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Virée aux Makes Balade en quad bike & le vieil alambique

Quad bike, en connexion avec la nature

Ce drôle d’engin passe partout vous offre un moyen original de vous balader tout en profitant du paysage. Une activité que Quad bike Runners propose aux touristes et aux locaux depuis 15 ans, avec un succès certain. En route pour les Makes.

Il est 9h00, et sur le parking de Makes Aventures, en ce matin d’hiver frisquet, deux jeunes femmes et un homme attendent. Ils ne vont pas faire le grand écart sur les planches suspendues ou jouer aux singes sur les cordages à quelques mètres derrière eux, ils ont choisi une activité plus tranquille. Justement, un pick-up et sa remorque apparaissent sur la route. Bertrand Ferrère descend les saluer et leur offre le café, le thé et les croissants. Sans perdre de temps, il déleste la remorque de ses quad bikes et entreprend d’en instruire l’usage à Angélique, Hèlène, et Mickael. Angélique est une globe-trotteuse qui voyage en solitaire, et souhaite découvrir toutes les activités possibles à La Réunion. Les deux autres forment un couple installé sur l’île, qui ont déjà tenté l’expérience à la forêt de l’Etang-Salé avec leurs enfants, et souhaitent vivre la version « forêt des hauts » en amoureux cette fois-ci.

Une activité safe > « J’espère un minimum de sensation et de plaisir, et aussi découvrir la forêt. J’aime me perdre dans la nature », raconte Angélique. Elle ne sera pas déçue. Bertrand distribue les charlottes, les casques et invite tout le monde à vérifier qu’aucun lacet trop grand ou des bandoulières d’appareil photo ne vont pas se coincer dans les dérailleurs. « L’activité n’est pas accidentogène, précise-t-il, mais il est quand même bon de prendre des précautions. En 15 ans nous avons eu seulement 3 blessés qui ont tous reconnu ne pas avoir respecté les consignes. Avec les modèles à assistance électrique, c’est encore plus sécurisant. Autrefois on faisait surtout des parcours en descente où on prenait facilement 60 km/h. » De quoi se faire quelques cheveux, surtout quand on a affaire à des cocos qui enterrent une vie de garçon, avec du sang dans leur alcool. « Aujourd’hui les descentes sont plus courtes et les clients ont moins le temps de prendre la confiance et lâcher le frein » explique Bertrand. Le briefing est terminé. Les guidons et les sièges sont réglés à la morphologie de chacun, et tous savent ce qu’il ne faut surtout pas faire avec un quad bike, à commencer par le laisser tout seul dans le sens de la pente, sous peine de le voir partir en vavangue dans un fond de ravine, ce qui chagrinerait grandement le patron. C’est parti. Les trois quad bikers s’élancent sur la piste pour 5 km de montée. Tout autour, la superbe forêt domaniale se remet doucement des conséquences des derniers cyclones, et l’odeur de résineux flotte dans l’air. Bertrand suit à distance, dans son pick-up.

« En 2006 nous avons été les premiers au monde à exploiter les quad bike. Nous avons créé l’activité. Nous avons toujours le plus gros parc actuellement. On a commencé avec 4 engins, puis 7 dès la première année pour atteindre 24 exemplaires en 2018. J’ai converti les plus anciens en électrique progressivement, avec un kit spécial. Les quad sans assistance servent aujourd’hui à l’initiation des marmailles, mais ils seront convertis à terme » raconte Bertrand.

Le parcours cross est sympa et accessible à tous

Arrêt sur un petit terre-plein. Il invite ses clients à tenter l’expérience d’une descente à travers la forêt sur un sentier. Angélique se lance la première, en serrant les freins. Derrière, ça serre plutôt les fesses ! Hélène n’en mène pas large, mais parvient quand même à arriver au bout. Elle et son compagnon déclarent toutefois forfait devant l’obstacle à franchir : le profond caniveau qui longe la piste. Angélique pour sa part a bien observé la démonstration de Bertrand, tout en jeu d’équilibre, et réussit l’épreuve avec une pointe d’adrénaline. La jeunesse aide beaucoup dans ces cas là, mais Quad Bike Réunion est une activité familiale ouverte à tous les âges. « Le client le plus âgé affichait 78 ans, il avait la pêche, et c’était avec un quad bike non assisté ! » se souvient Bertrand.

Un passage délicat, heureusement le boss est là.

