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Crédit vidéo : La fureur du dragon - Bruce Lee, 1974

Matthieu a 44 ans et vit à Angers depuis dix ans. Passionné de culture japonaise, il se nourrit, chaque jour, de manga, de cinéma et de la cuisine du pays du Soleil Levant et ce, depuis plus de 30 ans. D’abord marginalisée, la culture japonaise connaît un intérêt sans précédent. Il nous raconte son histoire.

“J’étais vraiment fan du cinéma asiatique”

L’histoire de Matthieu commence dans les années 1990. Malgré la difficulté à se procurer leurs films, Bruce Lee et Jet Li sont deux acteurs qui le marquent particulièrement et lui ouvrent ainsi les portes de l'Asie. Sa passion naissante est bientôt nourrie par un programme télévision qui aura marqué toute une génération : le Club Dorothée.

Crédits vidéo : Génération Club Do - CLUB DOROTHÉE - Matinée du 08 septembre 1993 | REPLAY

Dans les années 1990, l’émission cartonne en France. Elle importe la culture japonaise dans les foyers de l’Hexagone. Matthieu n’échappe pas à la règle et découvre avec fascination des animés comme Ken le Survivant, Dragon Ball ou encore Nicky Larson. L’adolecent s’immerge à 100% dans cette culture, il se tourne naturellement vers le manga.

“De là est parti toute la culture manga en France”

Matthieu a 18 ans et le coup de foudre est immédiat. Les mangas l'attire tout particulièrement. Néanmoins, à cette époque, les boutiques spécialisées sont rares et se situent toutes à Paris. Bien que longues, complexes, et fastidieuses, les commandes vers ces magasins se multiplient.

Toujours avide de connaissances, Matthieu prolonge son expérience nippone par la découverte de la cuisine japonaise. Un parcours qui n'étonne pas Sébastien Chéné, professeur de japonais ayant vécu quatre ans au Japon :

“La culture japonaise et la culture française sont assez rapprochées ; les deux cuisines sont très réputées mondialement tout comme l’univers du cinéma, de la BD et du manga.”

Le Japon et la France sont très fiers de leurs gastronomies, très réputées. La cuisine française pour sa diversité, la japonaise pour sa finesse. De même pour le cinéma. Le cinéma d’auteur tout comme celui d’animation des deux pays s’est exporté à l’international, lui donnant ainsi une grande crédibilité. Enfin, les bandes dessinées, bien que différentes, sont ancrées dans les deux patrimoines culturels. En France, cela est représenté par le festival international de la bande dessinée d'Angoulême. Au Japon, par l’immense industrie du manga, pesant plusieurs milliards d’euros. Fier de leur culture similaire, le Japon et la France se rencontrent à travers plusieurs œuvres. Au cinéma, Hayao Miyazaki s’inspire d’Arsène Lupin dans son film “Le Château de Cagliostro”. Dans le monde de la littérature, les célèbres romans “Le Rouge et le Noir” de Stendhal et “Les Misérables” de Victor Hugo ont eu le droit à leurs adaptations manga.

Matthieu se nourrit de ces deux cultures et est même tenté d’apprendre cette langue. Un essai non concluant qui s’explique par la complexité, la diversité et le temps que demande cette langue. Malgré ça, Matthieu est tout de même capable, grâce à son expérience cinématographique, de la déchiffrer lorsqu’elle est parlée.

“Je vis asiatique”

Vingt-cinq ans après son coup de foudre, Matthieu conduit toujours sa vie au rythme du Japon. Il lit et collectionne les mangas de manière quasiment obsessionnelle. Il consacre un budget de 400€ par mois à cette passion. Une somme considérable, mais indispensable pour avoir accès aux dernières éditions publiées, aux figurines ou autres goodies. Il entretient une relation privilégiée avec Azu Manga, le seul magasin spécialisé manga à Angers. La boutique lui réserve les éditions limitées et les dernières sorties. Une faveur inédite et qui ne manque pas de saveur lorsque que l’on sait que Matthieu possède une collection de manga aussi importante qu’Azu Manga.

Crédits vidéo : Cartoonist Kayfabe : Blade of the Immortal - Beautiful Violence by Hiroaki Samura, Fnac : L'intégrale de Spirale : le choix de Nicolas, vendeur à la Fnac Forum des Halles

Au sein de cette collection, on retrouve principalement les œuvres de Junji Itō, son mangaka préféré à qui l’on doit notamment “Spiral”. Ses œuvres l’influencent et le poussent à aller toujours plus loin dans la découverte de ce type de mangas fantastique-thriller. Dans son panthéon personnel, on retrouve “Gyo”, une autre production de Itō mais également deux autres livres sortis ces cinq dernières années : “Le Bateau de Thésée” de Toshiya Higashimoto et “The Fable” de Katsuhisa Minami. Le premier est un manga policier-fantastique où Shin Sano tente de prouver l'innocence de son père, suspecté d’avoir empoisonné toute une école primaire 28 ans plus tôt. Le deuxième est, quant à lui, un livre d’action où le personnage principal est un tueur à gage à qui l’on demande de ne tuer personne pendant un an.

Comme d’autres passionnés, il constate l’intérêt grandissant porté à la culture japonaise dans son ensemble, au manga en particulier.

Crédits vidéo : Toei Animation, Nippon Television, TV Tokyo, ADN, Tracks - Arte : Junji Ito, maître du manga d’horreur | Tracks ARTE

Des œuvres phares portées par un réseau de magasins spécialisés en plein cœur d'Angers :

Fanchon, vendeuse depuis 10 ans à Azu Manga confirme la folle croissance du manga depuis cinq ans. Elle l’explique notamment par l’arrivée d’un public de plus en plus jeune qui découvre cette culture sur internet.

Inconditionnel d’une culture qu’il aime avoir se développer et se populariser, Matthieu nourrit encore de nombreux rêves d’Asie. Son plus grand rêve est de faire un tour de ce continent.

"J'économise depuis de nombreuses années pour faire un circuit d’un mois où je ferais Séoul, Pékin, Kyoto et Tokyo. Kyoto est une ville qui m’attire vraiment. Des temples et des jardins magnifiques, ça a l’air très joli.”

En attendant que ce rêve se réalise, Matthieu, comptable de son état, continue à vivre de sa passion en France ; peu importe ce que les autres en pensent.

Crédit vidéo : GIF Tenor

Malgré ces différends, Matthieu transmet sa passion à ses enfants qui le suivent sans hésitation.

“Grâce à My Hero Academia et Naruto, ils sont entrés dedans. Ils ont commencé avec ça et maintenant ils me demandent d'autres choses qui pourraient leur plaire.”

Après trente ans d’adulation, ce quarantenaire prend à cœur de transmettre son goût pour cet univers à ses enfants. Ouvrir une autre page pour l’écrire avec eux.

Credits:

Tom Arnaud Édouard Bouvet Auguste Amar