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La permaculture est une promesse de paix et de sécurité alimentaire pour deux communautés Congolaises

Dans la province occidentale de Mai-Ndombe en République démocratique du Congo (RDC) se trouvent deux villages proches, Loile et Mpaaha. Les villages abritent la communauté indigène Batwa, qui sont des chasseurs-cueilleurs et la communauté bantoue qui sont des agriculteurs locaux. Bien que culturellement distinctes avec des valeurs et des pratiques très disparates, ces communautés n'ont jamais marqué leurs frontières territoriales.

Les communautés locales et autochtones de la RDC, comme beaucoup d’autres, sont connues pour leurs liens intimes avec les forêts en tant que source de leurs maisons, de leurs moyens de subsistance, de leurs médicaments et de leurs pratiques spirituelles. Leurs propres systèmes de droits fonciers ont permis aux communautés de coexister pacifiquement pendant des générations. Au cours des dernières décennies, cependant, les risques naturels induits par le changement climatique et la perte de biodiversité due à la déforestation à l'échelle industrielle ont contribué aux tensions entre les communautés Batwa et Bantou. De plus, le déclin de l’économie de la RDC et une bataille redoutable contre le virus Ebola ont conduit à une insécurité alimentaire croissante dans tout le pays avec des impacts importants sur ces communautés déjà vulnérables. L'apparition de la pandémie de COVID-19 a maintenant aggravé le problème et aujourd'hui, environ 21,8 millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë. Une augmentation drastique par rapport à l'estimation de 2019 de 15,6 millions (FAO).

M. Patrick Saidi Hemedi, un expert des droits et des problèmes des peuples autochtones en RDC, estime que la permaculture peut apporter des solutions à l’avenir. M. Hemedi a participé au trilogue virtuel régional Afrique francophone de BES-Net de novembre 2020 avec plus de 60 participants de sept pays, échangeant leur expertise et leurs expériences sur les questions de perte de biodiversité, de dégradation des terres et d'insécurité alimentaire parmi les peuples autochtones et les communautés locales.

M. Hemedi est le coordonnateur de la Dynamique des Groupes des Peuples Autochtones (DGPA), un réseau d'environ 45 organisations, y compris des groupes de peuples autochtones des forêts qui travaillent pour garantir les droits des peuples autochtones, comme aussi améliorer la reconnaissance du rôle qu'ils jouent dans la protection des forêts et de la biodiversité associée. Au cours des dernières années et à travers la pandémie, M. Hemedi a vu comment la régénération des terres peut transformer les conflits en paix entre les deux communautés. M. Hemedi a raconté qu'il était arrivé pour la première fois sur le site où les communautés Batwa et Bantou se sont croisés en 2012. Il se souvient avoir trouvé des champs de jachère abandonnés et des preuves de pratiques de «brûlis» parmi d'autres tentatives infructueuses de la communauté de chasseurs-cueilleurs Batwa pour imiter le Pratiques des agriculteurs bantous.

«Il y avait un manque de diversité dans les produits agricoles et une grave pénurie de nourriture», se souvient M. Hemedi.

M. Hemedi note: «L'absence d'une vision partagée sur une relation durable avec les terres et les ressources naturelles qu'elles contiennent, conduisait à de plus grands conflits entre les communautés». Une pratique d'agriculture régénérative centrée sur la communauté appelée «permaculture» offre aux communautés une voie à suivre. La permaculture est une approche de pensée systémique pour construire des écosystèmes plus durables qui repose sur des pratiques telles que la réintroduction d'espèces indigènes et le renforcement de la résilience des communautés.

M. Hemedi et son équipe à la DGPA ont commencé par présenter les principes aux communautés. Ensemble, ils ont identifié les besoins agricoles des communautés et cartographié la zone pour la planification agricole selon le calendrier saisonnier. Ils ont introduit des parterres de fleurs pour retenir l'eau de pluie, ce qui a également facilité la production de légumineuses et de tubercules tels que l'igname et la patate douce. Puis ils ont commencé à reboiser avec des arbres fruitiers tout en profitant de l'ombre pour la culture des champignons, «un aliment préféré des peuples autochtones Batwa», ajoute M. Hemedi. Les zones de jachère ont été revalorisées avec des arbres fruitiers et la communauté pratique désormais la permaculture avec une bonne politique de planification et d'utilisation des terres agricoles.

Cela fait près d'une décennie que M. Hemedi et la DGPA ont commencé à travailler avec les Batwas et les Bantous. Aujourd'hui, le site partagé par les deux communautés est organisé par de vastes champs de production, des forêts luxuriantes, de nombreux sites sacrés préservés, et dispose même d'un centre de santé local partagé, récemment créé. Rétrospectivement, M. Hemedi déclare que «la permaculture était un choix judicieux parce que l’approche cadrait bien avec la philosophie des communautés de préserver la forêt, qui est leur mère nourricière». M. Hemedi a expliqué que l'organisation avait pris des mesures pour assurer à la fois la pertinence culturelle et la durabilité du projet. «La DGPA a formé les membres de la communauté en tenant compte de leur culture et des connaissances autochtones afin qu'ils soient en mesure de mettre en œuvre ces activités eux-mêmes». M. Hemedi note que «le surplus des produits recueillis est divisé; une partie de la récolte contribue aux paiements dans les greniers communautaires garantissant que les semences sont disponibles pour distribution aux autres membres de la communauté. Alors que le reste est destiné à la vente, assurant un moyen aux nécessités telles que la nourriture, les soins de santé et la scolarisation ».

Cet effort a renforcé la collaboration entre les Batwas et les Bantous, augmenté les rendements agricoles et pourrait très bien présenter une solution solide pour aider à surmonter ces crises en cours. Le soutien constant de la DGPA a maintenant conduit à l’inscription des questions relatives aux connaissances et aux droits traditionnels des peuples autochtones dans une loi récemment adoptée par l’Assemblée Nationale. Cette loi représente un jalon incroyable dans les efforts des défenseurs comme Mr. Hemedi e DGPA. Utiliser la nature comme moyen de briser les barrières et d'unir les communautés dans une mission partagée offre des leçons utiles pour les pays du monde entier.

«Ils en sont venus à dépendre les uns des autres pour une meilleure nutrition et pour renforcer le pouvoir économique de tous les ménages », signe M. Hemedi.

Credits:

Feature image: An aerial image of the site in Democratic Republic of Congo’s province of Mai-Ndombe, where DGPA is implementing permaculture practices with two communities (credit: DGPA, Synchronicity Earth, and Chris Scarffe). Image courtesy of Dynamique des Groupes des Peuples Autochtones (DGPA) Image courtesy of Dynamique des Groupes des Peuples Autochtones (DGPA) Image courtesy of Mr. Patrick Hemedi Image courtesy of Dynamique des Groupes des Peuples Autochtones (DGPA) Kudra_Abdulaziz on Pixabay Image courtesy of Dynamique des Groupes des Peuples Autochtones (DGPA) Forest Service, USDA, Public domain, via Wikimedia Commons

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