Loading

Le Capital

On peut définir le capital comme un ensemble de biens et de richesses, qui ont une valeur et qui peuvent donc rapporter des revenus. Cela dit, les termes « biens », « richesses », « valeur » et « revenus » sont tous très abstraits en soi et dépendent du système instauré par l’humanité pour procéder à des échanges depuis la fin du troc : la monnaie.

Le principal défaut du troc est qu’il faut que deux entités soient équitablement intéressées par les biens mutuels possédés et donc prêts à les échanger. Sans cette équitabilité, il faut passer par un intermédiaire pour combler le déficit de valeur existant entre les biens. C’est ainsi qu’ont pu être utilisés des matériaux rares comme des métaux, l’ambre, le nacre, des os, des coquillages, des plumes ou des objets manufacturés. Le matériau le plus connu qui a pu servir de base aux échanges est le sel.

La première monnaie connue fut établie dans le royaume de Lydie, au sein de l’actuelle Turquie, au VIIe siècle avant J.-C. Il s’agissait de morceaux de métal de poids et formes identiques dotés d’un sceau : les ancêtres des pièces de monnaie.

Avec l’intensification des échanges internationaux, les banques ont pris de plus en plus d'importance depuis la Renaissance. Venise, ville indépendante à l’époque, est devenue la première place bancaire de l’Histoire, en permettant d’arbitrer les cours de l’or et de l’argent entre l’Orient et l’Occident.

Le XXe siècle verra progressivement le système d’indexation des monnaies sur l’or disparaître dans tous les pays. Même le dollar n’est plus fixé sur l’or depuis les accords de Kingston en 1976, qui permettent donc l’abandon des taux de changes fixes et de l’or. Depuis, la valeur d’une monnaie dépend donc entièrement de la confiance qu’ont en elle ses utilisateurs.

Il reste une notion intimement liée aux concepts d’argent, de biens, de richesse et de valeur : c’est celle du travail. Lorsqu’un homme, plusieurs milliers d’années en arrière, propose d’acheter quelque chose contre un coquillage sculpté, il compte sur la valeur que son travail de sculpture peut représenter pour le vendeur. Si la transaction se fait, le vendeur se débarrasse d’un bien et en acquiert un autre, empreint de savoir-faire.

C’est cette question du travail qui est au cœur du plus célèbre ouvrage économique de l’Histoire : Le Capital de Karl Marx, publié en 1867. Pour Karl Marx, le système économique repose sur l’investissement (en moyens humains et matériels) pour produire des biens qui seront vendus plus cher que l’investissement initial. Cette plus-value entre l’investissement et le revenu final constitue le profit. Pour Karl Marx, s’il y a une différence entre l’investissement et le revenu, c’est que l’employeur ne rémunère pas le travailleur à la hauteur de son travail : il l’exploite. En effet, si le système était juste, cette différence ne devrait pas exister. Elle est le fruit d’un rapport de force qui aboutit à l’aliénation du travailleur.

« L’ouvrier devient d’autant plus pauvre qu’il produit plus de richesse, que sa production croît en puissance et en volume. L’ouvrier devient une marchandise d’autant plus vite qu’il crée plus de marchandises. La dépréciation du monde des hommes augmente en raison directe de la mise en valeur du monde des choses. Le travail ne produit pas que des marchandises ; il se produit lui-même et produit l’ouvrier en tant que marchandise, et cela dans la mesure où il produit des marchandises en général. »

Karl Marx, Manuscrits de 1844, 1932

Anabase / Catabase

Traduit du grec ancien, anabase signifie « montée » ou « ascension ». Le terme est issu de l’ouvrage du même titre de l’auteur grec Xenophon publié au IVe siècle avant notre ère. Dans cette biographie romancée du général perse Cyrus le Jeune, Xenophon raconte l’épopée de 10 000 mercenaires grecs à travers les montagnes de l’Arménie (une ascension) et jusque Babylone, ainsi que leur retraite. Par extension, le mot anabase a servi à qualifier le mouvement d’une armée puis son repli. Dans les religions, c’est l’idée originelle de l’ascension qui est restée, l’anabase évoquant ainsi une élévation de l’âme, vers les différents paradis, terrestres ou célestes, selon le contexte.

