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16Minutes - n°2 SEMAINE 2 - SIF 2022

Connaissez-vous le Rigi?

Le Rigi, cette montagne qui culmine à plus de 1797 mètres, est malheureusement bien méconnue de la population romande. Pourtant, elle fait partie des attractions touristiques sur le sol helvétique et prend place dans notre région d’engagement sur l’exercice “PILUM”. Afin de vous permettre d’en apprendre plus sur cette montagne mythique, nous avons décidé de vous dévoiler notre petit coup de cœur de la semaine. Laissez-nous vous raconter son histoire !

La fameuse «reine des montagnes» est idéalement située entre le lac des Quatre-Cantons, celui de Zoug et de Lauerz (Schwyz). À plus de 1797 mètres de hauteurs et malgré un froid plus que présent en hiver, les nombreux visiteurs annuels ont au moins le droit à un panorama époustouflant sur les Alpes valaisannes ainsi que sur le plateau helvétique en direction du nord.

Malgré une méconnaissance au sein de son propre pays, le Rigi jouit d’une renommée internationale. Dès le 18ème siècle, déjà les visiteurs affluaient de toute l’Europe à la recherche de cette montagne pionnière dans le tourisme alpin. La reine d’Angleterre Victoria s’y faisait par ailleurs monter en chaise à porteurs, cette fameuse cabine munie de brancards et portée à bras d’hommes. D’autres personnalités connues entreprirent l’ascension de la montagne. Ce fut le cas en 1775, lors de la venue du jeune poète allemand Goethe ou encore en 1839 avec Victor Hugo qui raconte dans une lettre à sa femme sa montée du Rigi puis 1 an plus tard avec la venue du peintre britannique, William Thurner, qui peint plusieurs vues du lac de Lucerne et du Rigi.

Le Rigi noir : Le Lac de Lucerne montrant le Rigi au lever du soleil, William Thurner, 1842 Collection privée

Tourisme : Dans une volonté d’augmenter son attrait touristique, de multiples maisons thermales et hôtels mondains prirent place sur les flancs de la montagne, que ce soit à Kaltbad, au Rigi Kulm ou à la Scheidegg. Les promoteurs ne s’arrêtèrent pas là, car de cette expansion naît désormais un besoin d’apporter les civils de manière plus rapide et avec une meilleure capacité. En 1871, la ligne Vitznau-Rigi sort du sol et peut se targuer d’être le premier chemin de fer de montagne d’Europe. S’en suit quatre ans plus tard, la ligne ferroviaire Arth-Rigi permettant alors grâce à ces deux nouveautés de sonner l’avènement du tourisme de masse moderne. Désormais, c’est au travers de nouveaux trains et d’un téléphérique au départ de Weggis que les plus de 600'000 visiteurs, chaque année, montent en haut de cette montagne.

"PILUM": C’est sur cette montagne que s’est établie une section de la compagnie 12 du bataillon d’ondes dirigées 16. Menés par le premier-lieutenant Corazza et le lieutenant Calvani, une vingtaine d’hommes sont engagés depuis vendredi passé jusqu’au mardi 29 novembre sur cet emplacement. Cette position est relativement stratégique puisque, située à 1800 mètres d’altitude, elle permet d’avoir une vue plongeante sur le reste du plateau helvétique. Sur le sommet, ce nœud a pour but de multiplier les liaisons, et ce, afin de garantir la redondance du réseau. Même s’ils ont fait face à une météo des plus capricieuses et à divers défis logistiques, surtout lors de la phase de montage, la section est parvenue tout de même à remplir sa mission, comme nous l’explique le sergent Guggisberg: «L'acheminement du matériel (NDLR: par train à crémaillère) de la gare de Vitznau jusqu'au sommet (Rigi Kulm) constituait le plus grand défi de cet engagement et le blizzard du premier jour de montage n'a pas aidé». En effet, à peine arrivés au sommet, c’est un brouillard épais et le froid glacial qui remplacèrent le défi technique. «L'acheminement du matériel sur la route gelée, les constructions de ligne ainsi que les branchements sur les antennes sont plus compliqués dans les conditions météo qu'on a eu, ce qui a engendré un léger retard», explique le sergent Guggisberg. Les conditions météorologiques sont donc un certain défi pour une troupe lors de la construction de son emplacement, cependant il est vital pour un nœud de s’installer en haut de la montagne, malgré le froid et le brouillard. Voici pourquoi: «en tant que nœud, nous avons besoin d'être en altitude afin d'avoir le point de vue le plus large possible. Certes les conditions météo sont difficiles, mais sans l'altitude il est difficile de s'aligner avec le reste du bataillon pour monter un réseau». Le soldat doit donc faire face à n’importe quelle difficulté ou condition météo, il va alors s’adapter afin que le réseau fonctionne à 100%.

