Nous sommes en février 2022, en plein cœur de la saison des cotisations REER. Charles Fortier ne compte plus les heures passées au bureau pour répondre à l’ensemble de sa clientèle et pour mener son équipe. Il travaille littéralement jour et nuit. Il trouve le temps de passer du bon temps avec les quatre enfants de sa famille et de présider le conseil d’administration du Club de basketball Rouge et Or. Et dans cet horaire de fou, il a la générosité de nous consacrer une longue et généreuse entrevue pour la rédaction de cet article. C’est ça, Charles Fortier.
LES ANNÉES ROUGE ET OR
Originaire d’Amos, en Abitibi-Témiscamingue, Charles Fortier quitte la maison pour jouer son basketball collégial au Collège Montmorency, à Laval. Trois ans plus tard, il passe d’un Laval à un autre, de la ville à l’Université. Après avoir été courtisé par plusieurs universités américaines, Fortier opte pour le Rouge et Or. Il connaissait bien l’entourage de l’équipe, à commencer par l’entraîneur-chef Jacques Paiement.
L’impact de Charles Fortier est immédiat. Bon dernier et absent des séries l’année précédente, le Rouge et Or remporte le premier championnat provincial de son histoire en 2000-2001. Charles Fortier est élu joueur par excellence du circuit dès sa première année. Il mérite aussi le titre de recrue de l’année au Canada.
« Ma première année à l’Université Laval a vraiment été mémorable. Le programme n’avait jamais remporté de championnat et d’être les premiers, c’était très spécial. »
Les trois saisons suivantes, personne ne peut toucher au Rouge et Or, qui soulève les bannières provinciales sans grande inquiétude à chaque année. Les quatre titres consécutifs du Rouge et Or, de 2001 à 2004, représente encore à ce jour la meilleure séquence masculine depuis le début des années 2000 et évidemment, la meilleure performance d’une université francophone dans l’histoire du basketball universitaire.
Lors des cinq saisons de Charles Fortier à l’Université Laval, le Rouge et Or remporte quatre championnats provinciaux en plus de maintenir une fiche totale, saisons et séries incluses, de 74 victoires et 20 défaites. Individuellement, il est élu sur la première équipe d’étoiles du circuit les cinq fois, en plus d’apparaître au second tableau d’honneur canadien à quatre reprises.
Au même moment, Charles Fortier connait du succès sur les bancs d’école. Après son baccalauréat en administration des affaires, il entreprend des études de second cycle en gestion de la croissance des entreprises.
«Depuis longtemps, je savais que je voulais être entrepreneur. J’étais conscient que j’aurais un patron lors de mes premières années sur le marché du travail. Je devais commencer à quelque part. Je respecte beaucoup l’autorité, mais pour aller à ma vitesse, je devais éventuellement être le maître à bord. Je ne voulais pas être ralenti dans mes intentions.»
LA VIE APRÈS LE ROUGE ET OR
Charles Fortier ne fait pas qu’étudier et jouer au basketball à l’Université Laval. Il y travaille également. Il est employé au Service des activités sportives, principalement à l’aréna (oui, il passait la Zamboni!) et lors des camps d’été à l’extérieur. Mais toute bonne chose a une fin.
Après ses cinq années avec le Rouge et Or, Charles Fortier se fait offrir un contrat avec l’équipe de basketball professionnelle de Québec, les Kebs. Un scénario idéal à l’époque, qui lui permettra de partager son horaire avec son premier emploi à temps plein dans une compagnie d’assurances. Une étape fondamentale, qui lui permet de créer des contacts et de gagner en expérience.
Entretemps, son plan de carrière se précise. Sa vision est claire. En 2007, environ trois ans après son départ de l’Université Laval, il fonde sa propre entreprise avec trois associés, Planica, un cabinet de services financiers. Et parce qu’une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, quelques mois plus tard, le nom de Charles Fortier est sur toutes les lèvres. C,est que le sympathique gaillard suscite l’intérêt des Wizards de Washington dans la NBA. Et le plus fascinant dans cette histoire : à cette époque, en 2008, le propriétaire de l’équipe est nulle autre que Michael Jordan. Le plus grand joueur de basketball de l’histoire. L’idole de Charles Fortier. Mais malheureusement, le projet avorte.
La croissance de Planica est fulgurante. L’entreprise, dont la clientèle est très ciblée, se concentre principalement autour des professionnels de la santé. De quatre employés lors de sa création en 2007, Planica emploie maintenant près d’une cinquantaine de personnes. Après une passation des pouvoirs lors de la retraite de deux des associés fondateurs, Charles Fortier devient le président de Planica. Inspiré par les conseils de Serge Cossette en début de carrière, Charles Fortier pilote maintenant son entreprise de main de maître.
« Je me vois comme le capitaine ou l’assistant capitaine de l’équipe. J’ai vécu les cycles normaux d’une entreprise. Au début, tu veux tout contrôler. Puis, en progressant et en prenant de l’ampleur, tu te rends compte que tu dois céder des responsabilités et prendre un peu de recul. »
En l’espace de 10 ans, Planica s’est installé comme l’un des trois ou quatre leaders financiers dans le secteur médical au Québec. « Notre objectif actuellement, c’est de bien consolider notre position. »
Mais, Charles Fortier sans basketball, ça n’existe pas. Il a rencontré sa conjointe grâce au basketball, elle qui a fondée l’École de Mini-Basketball de Québec, puis le programme sport-études en basketball de l’école secondaire de La Seigneurie. Il est l’entraîneur de l’équipe de sa plus jeune, Maèva. Quand il n’est pas blessé (très rarement…!), il joue encore.
« Le basketball c’est ma vie, je dois tellement à ce sport! »
EN CINQ QUESTIONS
Quelle valeur acquise chez le Rouge et Or est la plus précieuse pour toi? La passion.
Un item du Rouge et Or bien en vue dans ton bureau? Je ne suis pas un grand collectionneur... J'ai des souvenirs plein la tête plutôt!
Ce que tu t'ennuie le plus de ta vie d'étudiant-athlète? La vie avec mes coéquipiers. Nous étions des frères.
Ce que tu t'ennuie le moins de ta vie d'étudiant-athlète? Le mal de dos!
Ce qui t'impressionne le plus du basketball en 2022? La manière dont les gars lance le ballon!