Depuis que son mécanicien est parti, le gérant travaille seul : « J’en ai eu marre de recruter, de former, puis de voir les employés partir au bout d’un temps à cause des contraintes de l’activité, comme être disponible les week-ends, aujourd’hui je travaille à mon rythme, et c’est bien comme ça.» La crise sanitaire avait rendu les sorties imprévisibles, et a immobilisé le minibus dans lequel prenaient place les clients pour se rendre sur les parcours des Makes, du volcan ou de Petite Ile. Malgré cela, l’activité a perduré parfois même avec des records de chiffre d’affaire. « Je continue à répondre à des demandes ponctuelles et personnalisées, pour des comités d’entreprise ou autre groupe, avec l’aide de moniteurs titulaires de brevet d’Etat en VTT, qui connaissent le quad Bike, ajoute Bertrand, mais je préfère les petits groupes, avec un contact client privilégié. » Les trois quad bikes reprennent la montée jusqu’au point de vue, panorama qui s’étend de l’Etang-salé à la campagne lointaine de Petite-Ile. En contre bas, le village des Makes est plaisant à regarder, avec ses petites maisons dans leur écrin de verdure. Bertrand donne quelques informations sur la flore et la faune locale, puis il est temps de rentrer, après le rappel de quelques consignes.

Angélique en prend plein les mirettes
Il est temps de rentrer, sans oublier de remercier Bertrand.

« C’est toujours aussi agréable et ludique, se réjouit Hélène, remise de ses émotions. Cela reste accessible aux non sportifs. J’ai apprécié la fraîcheur des Hauts ». « On y a pris beaucoup de plaisir, et Bertrand est toujours au top, on recommande » ajoute son compagnon. « J’ai adoré. J’ai envie de le refaire, au volcan cette fois, si je peux le caler dans mon emploi du temps. J’ai bien aimé cette façon de découvrir les paysages, et aussi la partie cross ! » déclare Angélique. Sortie entre amis, balade en famille, découverte de La Réunion sous un angle différent, recherche de sensations mais en toute sécurité, voilà un bon programme pour s’ouvrir l’appétit avant de mettre les pieds sous la table dans une bonne auberge de campagne, vous ne trouvez pas ?

Quad Bike Runners : 0692 02 22 19

Le Vieil Alambic, 35 ans à régaler les Réunionnais

C’était avant. Au dessus du village des Makes, là où les champs laissent peu à peu la place à la forêt de cryptomérias, des rires et des cris de joie d’enfants résonnent. On est dimanche. Le petit parking de l’auberge est plein et les voitures sont garées en file indienne au bord de la route. Dans la salle au plafond bas, les tables sont dressées de belles nappes blanches. Le petit dernier d’une famille réunionnaise s’est fait asperger le matin même de l’eau bénite du baptême. Pour l’occasion, le ban et l’arrière ban, amis et pièces rapportées comprises, ont été invités à célébrer l’événement. Tandis que les hommes ont accaparé la bouteille de Johnny, et évoquent leur semaine de travail ou les qualités de la dernière voiture de leur marque favorite, tout en vérifiant si le jeu de dominos ou de belote est à portée de main, les dames se pâment devant la dernière toilette à la mode dans le dernier catalogue de prêt à porter, se transmettent les derniers potins, en ayant l’œil sur la marmaille, et aussi sur leurs maris. Dans un coin, une fille et un garçon adolescents se tournent autour, tandis que les gamins ont entamé un « lou couru » à l’extérieur. De la cuisine, arrive une bonne odeur de cari au feu de bois qui flotte un moment, faisant saliver les convives. Le punch est distribué. La marie Brizard aussi, pour les mamies qui en raffolent. Les beignets de songe et de capucine tout chauds sont distribués pour faire patienter. Il y a du rôti au menu. Un beau rôti de porc, piqué à l’ail, au sel et au thym, qui cuit et transpire à la braise depuis grand matin, quand même le coq na encore malols dan zieu. Il est 13h00. La bouteille de Johnny a déjà eu une claque. Les beignets sont de regrettés souvenirs. L’aubergiste rameute tout le monde pour passer à table. Achard de légumes, croquant et frais attend les amateurs. Le rôti se pointe et certains reluquent déjà l’énorme os dans la perspective d’un dépiautage en règle. La marmaille y goûte à peine, pressée de retourner à ses jeux. Un papi se fait disputer à cause de son cholestérol, il a pris une tranche de rôti de trop. 14h30, le cari canor et le maïs transitent par les anciens avant de passer de mains en mains. « Mon Dieu mi gagne pu » lance la marraine du baptisé. « Gout’ ti rougail tomate là, va fé passe out bouchée mangé » lance la maman, hilare. A l’arrière, l’aubergiste et sa femme mettent la touche finale au gâteau patate. Réchauffé juste ce qu’il faut pour accentuer le moelleux. 16h00. Le champagne coule. Les marmailles reviennent tout croutés, certains espèrent goûter à quelques bulles. Pour eux ce sera le Champomy. Les convives repus se séparent au fur et à mesure, tout heureux de cette merveilleuse journée, avec le plein de nouvelles et une collection de costars taillés sur mesure pour leurs indésirables respectifs. « A refaire » lance-t-on ici et là. L’occasion va se présenter dans quelques mois. Un couple de sexagénaire va fêter ses noces de diamant. Ce n’est plus 50 mais 90 personnes qui seront invitées.