Ainsi, on comprend que le terme contraire, catabase, va figurer une descente de l’âme vers les Enfers. Si on pense en premier lieu à Orphée allant chercher Eurydice, cette descente peut avoir plusieurs buts, initiatiques, chamaniques, symboliques… Revenir du Royaume des morts devient aussi une anabase, une victoire de la vie sur la mort.

L'immortalité

Questionnement fondamental inhérent à la condition humaine, ce qui suit la mort a donné lieu à de multiples hypothèses et théories, qu’on peut séparer en deux catégories : la question de l’immortalité de l’âme, d’un point de vue philosophique, et celle de l’immortalité du corps, d’un point de vue plus scientifique.

Toutes les civilisations et toutes les religions ont en commun de s’être demandé ce qu’il y avait après la mort. Cet espoir de vivre – sous une forme ou une autre – malgré la mort rassemble l’humanité autour de certaines croyances. Les exemples sont innombrables, mais on pourrait commencer par la mythologie grecque, dans laquelle les dieux ont justement cette caractéristique principale d’être immortels. L’un d’eux est Thanatos, le Dieu de la mort. Ce dernier est pourtant piégé par Sisyphe qui le menotte pour éviter un châtiment mortel, offrant par la même occasion un sursis à de nombreuses personnes qui ne peuvent pas être emportées par Thanatos. Zeus punit Sisyphe en le condamnant à pousser éternellement un rocher en haut d’une montagne, tâche impossible car le rocher redescendra toujours avant d’arriver au sommet.

On peut aussi citer l’Égypte ancienne, avec les pyramides qui permettaient de faciliter le passage dans l’au-delà des pharaons ; le christianisme, qui est fondé sur la résurrection du Christ ; ou encore le bouddhisme, qui propose l’idée de la réincarnation mais aussi la perspective d’atteindre le nirvana, état de sublimation au-delà de la vie et de la mort. Il est intéressant de noter que dans le cas de ces deux religions, l’immortalité peut être espérée via le renoncement à soi. Dans la religion chrétienne, Jésus invite en effet à se sacrifier au profit des autres, à vivre dans l’Amour pour vaincre la mort.

« Celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de la bonne nouvelle la sauvera. »

Marc 8, 35

Ainsi, pour rejoindre l’idée de Platon selon laquelle seules les idées sont immortelles, il semblerait que l’immortalité soit possible via l’esprit et non via le corps.

D’un point de vue scientifique, l’immortalité – ou du moins la possibilité de vaincre la mort – est une quête qui passe au contraire par la préservation du corps. Les progrès de la médecine ont permis de repousser la vieillesse de façon spectaculaire : il y a 250 ans, l’espérance de vie n’était que de 25 ans, contre 80 ans aujourd’hui ! À ce rythme, pourrions-nous vivre 200 ou même 1 000 ans d’ici quelques siècles ?

Les pistes pour prolonger la vie sont à chercher principalement du côté de la génétique (existe-t-il un gène qui empêcherait le vieillissement ?) et de la réparation des cellules malades. Le clonage de parties du corps – voire du corps entier – pourrait aussi peut-être permettre à l’humanité d’atteindre ce but.

Enfin, et c’est l’hypothèse la plus « réaliste » à l’heure actuelle, il semblerait que nous soyons un jour en mesure de sauvegarder nos mémoires dans des ordinateurs, devenant ainsi éternels… en tant que machines.

