En France, tous les territoires et tous les milieux (terrestre, aquatique, maritime) sont désormais impactés par les espèces exotiques envahissantes. Souvent favorisée par le réchauffement climatique, leur expansion représente une menace pour la biodiversité locale, mais aussi pour certaines activités économiques, voire pour notre santé. Dans les Alpes-Maritimes, plusieurs de ces espèces sont préoccupantes. Parmi elles, la perruche à collier, le frelon asiatique, la tortue de Floride, le figuier de barbarie, ou encore le désormais célèbre écureuil de Pallas.
L’écureuil de Pallas est originaire d’Asie du sud-est. Il a été introduit sur le cap d’Antibes dans les années 1960, sans doute par un particulier ayant ramené quelques spécimens après un voyage à l'étranger. Depuis, il s'est acclimaté, s'est reproduit et a colonisé peu à peu ce nouveau territoire.
Impacts sur la biodiversité
La présence en forte densité de l’écureuil de Pallas peut devenir très problématique pour les espèces locales, en particulier pour l’écureuil roux, avec lequel il est susceptible d'entrer en compétition pour l’habitat et les ressources alimentaires. Le rongeur provoque également d’importants dégâts sur les essences forestières dont il consomme l’écorce.
« Quand les écureuils de Pallas trouvent une ressource, ils l’épuisent. Et ils mangent tout, même les noix de cyprès ! Ils profitent aussi de la présence de nombreuses plantes exotiques dans les jardins privés : kakis, grenades, kumquats…»
Alexandre Viguier, technicien supérieur de l’environnement et référent régional espèces exotiques envahissantes, Office français de la biodiversité (OFB).
Impacts sur les cultures maraîchères
Particulièrement vorace, l’écureuil de Pallas est aussi un grand amateur de fruits. De tous les fruits, mêmes les agrumes. Plusieurs maraîchers en font l’amère expérience sur leurs exploitations, perdant jusqu’à la moitié de leur récolte. Et, quand il n’y a plus de fruits, l’écureuil s’attaque aux arbres eux-mêmes. Le coût économique peut être considérable.
Impacts sur les équipements
Présent en milieu urbain, l’écureuil de Pallas ne passe pas inaperçu, là non plus. Il ronge les fils téléphoniques, les câbles de panneaux photovoltaïques ou de voitures électriques, les structures en bois des habitations… Rien ne lui résiste ! Sans parler de ses cris stridents qui incommodent les riverains.
« Ici, l’écureuil de Pallas a pris ses quartiers depuis longtemps, mais on constate une explosion du nombre d’individus depuis 2 ou 3 ans. Ils rongent les tuyaux d’arrosage, à la recherche d’eau, ils abîment les arbres et font du bruit toute la journée ! Le problème est devenu ingérable. »
Alexandre Dusfour, président de l'association syndicale libre des propriétaires de Mougins-le-Haut.
En 2011, le ministère en charge de l’Écologie lance un plan national de lutte contre l’écureuil de Pallas, piloté par l’Office français de la biodiversité (OFB). L’objectif est de ralentir, voir réduire, l'expansion de la population, tout en améliorant les connaissances sur sa biologie et d’évaluer ses interactions avec les espèces locales, notamment l’écureuil roux.
Ainsi, des opérations de prélèvement sélectif (tir et piégeage) sont régulièrement organisées par l’OFB, avec une grande rigueur. Il s’agit aussi de mettre fin aux initiatives de particuliers, exaspérés par le rongeur, qui cherchent à l’éliminer par leurs propres moyens, y compris par empoisonnement avec des conséquences pour beaucoup d'animaux.
Des actions d’information et de communication sont également mises en place auprès des collectivités territoriales et du grand public. L’effort se poursuit afin d’entraîner l’adhésion du plus grand nombre au plan de lutte et de convaincre les particuliers de ne pas nourrir les écureuils dans les parcs urbains ou dans leurs propriétés.
Dans les Alpes-Maritimes, limiter l’extension de l’écureuil de Pallas, en empêchant l’installation de nouveaux noyaux de population, est plus que jamais un enjeu majeur.
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