Beignets songe et gratin chouchou
Fricassée de bourgeons de chou, la spécialité du Vieil Alambique
Cari coq la cour

« L’âme du Vieil Alambic, c’est ça » évoque Pascal d'Eurveilher, le gérant de la structure qui, depuis plus d’une trentaine d’années, a vu passer des générations de mariés, baptisés, premiers communiants et fêtards de la troisième jeunesse. Et le vieil Alambic éponyme est toujours là aussi, comme un souvenir de la culture du géranium. « La première cuisine était juste à côté » se rappelle Pascal. La fête à la créole n’est plus pareille depuis deux ans, depuis que le Covid s’est abattu sur les enfants du bon Dieu comme la vérole sur le bas clergé. « Ca nous a fait mal. On était à 40% de taux de remplissage. On s’est adapté comme on a pu, en mettant en place les gestes barrières, même s’il était difficile de faire la police en demandant aux gens de porter leur masque, etc. » regrette Pascal. « Mais nous sommes toujours là. Grâce à nos champs et aussi aux Gîtes de France qui nous accompagnent depuis le début. »

Pascal a passé son enfance avec ses parents, dans l’Auberge qui ne portait pas encore le nom actuel, mais qui était connue dans toute La Réunion comme l’adresse incontournable de la cuisine traditionnelle réunionnaise. « Et encore aujourd’hui » précise Pascal. Un temps passé par le commerce, il se décide à reprendre l’affaire il y a une quinzaine d’année, avec son épouse. Les cinq hectares de cultures maraîchères plantées en mode raisonné lui fournissent les légumes et aromates nécessaires pour élaborer ses plats, dont l’emblématique bourgeon de chou, fricassée croquante et parfumée du temps lontan, et aussi des artichauts. Les beignets sont toujours présents, au songe, à la carotte, au fruit à pain, aux brèdes chouchou. Pour les plats de résistance Pascal privilégie les produits du coin, poulet, canard, coq, qu’il accommode en cari, civet, rôti, sans oublier le plat signature de sa maman, le « Lapin vin vanille », « quand on a du lapin » précise-t-il.

Les questions de la transmission des traditions culinaires et de l’avenir de notre cuisine sont pour lui importantes. « J’ai des enfants, et j’ai été à leur place. Quand on voit ses parents accaparés « h24 » par leur travail, contraint de refuser des invitations et des sorties, c’est dur. Mais c’est plus qu’un métier, c’est une vie » s’exclame-t-il. « Les crises que nous avons traversées, et traversons encore doivent nous alerter sur la nécessité d’être auto-suffisants. On revient toujours à la terre. » Une sagesse et un bon sens d’un homme ayant grandi les pieds dans le terroir, proche de la nature. A l’évocation des activités du père Morel, à Saint-Benoît, ou de Jacky et son far-far de Sainte-Suzanne, qui accueillent les touristes et leur font participer à l’élaboration du repas, Pascal d'Eurveilher est enchanté. « C’est une belle manière de faire découvrir aux visiteurs notre vie, de l’intérieur. Avec tout nos produits et nos spécialités nous somme tous complémentaires, note-t-il. Notre cuisine réunionnaise est excellente, nous n’avons pas besoin de l’avis de grands chefs étoilés ou de Babette de Rozière, que je respecte par ailleurs, pour le savoir. On n’a qu’à regarder les gens apprécier leur repas. » Et il inclut les touristes fidèles qui reviennent des années plus tard.

A sept kilomètres de là, la fantastique fenêtre sur Cilaos a déjà tiré ses rideaux de nuages. Il est temps de redescendre, avec les souvenirs indélébiles d’un repas et d’une chaleur humaine qui n’appartiennent plus seulement au passé, mais aussi au présent. On peut compter sur Pascal pour y veiller.

Le vieil alambic pratique

- La réservation est obligatoire (06 92 25 64 30)

- Les repas sont préparés à partir de 6 personnes minimum. Si vous êtes moins de six, vous serez acceptés s’il y a un autre groupe.

- Le repas sont facturés 29 euros par personne, entrée, plat et dessert.

- 4 chambres équipées de salle de bain et de sanitaires sont mises à la disposition des visiteurs. 3 chambres doubles et 1 avec deux lits enfant. (Retrouvez les tarifs sur levieilalambic.com)

- Les périodes les plus demandées : de novembre à janvier et de fin juin à août.

- Activités à faire aux Makes : quelques randonnées comme la boucle du piton cabri, visite à La Fenêtre, sortie au parc aventure des Makes (0692 30 29 29), visite de l’observatoire astronomique (0692 37 23 71).

Credits:

Alexandre Bègue