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Notre-Dame de Paris, redécouverte La Médiathèque de Saint-Étienne se souvient de Notre-Dame de Paris avant l'incendie du 15 avril 2019. Ouvrons et feuilletons les grands livres à gravures du siècle de Victor Hugo.

Le centre historique et géographique de Paris

Sous le règne de Louis VII le Jeune, en 1160, l'évêque Maurice de Sully engage la réalisation d'une ville sainte sur l'emplacement de la cité gallo-romaine. Il veut implanter un ensemble religieux dans la populeuse île de la Cité : cathédrale, Hôtel-Dieu et palais épiscopal. L'île de la Cité abrite déjà l'ancien palais des rois réaménagé depuis Clovis, qui a choisi Paris comme capitale.
La cathédrale Notre-Dame reste longtemps la plus haute construction de la ville.
Le Palais de la Cité en 1530, restitution. Chromolithographie tirée de l'étude de Feodor Hoffbauer, "Paris à travers les âges", Paris, Firmin-Didot, 1885.

« En effet, depuis l'origine des choses jusqu'au quinzième siècle de l'ère chrétienne inclusivement, l'architecture est le grand livre de l'humanité, l'expression principale de l'homme à ses divers états de développement, soit comme force, soit comme intelligence. »

Victor Hugo, "Notre-Dame de Paris", Livre V, chapitre II, Ceci tuera cela, 1831.

Vue de la façade occidentale et flanc sud, flèche, vue intérieure, vaisseau central, arcades, voûte sur croisée d'ogives Héliogravures. illustrations tirées de l'ouvrage d'Anatole de Baudot et Alfred Perrault-Dabot, "Les Cathédrales de France" , Paris, Henri Laurens,1905-1907.

Les collections patrimoniales

Les livres de grand format datant du XIX° siècle et du début du XX° siècle possèdent des gravures et des photographies remarquables. Ces documents « semi-anciens » s'inscrivent dans le contexte des deux courants historiques du XIX° siècle, le romantisme puis le positivisme. Ils fournissent des bases sûres aux historiens et aux artistes. Nous assistons à la naissance des Monuments Historiques.

Notre-Dame de Paris, plan intérieur, dessin du chevet avec toiture et trois niveaux de fenêtres, gâbles et pinacles.

Image tirée de la revue d'Edouard Charton, "Le Magasin pittoresque", 1839, septième année.

Le siècle de l'archéologie et de l'histoire

Le patrimoine du Moyen Age est redécouvert au XIX° siècle.
Chateaubriand,Victor Hugo,Gérard de Nerval attirent l'intérêt du public sur la beauté des édifices en ruines. Jules Michelet, Augustin Thierry et Fustel de Coulanges réhabilitent « l'âge gothique » français.Félix Duban,Jean-Baptiste Lassus et Eugène Viollet-le-Duc restaurent les bâtiments anciens emblématiques.
Le mouvement de renaissance des arts chrétiens succède à une période de destructions.

Couverture en chromolithographie du livre de Jean-Jacques Bourassé, "Les Cathédrales de France", Tours, Mame, 1843.

L'imaginaire du temps des cathédrales

Le véritable héros du roman de Victor Hugo, publié en 1831, est la cathédrale avec ses colonnes, ses vitraux, ses voûtes, ses cloches et ses monstres.
Plaque de reliure romantique signée Haarhaus et frontispice gravé sur acier et imprimé. Images tirées de "Notre-Dame de Paris" de Victor Hugo, édition illustrée par Aimé de Lemud, Paris, Perrotin,1850.

Le « Beau Moyen Age »

Le XIII° siècle est le siècle le plus remarquable, c'est la grande époque de l'architecture gothique. Notre-Dame de Paris est typique du premier « âge gothique » qui s'épanouit en Ile-de-France, sur le domaine royal.La nouvelle cathédrale conserve la force massive de l'art roman et développe l'audace et la légèreté de l'art ogivale. Sa construction s'étale sur trois siècles, de 1163 à 1345.
Vue latérale du Midi avant la restauration de Viollet-le-Duc, portail Saint-Étienne et rosace sud, abside et arcs-boutants.

Lithographie tirée de l'ouvrage d'Alexandre de Laborde, "Les Monuments de la France", Paris, Didot, 1836.

