Loading

Périple de 3 jours en Haute Vallée de la Romanche Face aux géants du parc national des Écrins

Réalisée du 03 au 05 juillet 2020

Jour 1 : Le Départ pour le Plateau d'Emparis

C'est sous un ciel peu attrayant et une certaine fraîcheur que nous entamons notre week-end randonnée en direction de la vallée de La Grave, aux portes du département des Hautes-Alpes. Région charnière entre les Alpes du Nord et les Alpes du Sud. Les sacs sont lourds, mais les perspectives de paysages à couper le souffle tout au long de notre aventure nous font vite supporter les 10 à 15 kilos que nous porterons au fil des sentiers.

Départ du hameau du Chazelet à 1730m d'altitude, au-dessus du village de La Grave. Nous empruntons le GR54 (le Tour de l'Oisans et des Écrins) pour atteindre le Lac Lérié

17h30, c'est l'heure à laquelle nous débutons la première étape de notre randonnée itinérante. Une heure tardive qui nous a permis de profiter pleinement des grands espaces du Plateau d'Emparis sans croiser d'autres randonneurs. Une solitude seulement atténuée par un troupeau de moutons avec ses chiens de berger, les cris stridents des marmottes présentes en nombre sur le plateau ou encore un renard revenant avec son festin mais trop rapide pour avoir le temps de dégainer l'appareil photo.

On aperçoit, lors de la montée, notre objectif du lendemain : le Pic du Mas de la Grave emmitouflé dans les nuages
Les nuages sont tenaces sur les contreforts du massif des Écrins, cachant glaciers et sommets. La vue grandiose attendra le lendemain.
Nous réussissons tout de même à apercevoir par moment le sommet de la Meije qui culmine à 3983m. Sommet mythique du massif des Écrins et des Alpes Françaises.

Ce week end randonnée est un peu particulier puisque c'est notre première expérience du bivouac. Nous avons choisi un des plus beaux endroits pour cette première. A condition que les nuages s'en aillent. Patience !

Après une courte montée de 2h, nous arrivons au Lac Lérié 2375m où nous allons passer la nuit dans l'espoir de se réveiller sous un ciel dégagé. Déjà, les nuages semblent s'éparpiller davantage.
Aucun voisin malgré la célébrité du coin. Le temps nuageux a été notre allié.
La température ne fait que descendre au fil des minutes qui passent et la tente ne nous protège que du vent. La bière est tout de même au frais dans les eaux du lac.
SURPRISE ! un rapide regard à l'extérieur de la tente nous permet de contempler le lever de la Lune au dessus du Râteau (au centre). La Meije (à droite) et le Dôme de la Lauze (à gauche) sont aussi de la partie.
La Lune flirte avec le Râteau

Le réveil s'annonce difficile, aux alentours de 4h50, pour espérer voir le lever du soleil sur ces montagnes. La contemplation du ciel étoilé a déjà été contrainte par cette apparition inattendue de la Lune. Habillés d'au moins 4 couches sans compter le duvet, nous entamons notre première nuit. A demain !

Jour 2 : La traversée du Plateau d'Emparis et l'ascension du Pic du Mas de la Grave

La nuit fut (très) courte et (très) fraîche. C'est dans ce genre de situation que l'on se rend vite compte qu'un bon équipement est très utile pour les aventures en milieu montagnard. Mais les yeux s'ouvrent rapidement une fois la tête en dehors de la tente.

Pas un nuage ! Les premières lueurs du jour sont là, décalquant parfaitement les contours des montagnes. A droite on aperçoit ainsi les Aiguilles de la Saussaz et l'Aiguille du Goléon. Mais c'est de l'autre côté que la vue est la plus impressionnante.
La Meije et la Râteau se reflètent quasi parfaitement dans le Lac Lérié.

Nous attendons patiemment les premiers rayons de soleil effleurant les cimes de ces montagnes ainsi que nos cernes, signes d'une nuit peu reposante.

La Meije est la première à profiter des rayons du soleil
Le Râteau est en feu quelques minutes plus tard
Le Dôme de la Lauze et son glacier. On aperçoit l'arrivée du téléphérique de La Grave sur la crête à gauche.
Le spectacle est au rendez-vous avec les rayons de soleil traversant de toute part la Vallée de la Haute Romanche.
Un chamois reste aussi émerveillé que nous devant cette vue.

