Loading

#3 Des matières premières épuisables : vers l’économie circulaire dans les quartiers prioritaires Rencontre du 29 juin 2021

70 % de déchets supplémentaires à l'horizon 2050 soit 3,4 milliards de tonnes de déchets par an*dans le monde.

*Selon un rapport de la banque mondiale

Le modèle économique dit linéaire interroge plus que jamais sur l'impact de nos activités sur la consommation des ressources, les émissions de gaz à effet de serre ainsi que le volume de déchets produits chaque année. Cela amène des réflexions autour du modèle émergeant de la circularité, défini par l’ADEME de la manière suivante :

« système économique d’échange et de production qui, à tous les stades du cycle de vie des produits (biens et services), vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources et à diminuer l’impact sur l’environnement tout en développant le bien-être des individus » .

Le contexte juridique et des évolutions récentes tendent à déployer l'économie circulaire à des échelles diverses avec notamment :

Ce sont ces enjeux de l'économie circulaire et les opportunités qu'elles offrent pour les quartiers prioritaires qui ont fait l'objet de la rencontre #3 du cycle "Des quartiers en transition" et qui seront évoqués de manière synthétique au sein de ce webdocumentaire.

L’économie circulaire en réponse aux enjeux de la transition et de sobriété des territoires

Dessiner des solutions face à un secteur du bâtiment consommateur de ressources

Le secteur du Bâtiment et des Travaux Publics (BTP) est actuellement sous pression concernant certains matériaux. Cela s'explique par l'effet encore palpable du premier confinement mais surtout par l'épuisement de certaines ressources, notamment le sable qui en est l'illustration la plus édifiante. En effet, le BTP en est le premier secteur consommateur avec la fabrication du béton (composé aux 2/3 de sable).

Pour donner un ordre d’idée, entre 27 et 40 milliards de tonnes de sables sont extraites annuellement dans le monde (soit l’équivalent de 18 kilogrammes de sable par jour par personne en France).

(Documentaire d’investigation de Denis Delestrac diffusé sur Arte, Le sable : enquête sur une disparition, en 2011.)

Le secteur du bâtiment émet 3/4 des déchets décomptés annuellement en France (40 millions de tonnes par an selon l'ADEME).

Face à ces constats, des évolutions juridiques et règlementaires tentent d'infléchir cet usage important de matières premières :

  • La loi anti-gaspillage de 2020 vient remplacer le diagnostic déchet par un diagnostic "produit matériel ressource" afin d'aller plus loin dans la valorisation des ressources disponibles à l'échelle du bâtiment ;
  • Des labels, comme le E+C-, contribuent à la réduction de l'impact environnemental de la construction ;
  • La Règlementation Environnementale 2020 (RE 2020) qui viendra se substituer à la Règlementation Thermique 2012 (RT 2012) entend également accélérer la décarbonation du secteur.

Économie circulaire et réemploi, des opportunités pour les territoires

Le modèle de l'économie circulaire doit intégrer l'échelle des territoires. L'institut Paris Région évoque une approche territoriale et relaie un certain nombre d'expérimentations au sein de ses carnets pratiques. Les documents d'urbanisme prospectifs sont notamment évoqués comme leviers pour des démarches intégrées et transversales (Schémas de Cohérence Territoriaux et Plans Locaux d'Urbanisme intercommunaux).

les 7 piliers de l'économie circulaire, source : ADEME

L'ADEME accompagne les territoires vers l'économie circulaire au travers d'une labellisation spécifique afin de mener des démarches transversales ambitieuses proposant des réponses opérationnelles au travers d'une feuille de route. C'est le cas notamment d'Amiens Métropole.

Sur la Région des Hauts-de-France, le pôle économie circulaire du CD2E (Pôle d’excellence régional de l’éco-transition, missions d'animation, de formation, et également d’accompagnement des entreprises, les territoires et des filières de la Région Hauts-de-France. L’objectif est d’apporter des solutions concrètes face aux enjeux économiques et écologiques d’aujourd’hui). accompagne les territoires et les bailleurs vers plus de sobriété et de circularité.

L’économie circulaire, un champ d’innovation pour les quartiers prioritaires

Logement social : vers la déconstruction sélective et le réemploi dans le NPNRU

Le Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain (NPNRU) vise à la démolition de plus de 100 000 logements ce qui représente un gisement de matériaux considérable. Afin de limiter l'impact du NPNRU, l'Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU) a engagé des travaux pour stimuler l'innovation et saisir cette opportunité pour développer l'économie circulaire et plus particulièrement le réemploi des matériaux issus de ces démolitions. Les résultats de ces travaux s'incarnent dans une publication "Les carnets de l'innovation" issue de groupes de travail.

Le projet de renouvellement urbain de Stains en île-de-France a servi d'expérimentation pour la démarche (lauréat du Programme d'Investissement d'Avenir "Ville durable et solidaire"). Les collectivités locales, ainsi que le bailleur Seine-Saint-Denis Habitat ont été accompagnés par le collectif d'architectes Bellastock pour réaliser un prototypage du réemploi des matériaux et mettre en œuvre des procédés constructifs innovants.

Exemple de réemploi des bétons pour l’aménagement des espaces publics à Stains, source : Bellastock, crédit photo : Alexis Leclercq

Dans cette lignée, l'Union Sociale pour l'Habitat (USH) a publié un référentiel pour l'économie circulaire comprenant un certains nombre de fiches-expérience issues des bailleurs sociaux, notamment Maisons&Cités sur le Bassin Minier avec une opération sur Onnaing (C.A Valenciennes Métropole) et la Méta (Groupe d’Intérêt Économique formé par Vilogia et Lille Métropole Habitat) avec la création d'une plateforme d'économie circulaire.

La C.A Valenciennes Métropole a également engagé des réflexions concernant les déconstructions issues du NPNRU (plus de 700 logements conventionnés) via une étude macro.

Sensibiliser et mobiliser les habitant.e.s vers les enjeux de sobriété et de résilience territoriaux

Les cahiers de l’ANRU proposent un deuxième champ d’innovation que sont les « Recycleries / ressourceries innovantes lorsqu’elles associent des services complémentaires ou des processus revisités à leur activité classique de revente d’objets de seconde main ».

Les ressourceries apportent une réponse à des problématiques diverses : reste à vivre / pouvoir d’achat, dépôts sauvage, redynamisation économie / diversification des fonctions et emploi et insertion au sein des quartiers.

D’autres expérimentations démontrent la manière de renforcer la participation des habitant.e.s par le lieu.

Zoom sur... la ressourcerie du quartier Blanchard à Château Thierry

La création d'une ressourcerie sur le quartier prioritaire de Blanchard à Château-Thierry dans l'Aisne fait suite à divers constats, notamment une relocalisation du centre-social et le départ de services ainsi que des difficultés liées à la gestion des encombrants ayant conduit à la mise en place de "repair-cafés" par l'association Au-bas-de-L'Aisne.

Le bailleur social Clésence supporte le développement de ce projet de ressourcerie dont le financement passe notamment par la mobilisation de l'exonération de la Taxe Foncière sur les Propriétés Bâties (TFPB).

La ressourcerie comprend également un espace friperie et des ateliers de relooking sont organisés par l’animatrice sociale Inès Ghezi.

Programme des ateliers Bricol'café, association Au Bas de l'Aisne

Rendez-vous prochainement pour de nouvelles interventions et ressources !