenne notre route, le mauvais temps devant balayer les Dolomites dans quelques jours. Or, nous voulons avoir l'occasion d'apercevoir la dernière pépite du massif : Tre Cime di Lavaredo (- Drei Zinnen).
On part donc dans le Groupe de Sorapiss pour atteindre le lac éponyme. Nous devions y arriver par la Sella Punta Nera, mais le dénivelé étant trop important, nous passerons par la Forcella Marcuoira.
Tre Cime di Lavaredo n'est plus très loin et nous devrions atteindre le pied de ces montagnes la journée suivante. Nous ne nous contenterons pas de gravir jusqu'à la base de ces ''cathédrales de la terre'' selon les mots de Gaston Rébuffat, puisque nous irons auparavant traverser les plateaux du Monte Piana. Une montagne de relativement faible altitude par rapport à ses grands voisins.
Nous effectuerons le tour de Tre Cime di Lavaredo. Mais nous le découperons en deux pour ne pas avoir à nous presser en ce premier jour. Il nous faut tout de même contourner légèrement la montagne pour sortir du parc naturel et ainsi avoir l'autorisation de planter la tente. Cette nuit-là, nous avons non pas dérangé les gardiens du parc mais bien le cerf du coin, celui-ci hurlant près de notre bivouac une bonne partie de la nuit. Nous entendions même ses pas non loin de notre tente : sacré Bambi !
Dernier jour dans les Dolomites ! Le temps doit rester stable jusqu'à la mi-journée. Il ne nous en faudra pas plus pour terminer le tour de Tre Cime di Lavaredo. Nous agrandirons également notre circuit en y ajoutant un point de vue sur Cadini di Misurina situé à environ deux kilomètres du Rifugio Auronzo. C'est le Sentiero Bonacossa qui nous y conduira. Dans la vallée, une épaisse mer de nuages s'est installée pendant la nuit.
Après ce crochet, nous repartons pour notre tour de Tre Cime di Lavaredo en passant par la Forcella Lavaredo (- Paternsattel) avant d'entreprendre notre ultime descente vers Sesto (- Sexten). Cela clôturera cette neuvième étape de notre Via Alpina.
Encore une dizaine de kilomètres de marche et nous atteignons la petite ville de Sesto (- Sexten). Une dépression doit faire son arrivée dans la nuit et rester au-dessus de l'Italie du Nord pour plusieurs jours. Afin de laisser le gros des pluies passer et de nous reposer après ces 300km dans les Dolomites, nous réservons un hôtel pour trois nuits dans cette ville, bien morte en cette intersaison.
Nous ne sommes pas du tout déçus de ce tour des Dolomites. Ces montagnes sont vraiment un régal pour les yeux et pour les pieds. Même après 300km dans le massif, il nous reste tant de coins à découvrir. Une chose est sûre : nous retournerons dans ce site classé au patrimoine mondiale de l'UNESCO.
Depuis Sesto, finis les contours de montagnes ou de massifs, c'est plein Est que nous nous dirigerons, avec la Slovénie en ligne de mire. Nous avons alors effectué un peu plus de 1800km depuis notre départ de Monaco. Il devrait nous en rester aux alentours de 400 jusqu'à la capitale slovène. Une seule inconnue demeure : la météo tiendra-t-elle jusqu'à notre arrivée ? Devrons-nous faire face à un début d'hiver précoce ? C'est LA question de ce début d'octobre. Pour l'instant la pluie tombe sur Sesto dans une ambiance relativement tiède. Reste à voir, lorsque nous grimperons sur les hauteurs, si cette relative chaleur nous accompagnera.
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