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Ascension de la Pointe des Cerces Le tour de la reine de la clarée

Réalisée le 14 juillet 2022

En ce jour de fête nationale et de Tour de France arpentant les cols alpins, une escapade dans le Massif des Cerces s'est révélée avantageuse pour éviter la cohue vers les lacs et sommets relativement faciles d'accès. En effet, ce massif assez reculé par rapport aux grandes villes des Alpes françaises est un petit joyau alpin. Sa géologie et son relief regorgent de petites merveilles qu'il s'agisse de la couleur des lacs, de la roche ou encore des arêtes acérées qui nous surplombent par moment.

A cheval entre la France et l'Italie, le Massif des Cerces est accessible soit par des grands cols routiers tels que le Col du Lautaret ou celui du Galibier soit par des vallées profondes et sauvages telles que la Vallée de la Clarée ou la Vallée Etroite. Autrefois partagé plutôt équitablement entre les territoires français et italiens, les réparations de guerre après 1945 ont conduit l'Italie à céder à la France quelques morceaux du Massif des Cerces. C'est notamment le cas du Mont Chaberton et de son fort ou encore du Mont Thabor et de la Vallée Etroite.

Les années ont passé, c'est maintenant en peuples amis que les Italiens et les Français arpentent ce massif à la recherche des paysages splendides que vallées et sommets peuvent leur offrir.

La Pointe des Cerces, bien que portant le nom du massif, n'est pas le point culminant de ce groupe montagneux. C'est le Grand Galibier 3228m qui détient ce titre. De même, le Mont Thabor 3178m et la Roche Bernaude 3222m surpassent l'altitude pourtant significative de la Pointe des Cerces. Sa position centrale dans le massif expliquant probablement son nom.

L'accès le plus pratiqué et le plus simple pour accéder à la Pointe des Cerces 3097m se situe en contrebas du Col du Galibier, dans le département de la Savoie. Mais ce ne sera pas l'option choisie puisque nous démarrerons de la Vallée de la Clarée, dans le département des Hautes-Alpes. Nous ne nous contenterons pas d'une simple ascension de cette pointe mythique du Massif des Cerces mais nous effectuerons également son tour en reliant six lacs et en franchissant quatre cols.

La Vallée de la Clarée est l'une des dernières vallées françaises avant les Alpes Italiennes, la frontière ne se situant qu'à quelques kilomètres à vol d'oiseau. Depuis Briançon, cette vallée s'enfonce d'une trentaine de kilomètres dans le Massif des Cerces où petits villages de chalets typiquement montagnards côtoient alpages, pinèdes et mélézins. Le départ de la randonnée se situe au fin fond de la vallée, près du Refuge de Laval. Ce parking est accessible en voiture. Or, entre les mois de juillet et aout, un système de navette est mis en place entre le village de Névache et la haute Vallée de la Clarée et ce entre 8h30 et 18h. Il est donc impossible de monter avec son véhicule personnel entre ces horaires-là.

C'est donc tôt que nous partons en direction de la haute Vallée de la Clarée. Les premiers rayons commencent tout juste à frapper les cimes édentées du Massif des Cerces.

Enfin une inscription plutôt drôle dans des toilettes (sèches !)
Dès le départ de la randonnée, la Pointe des Cerces s'impose au centre du panorama. Elle se distingue par sa roche blanche.
On traverse le torrent de la Clarée pour débuter une ascension dans le mélézin.
Avec un départ à 2000m d'altitude, les Mélèzes sont vite remplacés par l'alpage et les premiers pierriers. Au-dessus du sentier, la Pointe des Béraudes se dresse.
Les Roches de Crépin et la Pointe des Béraudes.
Rapidement le Mont Thabor et son Pic apparaissent à l'Est. On devine également la petite chapelle sur le dôme sommital du Mont Thabor.

