Décidément, ce vaccin cristallise toutes les craintes/haines/ignorances des opposants à la vaccination. Nous venons de recevoir, de la part de certains de nos followers, un nouveau document qui s’élève contre la vaccination contre le hpv.
Le texte complet de cet appel est disponible ici. Article déjà partagé à foison dans les réseaux antivax, relayé encore et encore par les auteurs qui se repartagent entre eux les publications des copains. Une mécanique bien huilée pour faire circuler l’information. Ce texte a, de plus, été repris par la journaliste Vanessa Boy-Landry sur le site de Paris-Match. Souvenez vous, elle a déjà commis cet article qui a depuis été supprimé du site du journal pour des raisons inconnues ainsi que cet article qui reprend déjà un appel dont les auteurs ne vous seront pas inconnus.
Avant de commencer, nous aimerions rappeler ici que les vaxxeuses sont un collectif de parents et de citoyens concernés par la propagande antivax qui sévit sur les réseaux sociaux. Nous n’avons aucun lien de près ou de loin avec l’industrie pharmaceutique. Nous aussi sommes indépendantes.
Les associations impliquées
Ah, diantre ! Première chose qui apparaît, quand on scrolle, c’est une liste d’associations. On pourrait penser qu’il s’agit d’associations qui soutiennent ces 15 personnes, mais quand on regarde le texte intégral de leur appel, elles n’y apparaissent plus.
Il s’agit en fait de la liste des associations qui soutiennent l’appel des 50 pour la généralisation du remboursement de ce vaccin ! Elles ne sont citées ici que pour être mises en accusation. En effet en scrollant encore un peu, on voit apparaître un tableau avec les sommes qu’elles ont reçues. Mais à quel titre, de la part de qui, sur quelle durée, etc, etc, rien ne permet de le savoir. Est-il donc honnête de les mentionner, sans plus de précision ?
D’autant plus que d’autres associations, comme la société française de colposcopie et de pathologie cervico-vaginale s’est publiquement engagée en faveur de la vaccination anti hpv. Mais étrangement, aucune mention n’en est faite ici bien qu’elle soit directement concernée.
Les signataires
Voyons voir... Oh ! Mais qui trouve-t-on déjà dans une lettre ouverte aux députés, pour s’opposer à l’extension de l’obligation vaccinale ? Regardez donc ! Déjà plusieurs de ces médecins.
Faisons quelques recherches sur ces “médecins indépendants” grands consommateurs de médias, de réseaux sociaux et de communications électroniques. Nous allons en apprendre beaucoup sur leurs opinions.
Dr Claudina Michal-Teitelbaum
Nous voyons déjà que son positionnement sur les vaccins est très orienté, comme lorsqu’elle participe comme “caution scientifique” à un ouvrage soutenu par le REVHAB, une association d’opposants à la vaccination. Voici l’introduction de cet ouvrage de référence sur Amazon ( 21€90 ) :
On y trouve la rhétorique habituelle antivax : effets indésirables graves non reconnus, “dogme” vaccinal, etc. Ce médecin est également relayée par le blog belge Initiative Citoyenne, dont le manque d’objectivité et de rigueur scientifique sont bien connus. Elle y cite d’ailleurs beaucoup un autre participant à cet appel : Jean-Claude Grange. Elle a écrit quelques articles sur le blog de son confrère dans lesquels on retrouvera quelques classiques arguments antivax comme le négationnisme de l’éradication de la variole par la vaccination.
A ce sujet, nous vous recommandons la lecture de cet article d’un médecin qui démonte en règle cet argument éculé des antivax mais qui a toujours son petit succès. Ici, tout est dans les détails. Elle ne dit pas que la vaccination n’a pas fonctionné, mais que la vaccination “de masse” n’a pas fonctionné. Et c’est totalement faux. Car oui, dans la grande majorité des pays, la vaccination de masse a parfaitement fonctionné, mais il a fallu utiliser le principe de la vaccination en anneaux ( stratégie de surveillance endiguement ) dans les cas où on a pas pu atteindre une couverture vaccinale suffisante.
Philippe de Chazourne
Il lance une pétition en 2014 contre le vaccin anti hpv et la relaie largement dans les médias.
