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Un sauvetage avec SOS Méditerranée Un reportage photo de Jérémie Lusseau / Hans Lucas

Depuis sa création en 2015, SOS Méditerranée mène des missions de recherche et de sauvetage en Méditerranée. L’ONG secourt des femmes, des hommes et des enfants qui tentent la traversée de cette mer, devenue la route migratoire la plus meurtrière au monde. La tradition marine veut que le sauvetage en mer soit inconditionnel. Une valeur partagée par le Département de Loire-Atlantique, territoire maritime et soutien de SOS Méditerranée. Voici un reportage réalisé en mars à bord de l’Ocean Viking, navire de l’ONG. L’équipage a alors pu sauver une centaine de personnes, venues chercher en Europe des vies meilleures.

Préparatifs

A bord de l’Aquarius durant plusieurs années et aujourd’hui de l’Ocean Viking, les équipes de SOS Méditerranée, composées aussi bien de marins-sauveteurs que de personnels médicaux, de soin et de médiation culturelle, sont venues en aide à des centaines d’embarcations en détresse à bord de leur navire ambulance, secourant ainsi plus de 33 000 personnes.

Se tenir prêt·es

10 mars. Dès son départ du port de Marseille, l’équipage de l’Ocean Viking s’entraîne à tous les scénarios de sauvetage à bord de ses bateaux semi-rigides d’intervention rapide.

La veille

La veille s’organise. Une fois dans la zone de recherche et de sauvetage, au large des côtes libyennes, la surveillance démarre : radars, caméras thermiques, jumelles : tout est mis en place pour tenter de repérer des embarcations en détresse, qui ne sont souvent que des points vacillants à l’horizon.

106 sur un bateau pneumatique

20 mars. Après un premier sauvetage de dix personnes trois jours plus tôt, un bateau pneumatique à la dérive est repéré dans la matinée. À son bord 106 personnes, enfants, femmes et hommes.

Sauvetage

État de l’embarcation, santé des naufragé·es à bord, dégradation potentielle de la météo, mouvements de foule... de nombreux paramètres sont à prendre en compte par les sauveteuses et sauveteurs. Les opérations peuvent vite devenir critiques et la moindre erreur peut être tragique. Après une stabilisation de la situation, des gilets de sauvetage sont distribués à chaque personne avant d’entamer le transfert vers l’Ocean Viking. Il s’opère par petits groupes, les plus vulnérables en priorité.

Premiers soins

Une fois sur le pont, les équipes médicales et d’accueil prennent en charge les rescapé·es. Un module médical permet d’apporter tous les soins nécessaires et de mener aussi bien des consultations courantes que des interventions d’urgence. Cette petite fille berbère de Libye a été auscultée par l’équipe médicale, sur les genoux de sa maman.

L’équipe médicale prend en charge les personnes nécessitant une attention médicale urgente.

A l’autre bout du pont, l’équipe de soin distribuent des sacs contenant des vêtements et des produits d’hygiène aux rescapé·es et les invitent à aller se réchauffer et se changer, après avoir noté leur âge, leur nationalité, et leur avoir donné des bracelets permettant notamment d’identifier les mineur.e.s non accompagné·es.

Peu à peu la tension retombe et nombreuses sont les personnes qui s’allongent sur le pont ou s’adossent au bastingage, prenant conscience que leur calvaire en mer est terminé. Les témoignages indiquent qu’elles y auront passé une dizaine d’heures, principalement de nuit, avant d’être secourues. De l’eau, des thés chauds et des rations alimentaires de survie leur sont distribuées ainsi que des couvertures qu’elles ne tarderont pas à aller installer dans les refuges où elles passeront leur première nuit.

Témoignages

« Je préfère me noyer que retourner en Libye »

Si chaque parcours et chaque histoire sont uniques, les récits traduisent de manière unanime les épreuves traversées pendant le parcours migratoire et « l’enfer » vécu en Libye.

Une fois hissé·es à bord de l’Ocean Viking, les premiers mots que les rescapé·es entendent, en anglais « You are safe now » (Vous êtes en sécurité maintenant), en français « C’est fini » ou encore en arabe « Khalas Libya » (La Libye c’est fini), portent le même message : l’enfer libyen qu’ils et elles fuient est désormais derrière.

Une équipe est désormais mobilisée pour des rondes sur le pont 24h/24h. L’idée est de s’assurer que les rescapé·es vont bien, mais aussi plus simplement de discuter, identifier les personnes souffrant de traumatismes et nécessitant une prise en charge afin de les orienter au mieux.

Les témoignages commencent à se faire entendre peu à peu sur les épreuves et les atrocités vécues ces dernières semaines, mois, années. Torture, kidnapping, demande de rançons, viols, membre de la famille ou ami·es tué·es ou disparu·es... Chaque récit glace le sang. Chacun est unique mais l'ensemble forme une mosaïque d’horreur au cœur de laquelle revient comme un mantra ce terme : «L’enfer libyen».

Parenthèse

En attendant leur débarquement dans un « port sûr », comme le stipule le droit international, des naufragé·es lisent, chantent et reprennent des forces. Une parenthèse suspendue avant la reprise de parcours migratoires, parfois difficiles.

Augusta, Sicile

23 mars : c’est au port d’Augusta en Sicile que l’Ocean Viking peut débarquer les 116 naufragé·es, qui vont démarrer une nouvelle étape de leur quête pour une vie meilleure. Depuis 2015, SOS Méditerranée a porté secours à près de 33 000 personnes. Soutenue par de nombreuses collectivités locales comme le Département de Loire-Atlantique, elle l’est aussi par de plus en plus de citoyens et citoyennes.

Pour plus d'informations, vous pouvez visitez le site de SOS Méditerranée et aussi y faire un don:

www.toussauveteurs.org

Photos : Jérémie Lusseau - Textes : Jérémie Lusseau - Alexia Rabu

Created By
Paul Pascal
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