La premier objectif de ce tour de la Pointe des Cerces est d'atteindre le Lac des Béraudes. Très facile d'accès, une heure suffira pour gravir les 500m de dénivelés qui séparent le parking du lac, c'est également le plus beau lac du massif.

Le calme du cirque du Lac des Béraudes. Pour en apprécier la couleur, il suffit de grimper quelques mètres au-dessus du lac.
Entre deux petites rafales, le reflet dans le lac est quasiment parfait.

Après le Lac des Béraudes, c'est le Col éponyme qu'il faut atteindre et franchir. Il s'agit du point culminant du tour de la Pointe des Cerces (en dehors de l'ascension de celle-ci) puisqu'il culmine à 2781m. Une petite sente dans les pierriers permet un accès relativement simple au col. Il faudra seulement poser les mains sur quelques rochers pour franchir un passage câblé mais rien de bien compliqué. Même les chiens passent !

En direction du Col des Béraudes, tout à gauche de la photo. La Crête de Moutouze plonge dans le Lac.
Le coin est réputé à la fois pour les eaux turquoises de ce lac mais également pour les bouquetins présents en nombre sur les pentes du cirque des Béraudes. Mais ce jour-là pas de chance, aucun capriné ne sortira de sa cachette.
Peu avant le Col des Béraudes, la Pointe des Cerces réapparait. Un accès est possible via cette face mais il est beaucoup plus escarpé puisqu'il faut partir dans le pierrier situé entre la Pointe des Cerces et le Rocher de la Sauma (cime édentée plutôt sombre à gauche de la Pointe).
Plus que 3-4 mètres de câble et le Col est atteint.
Depuis le Col des Béraudes, on se situe entre la Vallée de la Clarée et la Vallée de la Guisane. Face à nous, le Massif des Ecrins où seuls quelques sommets arrivent à se dépêtrer de la nébulosité. La Tête de la Cassille 3069m (à gauche) et le Pic de la Moulinière 3073m (à droite) encerclent le col.
La Grande Ruine et la Meije entourent quant à elles ce pic sans nom.
Dernier regard sur le Lac des Béraudes et le sentier menant à son col.

On s'enfuit de la Vallée de la Clarée en passant côté Guisane. Après quelques dizaines de mètres de descente, c'est une traversée dans les alpages des Cerces qui nous permettra de relier le Col de la Ponsonnière. Marmottes et petits étangs nous accompagneront lors de cette traversée.

Au Col des Béraudes, face au Pic de la Moulinière.
Un dernier petit passage dans le rocher et on commence à dévaler le pierrier avant de retrouver les gradins herbeux.
Les monolithes de roche sont en nombre au niveau du Col des Béraudes.
Vue d'ensemble du Col des Béraudes.
Au début de la traversée vers le Col de la Ponsonnière, deux géants du coin se dévoilent : le Grand Galibier et la Barre des Ecrins.
Les espions du vallon.
Quelques petites marres parsèment notre traversée. Leurs bords sont tapis de Linaigrettes profitant de l'humidité et de la chaleur.
Il y en a d'autres qui sont ravis de ces petits coins de fraicheur.
Le relief du Pic de la Moulière s'impose au-dessus de nous.
La Roche Colombe 2832m tente de surpasser le maitre des lieux : la Barre des Ecrins 4102m.
Le chainon du Grand Galibier (tout à droite) avec Roche Colombe, le Pic de la Ponsonnière, Tête Colombe et le Roc Termier.
Deux nouveaux lacs : le Grand Lac et le Lac de la Ponsonnière.
Le Roc Termier 3078m et son pierrier de roche rosée. Sur sa droite on peut deviner le sentier qui mène au Grand Galibier.
On passe en amont du Lac de la Ponsonnière. Son col n'est plus très loin. Sur l'arrière-plan, la Montagne des Agneaux et ses glaciers résistent aux nuages.
Le Grand lac et le Col de la Ponsonnière. Prochaine objectif : le Lac des Cerces.