« Sur le Rigi, on devient statue. L’émotion est immense. C’est que la mémoire n’est pas moins occupée que le regard, c’est que la pensée n’est pas moins occupée que la mémoire. Ce n’est pas seulement un segment du globe qu’on a sous les yeux, c’est aussi un segment de l’histoire. Le touriste y vient chercher un point de vue ; le penseur y trouve un livre immense où chaque rocher est une lettre, où chaque lac est une phrase, où chaque village est un accent, et d’où sortent pêle-mêle comme une fumée deux mille ans de souvenirs. » Victor Hugo, Lettre à Adèle, 1839.

“PILUM”, qu’est-ce que c’est ?

Après “RHODANUS” en 2021, voici “PILUM” pour 2022. Une seconde année consécutive d’engagement pour notre bataillon, c’est bien beau mais concrètement quel est le but de cet exercice et surtout pourquoi sommes-nous mobilisés ?

Cette année, ce seront plus de cinq mille militaires suisses qui seront engagés du 18 au 29 novembre dans les cantons de Berne, Soleure, Argovie, Lucerne et Zurich. Cet exercice d’ensemble de troupes regroupe le bataillon d’état-major des forces terrestres 20, le bataillon d’exploration 11, le bataillon de sapeurs de chars 11, le bataillon d’état-major de la brigade mécanisée 11, le bataillon de chars 13, le bataillon logistique 51 ainsi que le service de renseignement militaire. De plus, le groupe guerre électronique 51 et le bataillon d’ondes dirigées 16 sont également engagés afin d’assurer le bon déroulement de l’exercice.

Depuis plus de deux années, l’armée planifie cet exercice qui permettra à la brigade mécanisée 11 d’entraîner l’interaction entre ses différents corps de troupe en vue d’un développement des forces terrestres de notre pays. Il faut remonter à 2006 avec l’exercice “ZEUS” pour voir pareil exercice en termes de logistiques et d’hommes.

“PILUM” permettra surtout à l’armée de vérifier l’interaction entre les différentes composantes d’une brigade mécanisée. Il s’agira également d’évaluer la capacité à défendre le pays et ses habitants en cas de conflit armé, y compris au sol. Cet exercice fournira alors des enseignements sur la situation actuelle des forces terrestres et sur la manière dont elles doivent évoluer à l’avenir.

"PILUM", was ist das ?

Nach der Übung “RHODANUS” im Jahr 2021 folgt im Jahr 2022 die Übung “PILUM”. Seltsame Namen für die Einsätze von unserem Bataillon. Was ist konkret der Zweck dieser Übung und vor allem, warum werden wir mobilisiert?

Dieses Jahr werden mehr als 5'000 Schweizer Soldaten vom 22. bis 29. November in den Kantonen Bern, Solothurn, Aargau, Luzern und Zürich im Einsatz sein. Diese Truppenverbundsübung umfasst vier mechanisierte Bataillone, ein Logistikbataillon und eine Gebirgsinfanteriekompanie. Darüber hinaus wurden auch die Elektronische Kriegführung Abteilung 51 und das Richtstrahlbataillon 16 mobilisiert, um einen reibungslosen Ablauf der Übung zu gewährleisten.

Über zwei Jahre lang plante die Armee diese Übung, die es der mechanisierten Brigade 11 ermöglichen sollte, das Zusammenspiel der verschiedenen Truppenteile im Hinblick auf die Entwicklung der Landstreitkräfte unseres Landes zu trainieren. Eine derartige Übung in Bezug auf Logistik und Personal gab es das letzte Mal im Jahr 2006 mit der Übung “ZEUS”.

“PILUM" wird es der Armee vor allem ermöglichen, das Zusammenspiel der verschiedenen Komponenten einer mechanisierten Brigade zu überprüfen. Außerdem wird es darum gehen, die Fähigkeit zu beurteilen, das Land und seine Einwohner im Falle eines bewaffneten Konflikts auch am Boden zu verteidigen. Die Übung wird dann Erkenntnisse darüber liefern, wo das Heer heute steht und wie es sich in Zukunft entwickeln soll - im Anschluss an den Bericht "Zukunft der Bodentruppen", der im Mai 2019 vom Bundesrat verabschiedet wurde.