Après plusieurs minutes d'émerveillement, il nous faut plier bagage et entamer l'étape du jour : l'ascension du Pic du Mas de la Grave 3020m. Cette randonnée commence par la traversée du Plateau d'Emparis. Composé de vastes plaines et jonché de quelques lacs, ce plateau est un paradis en toute saison, faisant parfois penser aux steppes mongoles.

On débute par un dernier regard sur le Lac Lérié avant de se diriger vers le Lac Noir un peu plus loin.

Paysage rectiligne
Le Lac Lérié face au Dôme de la Lauze
Le Lac Noir apparait ! avec le Massif des Grandes Rousses en arrière-plan
Après le Lac Noir et le Col du Souchet, il nous faut grimper les pentes herbeuses du Petit et Gros Têt, deux bosses situées au milieu du plateau. On se rend compte peu à peu de l'immensité des lieux avec un panorama nous amenant du Dôme de la Lauze (à gauche) au massif du Taillefer (à droite) en passant la Roche de la Muzelle et le Rochail.
Petit regard en arrière
L'objectif du jour se montre peu à peu avec sa roche noire contrastant avec les plateaux verdoyants et les quelques névés fondant chaque jour un peu plus
Le Pic du Mas de la Grave vu depuis le sommet du Gros Têt. On aperçoit l'itinéraire du retour au niveau du talweg de la vallée

Le Plateau d'Emparis est encerclé par différents blocs montagneux : les contreforts du massif des Ecrins au Sud, le massif des Grandes Rousses à l'Ouest, le massif des Arves à l'Est et le Pic du Mas de la Grave à son extrémité Nord. Cette position géographique alliée à l'étendue du plateau renforcent donc la sensation de l'immensité des montagnes environnantes.

On se sent tout petit face à ces blocs de roche et de glace
La cime édentée du Râteau nous surveille tout au long de notre traversée
De nouveaux géants apparaissent sur le trajet, ici les Aiguilles d'Arves 3514m
Le Pic Bayle 3465m (à gauche) et le Pic de l'Etendard 3464m (à droite)
Une longue traversée nous conduit au pied du Pic du Mas de la Grave, une rude montée de 700m de dénivelés nous attend
Cette ascension commence par des alpages relativement doux où la flore alpine foisonne
L'Edelweiss est la plante alpine par excellence, plutôt rare et présente dans un environnement de haute montagne difficile d'accès
Aux alpages herbeux succèdent les pentes rocailleuses. L'inclinaison est plus forte mais l'antécime se rapproche
L'environnement devient lunaire avec des dalles de schiste et une montagne qui s'effrite au gré des intempéries
Un regard en arrière nous fait nous rendre compte du chemin parcouru. Le Lac Lérié se situe à l'extrémité du plateau sur la gauche sous la partie du glacier qui n'est pas cachée par le nuage
Le sommet est enfin devant nous ! La fatigue est pesante, tout comme nos sacs à dos. Une nuit trop courte a eu raison de nous.

Premier 3000 de la saison atteint tant bien que mal. Un panorama époustouflant se dévoile à 360 degrés. Le temps de contempler quelques instants et de manger un bout avant la longue descente jusqu'au fond de la vallée.

Les Aiguilles d'Arves et les Aiguilles de la Saussaz depuis le sommet
Sur l'arête sommitale, à gauche les Hautes-Alpes, à droite l'Isère

Bref passage dans cet environnement minéral, nous retournons dans les contrées vertes où nous en prenons encore plein les yeux (et les jambes et les épaules).

Carte postale des Alpes
Petit selfie sur la route
Dernier clin d'oeil sur le sommet avec les encouragements de notre compagnon de route

Un ravitaillement au village de La Grave s'impose pour les repas du reste du week-end. Ensuite, nos péripéties nous amènent au bord du Lac du Pontet où nous allons passer la nuit.

La Meije, son glacier et ses séracs depuis le fond de la vallée
Installés, nous profitons des derniers rayons du soleil sur les pics du massif des Écrins depuis le Lac du Pontet. Ce lac est accessible après quelques minutes de marche seulement depuis la route.