Au niveau du Col de la Ponsonnière, on bascule côté savoyard. Pour rejoindre le Lac des Cerces, le sentier descend doucement vers l'alpage du lac avec les deux pointes rocheuses toujours en ligne de mire : le Pic de la Ceinture 2779m et la Pointe de la Fourche 2838m.

Le décor rocheux de la Pointe des Cerces surplombe l'alpage. On ne voit d'ailleurs pas le sommet mais une partie de l'arête sommitale se dessine au centre gauche, au-dessus de l'éboulis.
La Pointe de la Fourche et le Grand Galibier.
Le Lac des Cerces se confond dans l'alpage.
Petite oasis au milieu des Cerces.
Tout comme le Massif des Ecrins, les Aiguilles d'Arves (à gauche) se débattent dans les nuages.

Après une pause déjeuner au Lac des Cerces, un dilemme se pose : baignade ou ascension de la Pointe des Cerces ? Le choix de l'ascension est rapidement pris puisqu'il faut encore gravir 700m de dénivelés positifs pour atteindre les croix sommitales de la Pointe des Cerces. Après un contournement du lac, il faut rejoindre le Col des Cerces (à droite de la photo), point de départ du sentier menant au sommet de la Reine des Cerces.

Le point culminant des Cerces complète l'horizon du Lac.
Après le Col des Cerces, on surplombe le vallon du Lac éponyme. La Pointe des Cerces est maintenant visible à gauche.
L'étonnante forme du Lac des Cerces.
La Barre des Ecrins refait une brève apparition. Puis il faudra atteindre le sommet pour la contempler de nouveau.
Entre Massif des Cerces et Massif des Arves.
Dernier point d'eau avant le désert minéral de la Pointe des Cerces.
Un Gypaète Barbu survole un instant la Crête des Rochers Marions
Malgré l'absence de balisage, le sentier est bien visible dans les pierriers.
Les nuages passent et repassent au-dessus des Cerces. Mais les sommets restent dégagés.
Le sommet approche !
C'est bon ! Ce n'est que sur les derniers mètres que la croix sommitale de la Pointe des Cerces ornée de la maxime de Paul Valéry ''Je vaux ce que je veux'' est visible. L'entièreté du panorama se dévoile et ce, malgré les nuages présents sur les Alpes du Sud notamment.

La citation complète de Paul Valéry est en réalité ''Les esprits valent selon ce qu'ils exigent - Je vaux ce que je veux''. Une maxime qui invite à la méditation une fois la Pointe des Cerces gravie. La persévérance et la volonté étant probablement récompensées au sommet.

Une seconde croix est présente juste à côté. A sa gauche, le Mont Thabor.
Le duo du Thabor depuis la Pointe des Cerces. A sa gauche le Massif de la Vanoise avec la Dent Parrachée.
L'enchainement des Cerces vers le Sud, en direction de Briançon. Au centre, dans l'ombre du nuage, le Col des Béraudes que nous avons franchi quelques heures plus tôt.
Les géants du Massif des Ecrins sont bien visibles depuis le sommet malgré la nébulosité.
Plongeon sur la Vallée de la Clarée. Un orage semble se former au-dessus du Massif du Queyras.
En direction du Massif des Arves.

Une petite boucle sera réalisée sur la partie sommitale de la Pointe des Cerces. On se dirigera vers l'antécime via le petit sentier qui suit l'arête sur la gauche de la photo pour ensuite suivre le cheminement de l'arête au-dessus du névé central. On retrouvera le sentier initial vers la fin du goulet rocheux. Cette variante permet d'apercevoir les différentes teintes de roches qui composent la face Sud et Ouest de la Pointe des Cerces.