FORCHDENKMAL

Le 30 novembre prochain, le lt col Roger Haupt prononcera ses derniers mots aux soldats du bataillon d'ondes dirigées 16. Il quittera en effet à la fin de l'année ses fonctions de commandant de bataillon, après plus de 4 années de service en tant que chef de l’état-major puis quatre autres années comme commandant de bataillon. Pour cette dernière remise de l'étendard, le lt col Haupt a choisi un lieu empreint d'histoire, le Forchendenkmal.

Œuvre de l'architecte zurichois Otto Zollinger, le monument, érigé le 24 septembre 1922, représente une flamme qui incarne à la fois le sérieux et la fierté de manière vivante et lumineuse. Du haut de ses 18 mètres, plus la pyramide d'un peu plus de 4 mètres de haut qui lui sert de socle, la flamme découpe la ligne de la colline et peut être vue de loin aux alentours. Sur le socle de la flamme, on peut lire

"DIES DENKMAL BAUTE DAS ZÜRCHER VOLK ALS SINNBILD SEINER OPFER, DIE DER WELTKRIEG 1914–1918 ZU DES VATERLANDES SCHUTZ FORDERT"

(trad. “ce monument a été construit par le peuple zurichois en tant que symbole des victimes que la guerre mondiale de 1914-1918 exige pour la protection de la patrie”).

Le 4 août 1914, après avoir déclaré successivement la guerre à la Russie et à la France, les 1er et 3 août 1914, l'Allemagne envahit la Belgique et marque ainsi le début officiel de la Première Guerre mondiale. Ceci fait suite à l'escalade des tensions qui ont suivi l'assassinat de l'Archiduc François-Ferdinand, le 28 juin 1914. Pourtant, avant même ces premiers mouvements de troupes, le Conseil fédéral avait déjà pris ses dispositions, et notamment mobilisé son armée le 1er août 1914. Comme le veut la règle, l'Assemblée fédérale a aussi élu Ulrich Wille en tant que général le 3 août 1914. En raison de la proximité familiale du Général avec la famille impériale allemande (le parrain de son fils est Guillaume II, dernier empereur allemand et roi de Prusse), cette élection a été mal vu par les cantons romands, pro-français, et créera, ce que les journalistes romands appelleront le "Fossé moral" avec les cantons suisses-alémaniques qui ne cessera de se creuser dans les années qui suivront.

En annonçant sa neutralité aux pays belligérants après la mobilisation de son armée, la Suisse n'a pas eu à faire face aux troupes adverses et ne s'est engagée dans aucun combat direct. Elle s'est simplement contentée de veiller au strict respect de ses frontières, en particulier sur le front qui se développait à proximité du Jura actuel au début de la guerre puis au Sud avec l'entrée en guerre de l'Italie aux côtés des puissances qui formeraient l'Axe. Pourtant, malgré sa neutralité, les années de guerre n'ont pas épargné l'armée, ni le reste de la population.

Pendant les quatre années de combat, ce sont au total 220'000 hommes qui ont été mobilisés par l'armée suisse. Si aucun coup de feu ni bombardement n'a été à déplorer, ce ne sont pas moins de 3'000 hommes, dont 370 Zurichois, qui ont perdu la vie sous les drapeaux. Précisons cependant que parmi ces pertes, près de 1'800 hommes ont succombé à la grippe espagnole de 1918 (au plus fort de l'épidémie, 35 décès étaient constatés par jour) et 1'200 à cause d'accidents et d'autres maladies. Sans atteindre l'enfer qu'étaient les tranchées, les conditions de vie étaient rudimentaires, en particulier durant l'hiver et le temps commence à paraître long alors que le conflit s'enlise dans le nord de la France.

Mais les pertes ne sont pas que militaires. En raison du départ des hommes à l'armée, c'est tout un pan de l'économie qui a dû trouver des alternatives. Si les femmes remplacent les hommes dans les champs et les usines, la maigre solde de 80 centimes que touchaient les soldats alors (les allocations pertes de gain n'existeront qu'à compter de 1940) ne permettait pas aux familles de mener une vie convenable. Couplée à une inflation des prix provoquée par le financement de la guerre et des difficultés commerciales dans l'importation et l'exportation, une grogne s'installe petit à petit au sein de la population. Cette grogne aboutit en 1918 à la Grève générale qui sera à l'origine de plusieurs évolutions sociales qui persistent aujourd'hui encore (AVS, représentation proportionnelle de la population, introduction de la semaine de 48 heures). Tout comme dans la vie militaire, plusieurs milliers de civils décèdent de la grippe espagnole, qui est encore à ce jour, la plus mortelle des épidémies (environ 100 millions d'individus autour du globe, dont environ 25'000 personnes en Suisse rien qu'entre juillet 1918 et juin 1919).