Il s’est déjà opposé à ce vaccin, par exemple dans cet article de blog. D’ailleurs on trouve sur son blog une bonne quinzaine d’articles sur la vaccination contre le hpv, notamment dans celui-ci, où il se réfère au Dr Delepine dont le manque de pertinence sur le sujet n’est plus à démontrer. Nous ne pouvons que vous conseiller à ce sujet la lecture de cet excellent article de Bioweb.blog, ou cette vidéo de Medifact.
Christian Lehmann
Auteur et médecin abonné aux apparitions dans les médias, il s’insurge surtout contre l’obligation. Mais le problème reste le même : faut-il laisser le temps aux maladies de faire des victimes, en attendant que la pédagogie contre les arguments antivaxx porte ses fruits ? Il est l’auteur de ce blog.
Il s’étale également en long et en large sur Twitter sur de nombreux sujets, dont la vaccination. On trouve quelques Tweets où il exprime ses doutes vis à vis du vaccin contre l’hépatite B, et bien entendu, contre le vaccin contre le hpv.
Alors oui ce tweet date un peu, mais déjà à l’époque on trouvait des études qui montraient l’innocuité de ce vaccin.
Sylvain Fèvre et Martin Winckler
Ils sont aussi connus pour appartenir au Club des Médecins Bloggueurs. Le nom d’un auteur nous ayant surpris : “l’école des soignant.e.s”, nous avons cherché les personnes impliquées dans cette école... et Google nous a fait ressortir un blog, animé par... Martin Winckler ! Il y signe plusieurs articles. La position de Martin Winckler et les propos qu’il a tenu sur le Gardasil lui valent déjà des réactions du personnel soignant, comme ici.
Sylvain Fèvre quant à lui écrit également sur son propre blog. On y trouve quelques articles traitant de la vaccination, comme celui-ci dans lequel on peut lire cette petite phrase anodine au sujet du vaccin ROR :
Même s'il dit le proposer systématiquement, le simple fait de mentionner les soupçons qui pèsent sur ce vaccin ne peut que les remettre en avant. La formulation est, à minima, maladroite.
On pourrait croire qu’il fait partie des médecins qui insinuent qu’il y a des suspicions sur un lien entre vaccin ROR et autisme. On croit rêver. On trouve encore ce genre de réflexion au sujet de la mise en place de l’obligation du vaccin contre la rougeole quelques lignes plus bas :
D’une part, la mortalité liée à la rougeole s’est limitée à 10 décès en 8 ans grâce à la présence d’une couverture vaccinale déjà non négligeable.
D’autre part, on a un moyen bon marché et efficace de se prémunir à vie des accidents domestiques, pas vrai ? C’est bien connu. Et c’est tout à fait comparable ... Alors que non, ça ne l’est pas du tout en fait.
Rémi Boussageon, Marie Fiori, Sylvie Erpeldinger
Avec une quatrième personne, ils ont rédigé cet article, dont le bilan est ici
Que les labos militent pour l’utilisation de leur produit, c’est tout à fait logique. Mais les agences de santé ? Peut-être est-ce parce qu’elles font leur travail, de veiller à la santé publique ?
Jean-Baptiste Blanc
Il doutait déjà de l’utilité et de l’efficacité de ce vaccin lors de cet article. Il s’est également élevé contre l’extension de la vaccination obligatoire avec une pétition qui a recueilli 2700 signatures. Mais en parcourant les articles de son blog, on trouve par-ci par-là quelques petites réflexions vues et revues dans le discours antivax :
Une fois de plus un bon mix de cherry picking et de sophisme de la solution parfaite qui écarte tout un aspect de la problématique.
Jean-Claude Grange
Alias Docteurdu16, qui a publié déjà cet article contre les 11 vaccins obligatoires. La vaccination est un des sujets de prédilection de monsieur Grange. Sujet qu’il aborde en usant de tous les arguments fallacieux classiques des antivax, comme par exemple user de courbes de mortalité pour affirmer sans sourciller qu’une maladie a disparu, alors que c’est la morbidité qui renseigne sur la disparition des maladies. L’évolution de la mortalité renseigne sur la qualité des soins. Nous vous proposons de relire notre article sur ce vieil argument antivax éculé.