Le coucher de soleil sera l'apothéose de cette journée exténuante. Demain s'annonce moins fatigant mais tout aussi splendide : nous allons entrer au coeur du Parc National des Écrins pour nous diriger vers le cirque d'Arsine.

La vallée s'enflamme

Jour 3 : Montée au Lac du Glacier d'Arsine

La nuit sera plus douce que la précédente : moins froide et plus d'heures de sommeil. Mais le spectacle du réveil sera tout aussi magnifique.

Le Pic Gaspard à gauche, la Meije au centre et le Râteau à droite
Notre étape du jour va nous conduire au fond de la vallée quasiment au centre de la photo

Le changement d'environnement est bien perceptible : passage de hauts plateaux herbeux et vastes à des vallées encaissées et surplombées de falaises et de pics montagneux imposants.

Départ non loin du village de Villar d'Arêne. De l'autre côté de la vallée, on aperçoit sur la gauche le Pic du Mas de la Grave au loin
La Grande Ruine s'impose entre les deux vallées : celle du Pavé qui part à droite et celle des sources de la Romanche qui se dirige vers la gauche
En direction du col d'Arsine, les contrastes sont saisissants : le blanc des glaciers et des neiges éternelles, le noir et le gris de la roche, le vert des alpages parsemés de fleurs de toutes les couleurs
Le Parc National des Ecrins est délimité par ces drapeaux présents tout le long de sa frontière

Le vallon d'Arsine a la particularité d'abriter un nombre incalculable de marmottes, dont certaines sont peu farouches.

Il y en a qui font même bronzette sur le bord du sentier

Là encore les milieux naturels se succèdent : après les fonds de vallées herbeux nous arrivons sur des espaces rocheux et notamment la moraine du glacier d'Arsine où rares sont les plantes qui arrivent à se développer.

Dernière montée depuis le Col d'Arsine avant d'atteindre le lac du même nom. La transition entre Alpes du Nord et Alpes du Sud est de plus en plus visible avec des versants montagneux plus secs
Arrivée au Lac du Glacier d'Arsine et son cirque dominé par la Montagne des Agneaux 3664m
Joubarbe des montagnes
Ce lac est atypique puisqu'il est double et a une teinte différente en fonction du côté du lac. C'est le résultat de la fonte du glacier qu'on aperçoit à peine au dessus. Le glacier est mourant et est majoritairement sous la roche qu'il pousse lui même sur sa surface et devant lui

Attirés par le glacier, nous décidons de nous en approcher. Le sol est instable, des rochers chutent constamment soit du fait de la fonte du glacier soit du fait de ses mouvements. Ce glacier, comme le reste des glaciers du massif des Ecrins, sont les témoins et les victimes du réchauffement climatique. Le glacier d'Arsine fond à vue d'oeil : une surface ruisselante, des rochers glissants sans discontinu dans un fracas qui raisonne au coeur de cette cuvette glaciaire. Le côté du lac d'apparence verdâtre est d'ailleurs apparu récemment.

Hors sentier
Sur les cicatrices du glacier
Plus l'altitude augmente, plus les glaciers font de la résistance, à l'image de ce glacier suspendu. Mais la bataille semble déjà perdue d'avance quelque soit l'altitude...
De ce point de vue, le cirque a une toute autre allure. Il ressemble sûrement à ce que les Alpes seront une fois les glaciers et les neiges éternelles disparus

C'est en ayant les yeux remplis de paysages magnifiques, la tête pleine de souvenirs inoubliables et les jambes bien fatiguées que nous entamons l'ultime descente vers la voiture. Nous emprunterons le même itinéraire qu'à la montée.

Dernier regard en arrière
Dernière rencontre
Dernier regard vers les sommets
Une expédition réalisée par Estebane et Nicolas. Deux hurluberlus pressés de réitérer l'expérience dans un autre coin des Alpes !

_______________________________________________________________

ITINÉRAIRE DE LA RANDONNÉE :

Étape 1 et 2 : La traversée du Plateau d'Emparis et l'ascension du Pic du Mas de la Grave

Étape 3 : Le Lac du Glacier d'Arsine

Created By
Nicolas Thiers
Appreciate