A la sortie de la guerre, le besoin d'unité nationale et de recueillement face aux horreurs qui se sont déroulées est à l'origine de la création de nombreux monuments commémoratifs un peu partout en Suisse. Dans le canton de Zurich, la société cantonale des sous-officiers crée donc une commission en vue d'ériger un monument sobre en hommage aux militaires suisses décédés durant leur service. Sur les nombreuses communes qui s'étaient proposées pour accueillir le monument, c'est finalement le sommet de la colline sise sur la commune de Forch qui a été choisi. C’est cette même société qui, après avoir récolté les fonds pour la construction de ce monument auprès de partis essentiellement bourgeois, l’inaugurera le 24 septembre 1922 en présence de quelque 30’000 invités.

Attention toutefois à ne pas étendre ce monument aux Suisses décédés au combat pendant la Première Guerre mondiale, en majorité dans les rangs de la Légion étrangère française, dont 14'000 citoyens suisses ont rejoint les rangs (env. 8'000 morts).

Même si nous ne rendrons pas sur cette colline avec le traditionnel train, comme l’avaient fait les invités il y a 100 ans, profitons malgré tout de ce moment pour non seulement remercier le lt col Roger Haupt comme il se doit, mais aussi pour nous remémorer les victimes suisses, mais aussi toutes les autres de la Grande Guerre.

Milo5

Dans le précédent 16Min, nous vous avons fait découvrir la nouvelle gestion du matériel dans MilOffice 5.

Cette semaine, nous avons rencontré le sergent C. Crettaz, chef mat tech de la compagnie 12 et électricien de réseau dans le civil. Il a fait partie des volontaires qui ont décidé de tester ce système. En effet, cela fait déjà plusieurs années que le mat mag recevait des lecteurs de codes barres sans pour autant avoir reçu d’information sur le système Milo et son fonctionnement. Avec le sergent-chef Grivet et l’appointé chef Villar, effectuant leurs derniers jours de services durant ces deux premières semaines du SIF, il n’en fallait pas moins pour attaquer avec ténacité cette exploration. La tâche n’a pas été facile, en effet ils ont très rapidement été confrontés à plusieurs problèmes: pas d’ordinateurs militaires pour tout le monde, pas d’accès militaire, pas d’accès sur Milo, etc.

Cependant, leur ténacité et leur persévérance en ont fait fi. Quelques coups de téléphone par ci, par là et Milo leur ouvrait sa page. S'ensuit alors une partie de découverte et d’exploration de l’interface. Malheureusement, l’outil n’était pas utilisable tel quel, aucun article n’était enregistré dans la base de données. Ne pouvant pas attendre la base de données de la BLA, il leur a fallu créer manuellement chaque article avec son identifiant, sa description, son prix, etc. Un travail fastidieux et chronophage, mais qui aura finalement permis de scanner tout le stock et de préciser les quantités du stock.

La suite est un jeu d’enfant, lorsqu’une personne doit toucher du matériel, on lui crée un nouveau bon numérique. Cet enregistrement contient toutes les informations nécessaires au bon fonctionnement du mat mag : date, responsable, demandeur et la liste des articles distribués.

Le stock est évidemment décompté et une copie papier est ensuite imprimée pour être signée et classée. En effet, il est important de rester opérationnel dans toutes les situations même en cas de coupure du réseau internet ou de panne du système. C’est pourquoi les responsables du mat mag impriment également un inventaire du stock à la fin de journée.

Une des autres fonctionnalités du magasin sur Milo est la possibilité de créer des sets de matériel. Par exemple, un set pour le matériel IA, un autre set pour le matériel de la R905, etc. L’avantage est de pouvoir ajouter en un clic tous les articles nécessaires et de ne pas en oublier un. Le bon final reste toutefois modifiable si un article particulier ne doit pas être touché.

Armée oblige, il a été nécessaire de présenter le système au sgtm-chef Sciboz afin qu’il puisse faire valider l’utilisation par la brigade. Une fois ceci fait, les feuilles roses existantes ont pu être transférées sur Milo et nos trois volontaires ont pu former le reste des chefs mat du bataillon à son utilisation. Malgré les quelques prérequis techniques (réseau, électricité, imprimante), le magasin dans MilOffice 5 permet une gestion rapide et efficace du stock. Plusieurs personnes peuvent travailler simultanément avec l’outil et il offre une meilleure vue d’ensemble dans toute la compagnie.

Ceci est un bel exemple de la volonté et du savoir-faire qu’un corps de milice peut amener à l’Armée.

Credits:

Bat ondi 16