Intelligence Artificielle

Impossible de parler d’intelligence artificielle (IA) sans parler de l’ordinateur. Et impossible de parler d’ordinateur sans parler d’Alan Turing. Longtemps restée dans l’oubli, l’histoire de ce mathématicien exceptionnel a été popularisée en même temps que la révélation, dans les années 1970, de sa contribution au décryptage de la machine nazie Enigma. Ce sont ses travaux, dans les années 1940 et 1950, qui sont à l’origine des premières machines à calculer, et donc des ordinateurs. Déjà à cette période, il écrivait et tenait des conférences sur le sujet de l’IA. Turing meurt précocement en 1954 à 41 ans, empoisonné au cyanure dans des circonstances mystérieuses : accident lors d’expérimentations ou suicide ? Cette dernière a longtemps été mise en avant car Turing a été condamné pour homosexualité à la castration chimique par œstrogènes, subissant des effets secondaires très durs dans les derniers mois de sa vie.

La première grande victoire pour l’IA a eu lieu le 11 mai 1997, lorsque le plus célèbre joueur d’échecs de tous les temps, Garry Kasparov, fut vaincu par un ordinateur conçu par IBM : Deep Blue. Cette défaite pour l’humanité est la première grande victoire pour le monde des machines ; le moment où l’on se rend compte que l’intelligence n’est pas l’apanage de notre espèce mais que nous pouvons aussi la créer. Cette victoire de l’IA fut prédite par Ray Kurzweil dès 1990, parmi de nombreuses autres prévisions, telles que l’apparition des moteurs de recherche, de la traduction simultanée, de la reconnaissance vocale, et plus encore. Sorte de Nostradamus de l’informatique, Ray Kurzweil dirige l’ingénierie de Google depuis dix ans. Pour le futur, il envisage d’ailleurs que certaines pistes évoquées précédemment puissent s’avérer réelles, comme la nanotechnologie, la cryogénie et la sauvegarde de personnalité sur disque dur.

Si le fantasme de créer une intelligence en dehors de la nature permettrait à l’Homme, d’une certaine façon, de s’affranchir de Dieu (de le vaincre ?), les dérives d’une intelligence supérieure ont ainsi alimenté l’imaginaire de nombreux réalisateurs et écrivains depuis des décennies.

Quitter la Terre

Le plus grand défi du XXIe siècle est sans aucun doute la capacité qu’aura l’humanité à garder la planète vivable, notamment en maîtrisant le réchauffement climatique tout en faisant face à l’augmentation exponentielle de sa population. Un échec, à plus ou moins long terme, conduirait l’humanité à devoir se trouver un autre endroit où vivre si elle veut perdurer en tant qu’espèce.

Stephen Hawking, dans ses dernières interventions publiques, évoquait notamment la nécessité pour l’Homme d’avoir des colonies sur la Lune d’ici 2050, et sur Mars d’ici 2100. La vie sur ces astres étant impossible en surface, il faudrait construire des villes souterraines, ce qui semble, à l’heure actuelle, très loin de nos capacités.

Plusieurs auteurs de science-fiction ont donc, au cours du XXe siècle, imaginé des dispositifs qui permettraient aux hommes de vivre en dehors de la planète Terre. Parmi eux, certains semblent « réalisables », du moins en théorie, et ont été développés par des scientifiques.

Le cylindre d’O’Neill pourrait prendre la forme d’un tube de trois kilomètres de diamètre sur trente de longueur. En orbite autour de la Terre ou d’une autre planète, cette structure serait auto-suffisante car on pourrait y produire tout ce qu’il faut pour vivre, en utilisant l’énergie solaire pour produire l’électricité nécessaire à son fonctionnement. Le principe repose sur la rotation de ce cylindre, à la vitesse d’1,9 tour par minute, afin de reproduire la gravité terrestre.

Dispositif encore plus ambitieux, la sphère de Dyson serait construite directement autour d’une étoile – le Soleil dans un premier temps. Cette construction pourrait soit être uniquement une station électrique qui capterait l’énergie du Soleil pour la transmettre à des cylindres d’O’Neill, soit une sorte d’exoplanète sur laquelle vivrait l’humanité, dans l’hypothèse où la Terre ne serait plus habitable ; hypothèse qui s'avèrera probablement un jour, malheureusement, exacte. 

Avec le soutien de

The Everted Capital (Katabasis) 02-04-2022 - 04.09.2022

© 2022 Casino Luxembourg