Un chef-d’œuvre de l'architecture gothique

Monument Historique depuis 1862, Notre-Dame de Paris témoigne de l'art et de la civilisation du Moyen Age chrétien. Elle est la première cathédrale de France par son ancienneté et par la qualité de ses sculptures.Principale église de la capitale, siège de l'évêché érigé en archevêché, elle est un haut-lieu du catholicisme. La place du Parvis marque le « kilomètre zéro » des routes nationales.

Façade occidentale restaurée par Viollet-le-Duc et parvis dégagé par Haussmann en 1860.

Lithographie de Philippe Benoist, tirée de l'ouvrage collectif, "Paris dans sa splendeur", Paris, Henri Charpentier, 1861.

Le plan en croix latine

La distribution intérieure répond à deux destinations : Notre-Dame de Paris est à la fois un lieu de culte et un lieu de rassemblement des fidèles, d'où l'importance du chœur et de la nef, les deux parties essentielles de l'église. Le transept est peu saillant. Les murs pleins n'atteignent pas un septième de l'espace total.
Plan de la cathédrale de Milan et plan de la cathédrale de Paris. Schéma tiré du "Traité théorique et pratique de l'art de bâtir", par Jean Rondelet, Paris,Firmin-Didot,édition de 1842.

Une architecture dynamique

La voûte sur arcs de pierres est le mode de couverture des bâtiments le plus employé et le plus complexe au Moyen Age.Chaque pierre est une pierre « vive », elle ne tient en place que parce que les autres pierres exercent sur elle une pression. Les poussées obliques maintiennent l'édifice debout, selon la mécanique des forces et la résistance des matériaux.
Le défi est de tirer un dessin d'élévation à partir d'un plan géométrique en respectant les proportions.
Elévation, coupe transversale, coupe longitudinale, piliers,culées et contreforts, Anatole de Baudot et Alfred Perrault-Dabot, "Les Cathédrales de France", Paris, Laurens,1905-1907.

Une perfection « asymétrique »

La façade compte cinq étages. Le premier, le troisième et le cinquième étage se rappellent l'un l'autre sans se ressembler. Le deuxième et le quatrième étage se font écho aussi. Il y a trois parties verticales. Celle du centre rappelle celle de droite et celle de gauche sans leur ressembler. Cette dissymétrie atténue la monotonie de la grande surface.Une impression de variété et d'harmonie simultanées est ainsi obtenue.
Photographie tirée du recueil "L'Art gothique en France", Librairie centrale d'art et d'architecture, 1911.

Les bâtisseurs de cathédrales

Maurice de Sully, Eudes de Sully, Guillaume d'Auvergne, évêques commanditaires font appel à des architectes, maîtres d’œuvre qui organisent les travaux. Une foule d'artisans, appartenant à différents corps de métiers, intervient : carriers, tailleurs de pierres, maçons, sculpteurs, forgerons, charpentiers, couvreurs, verriers, peintres...Seuls les maîtres maçons de la seconde période d'édification ont laissé leur nom : Pierre de Chelles, Jean Ravy, Jean le Bouteiller et Raymond du Temple.
Pignon sud du transept embelli par Jean de Chelles et Pierre de Montreuil en 1257 à la demande de Saint Louis. Décor style rayonnant à lancettes, Louis Gonse, "L'Art gothique", Paris, Quantin,1890.

Un chantier titanesque

« Nous n'allons pas attendre cent sept ans ! » Débuté en 1163, le chantier s'étend sur deux cents ans, avec des périodes d'interruption dues au manque d'argent. Il ne s'achève pas entièrement avant 1363.Le maître-autel est consacré dès 1182, mais les panneaux de clôture du chœur datent de 1344.La nef est terminée en 1196 avec le raccordement des dernières travées à la grande façade. Les deux tours sont montées, l'une en 1240 et l'autre en 1250. Le bâtiment est alors fonctionnel.

Intérieur de Notre-Dame, déambulatoire, pavement, colonnes, chapiteaux, ogives et bas-reliefs...

Jean-Jacques Bourassé, "Les Cathédrales de France" , Tours, Mame, 1843.

La richesse des sculptures

Portail Sainte-Anne, à droite de la façade,Vierge en majesté sur le tympan, statues de style roman réemployées provenant d'une cathédrale primitive, deux linteaux superposés avec frises sculptées.
Dessin imprimé fait avant la restauration de Viollet-le-Duc, il manque les statues des piédroits et des ébrasements. Albert Lenoir, "Statistique monumentale de Paris", Paris, Imprimerie Impériale, édition de 1867.