Quelques rafales de vent rafraichissent l'atmosphère au sommet.
Le ravin dégringolant vers le vallon du Lac des Cerces est strié de différentes roches par endroit rose pâle mais aussi vert pâle, blanche ou noire.
Au niveau de l'antécime, on plonge vers le vallon du sorcier. C'est ici que l'on débouche du pierrier si l'on veut tenter l'ascension de la Pointe des Cerces par sa face Sud.
Le ravin coloré de la Pointe des Cerces, en contrebas de la Roche de la Sauma à gauche. Quelques bouquetins s'y cachent.
Un petit air de la Montagne Arc-en-Ciel !
La roche est extrêmement friable, un simple coup de vent peut faire dévaler de petites dalles.
Au bout de l'arête, les différentes strates de roches sont bien visibles.
Entre l'Antécime et la Roche de la Sauma, quelques sommets des Ecrins : la Montagne des Agneaux, le Pic Sans Nom, Ailefroide, la Roche Faurio, la Barre des Ecrins et le Dôme de Neige des Ecrins.
Un dernier regard vers le dôme sommital de la Pointe des Cerces. Le sentier menant à sa cime se devine plutôt bien dans le pierrier. A gauche, le Mont Thabor bronze.
Quelqu'un profite des petites rafales pour virevolter au-dessus des Cerces. L'arrière-plan est fait des plus hauts sommets du Massif des Arves entre l'Aiguille du Goléon et l'Aiguille de l'Epaisseur.

Il est temps de redescendre vers le Col des Cerces. Le circuit est loin d'être terminé puisqu'il nous faut retrouver la Vallée de la Clarée dans les Hautes-Alpes. Le sentier descend progressivement vers cette vallée, sans aucune difficulté technique si ce n'est un petit peu de distance à parcourir.

En direction du Col des Cerces.
Il y en a une qui languit la marre après le pierrier.
Après le Col des Cerces, on passe près de deux nouveaux lacs : le Lac du Grand Ban (très asséché) et le Lac Rond (pas très rond).
Le Lac Rond. A sa droite, entre la fin du pierrier et les gradins herbeux, se situe le Seuil des Rochilles, dernier col à franchir avant de basculer du côté des Hautes Alpes et de la Clarée.
Le Lac Rond dominé par les Crêtes de la Blanche.

Au niveau du Seuil des Rochilles, de nombreuses fortifications militaires se cachent dans les pentes du col. Signes des relations tendues entre les deux pays - la France et l'Italie - avant la fin de la Seconde Guerre mondiale. Construit entre 1931 et 1939 et inachevé, l'ouvrage des Rochilles faisait partie de la Ligne Maginot, protégeant les frontières de l'Est de la France, notamment des Allemands et des Italiens. Ici, il s'agit de la partie alpine de la Ligne Maginot. Ce complexe militaire permettait l'interdiction du franchissement du col reliant la Vallée de la Maurienne et la Vallée de la Clarée en direction de Briançon. Plus d'une cinquantaine d'hommes pouvait y être postés.

Dernier lac de notre parcours : le Lac de la Clarée. Il s'agit de la source du torrent de la Clarée. Source qui est souterraine puisqu'aucun ruisseau ne vient alimenter le lac depuis la surface.
La descente se poursuit en direction du Refuge des Drayères, dernier point de passage avant le parking du Refuge de Laval.
Le Refuge des Drayères et la Vallée de la Clarée. Ce refuge est également un point de départ possible pour l'ascension du Mont Thabor.

Plus que deux kilomètres et demi de piste entre alpages et mélézins puis nous terminons ce circuit autour de la Pointe des Cerces. Ce tour côtoie tous les espaces de la haute montagne : des forêts de conifères en passant par les pierriers, les alpages, les lacs et les sommets à plus de 3000m. Une vingtaine de kilomètres entre Hautes-Alpes et Savoie qui vous feront découvrir les spécificités du Massif des Cerces.

A notre terminus, le soleil domine la Pointe des Cerces et les Roches de Crépin.
Une sieste est maintenant bien méritée !

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ITINÉRAIRE DE LA RANDONNÉE :

Created By
Nicolas Thiers
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