Le culte de Notre-Dame

La cathédrale de Paris est dédiée à la Vierge Marie comme de nombreux sanctuaires.Le culte chrétien de la Vierge médiatrice prend un développement considérable au XIIe siècle. Il répond à l'importance nouvelle de la femme dans la société féodale et l'idéal chevaleresque. Il sous-tend toute l'iconographie gothique, surtout dans la statuaire.
Ancienne statue de la Vierge détruite en 1793, autre Vierge datée du XIVe siècle, placée en 1818 et priée sous le vocable de Notre-Dame de Paris. "Statistique monumentale de Paris", par Albert Lenoir, Paris, 1867.

L'art du vitrail

L'innovation majeure réside dans l'importance donnée à la lumière grâce à l'agrandissement des ouvertures.Notre-Dame de Paris est réputée pour ses trois rosaces, les plus vastes de France.
Les roses du transept ont treize mètres de diamètre.Chaque morceau de verre est coloré dans la masse et fixé au panneau par des filets de plomb.

Carton rosace de la façade représentant la Vierge à l'Enfant entourée des douze prophètes.

"Statistique monumentale de Paris", Lenoir,Paris,1867.

Baie gothique rayonnante, remplage et châssis de pierre entre deux piles. Héliogravure, "Cathédrales de France", Baudot et Perrault-Dabot, Paris, Laurens, 1905-1907.

Les remaniements ultérieurs

L'édifice est repensé dès 1225 : les fenêtres hautes sont percées. Les grands arcs-boutants du chevet sont installés en 1325. En 1699, Louis XIV fait modifier le décor intérieur par Robert de Cotte. En 1726, le cardinal de Noailles fait reconstruire la voûte qui menace de s'effondrer et rénove la charpente en chêne et la toiture en plomb. Germain Soufflot entaille le portail central du Jugement dernier pour le passage du dais processionnel en 1771.

Vue de la nef prise des tribunes, baie d'une petite rose appelée oculus, conservée après l'agrandissement des fenêtres. Héliogravure, Louis Gonse, "L'Art gothique", Paris, Quantin, 1890.

La grande restauration

Au début du XIX° siècle, au sortir des révolutions successives, la cathédrale se trouve dans un piteux état : statues mutilées, maçonneries disloquées, flèche clocher démontée. De 1845 à 1864, Eugène Viollet-le-Duc, architecte créateur, auteur d'un Dictionnaire de référence, mène une restauration radicale et interprétative. Il reconstitue les portails d'entrée, restitue les vingt-huit statues de la Galerie des Rois, refait les statues de la balustrade : Vierge, anges, Adam et Eve.
L'art néo-gothique reproduit un « vrai-faux » Moyen Age.
Nouvelle flèche construite par Viollet-le-Duc en 1859, quatre-vingt-seize mètres de hauteur. Gravure tirée de la revue illustrée par Léopold Flameng, "Paris qui s'en va et Paris qui vient", Paris,Cadart, 1860.

Un bestiaire fantastique

Les gargouilles sont des éléments utilitaires, placés aux extrémités des gouttières,dès l'origine.
Au contraire, les statues des chimères datent de 1853 et sont simplement décoratives. Viollet-le-Duc veut restituer des éléments médiévaux qui n'ont jamais été réalisés. Sorties de son imagination romantique, les chimères, ces êtres hybrides de la mythologie gréco-romaine, symbolisent l'esprit du mal.

Cinquante quatre animaux chimériques fixés sur la balustrade de la grande galerie et au sommet des tours.

Héliogravures, Louis Gonse, "L'Art gothique", Paris, Quantin,1890.

UNESCO

Depuis 1991, les rives de la Seine et les monuments qui les jalonnent, dont Notre-Dame de Paris, sont inscrits sur la liste du Patrimoine mondial par l'UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture).
Vue de Paris à vol d'oiseau, île de la Cité entre deux bras de la Seine, rive droite et rive gauche, monuments distinctifs. Lithographie, "Paris dans sa splendeur", Paris, Charpentier, 1861.

Au cœur de Paris

Vue de la place Maubert, quartier latin, cinquième arrondissement de Paris. Eau-forte réalisée par Lucien Gautier, "Paris pittoresque", Alfred de Champeaux, Paris, Rouam, 1883.

Fin...

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