Ajoutons à cela l’argumentaire sur l’hygiène et l’eau potable qui auraient quasi éradiqué la rougeole. Rappelons ici que la rougeole est une maladie au facteur R0 (la contagiosité) le plus élevé (un malade peut contaminer entre 15 et 20 personnes), que c’est une maladie qui se transmet par voies aériennes, et qu’on peut contracter la maladie en entrant dans une pièce jusqu’à 2 heures après qu’un malade y soit passé.
Armel Sevestre
Il a participé, entre autres, à ce forum. Vous noterez, parmi les autres participants, la présence de figures connues de l’antivaxxisme. Que l’indépendance des médecins vis-à-vis des labos soit nécessaire est une chose. Mais ce n’est pas parce qu’un médecin préconise un produit d’un labo qu’il est forcément à sa solde.
Amine Umlil
Il est pharmacologue. Parle dans un de ses livres des 20 000 morts par an liés à la prise de médicaments. Si quelqu’un a lu son ouvrage, parle-t-il des erreurs des patients qui décident de prendre tel ou tel médicament restant dans leur pharmacie sans l’avis de leur médecin ?
Il participe aussi à cette association qui recense les scandales.... enfin... certains oui... D’autres ? Que voit-on ? Il mentionne le licenciement de la lanceuse d’alerte du Remera, sans tenir compte du fait que la méthodologie et la rigueur scientifique de cette personne laissent à désirer. Si vous regardez l’onglet “membres” de cette association, vous y trouverez un certain R. Gherardi.
Joël Pèlerin
Il est médecin généraliste... et participe à des colloques avec le Dr De Chazourne, au sujet du Gardasil. Colloque sous la houlette, entre autre, de G. Bapt, dont l’article alarmiste sur l’effet soit disant cancérigène du Gardasil est démonté dans la vidéo de Médifact que nous avons citée plus haut.
Il a aussi participé à la lettre contre l’extension de l’obligation vaccinale comme ses petits camarades.
Marc Gourmelon
Qui a donc lui aussi déjà signé la lettre contre l’extension de l’obligation vaccinale. Médecin généraliste à la retraite, il est membre fondateur du collectif Cancer Rose qui alerte sur les problèmes causés par le dépistage du cancer du sein.
Alors faisons un petit bilan à ce stade.
Combien de personnes avons-nous donc ici en tout ? 15 !
Combien y a-t-il de médecins en France ? 226 000
Combien y a-t-il de pharmaciens en France ? 7600
Ces signataires sont donc loin d’être majoritaires, ou représentatifs de leur profession.
Mais soit. Après cette petite présentation des signataires de cette lettre contre la vaccination HPV, analysons donc le fond du problème.
Les arguments
Argument 1 : Non signalement des conflits d’intérêt de certains des auteurs de l’appel des 50.
Ma foi... sachant que, par exemple, pour Infovac, ces documents sont directement disponibles sur leur site... Cela ne nous choque pas plus que ça. Il suffit d’un “clic” ou deux en plus pour les trouver. De plus, si on consulte, “au hasard”, la fiche d’une des personnes, ici le Pr Cohen, on voit qu’il reçoit une partie des sommes trouvées... pour donner des conférences, ou des conseils, apporter son expertise, etc. Est-ce anormal, qu’une entreprise sollicite des spécialistes d’un domaine pour former des utilisateurs de ses produits, des collaborateurs, pour avoir des conseils éclairés sur les pistes de recherche à suivre ?
Le document sur lequel sont reportées les sommes perçues est illisible, peut-être est-ce fait sciemment par les créateurs de cet appel ? Il est donc impossible de vérifier les chiffres avancés et surtout de savoir à quoi les sommes correspondent. Ce qui est fort probable, c’est que ces sommes ont servi à financer la recherche clinique.
Une recherche clinique, c’est la recherche qui a lieu sur des volontaires humains. Elle a donc nécessairement lieu dans des hôpitaux et y est faite par les médecins cliniciens qui y exercent. Cela leur prend une partie de leur temps de travail. Mais ce temps de travail est payé par la collectivité car les médecins sont payés par la collectivité. La collectivité n’a pas vocation à payer les recherches des labos pharmaceutiques privés.
Il faut bien garder à l’esprit que sans les labos pharmaceutiques, il n’y aurait pas, ou peu, de développement de nouvelles thérapeutiques. Et sans médecins pour les tester en clinique, pas de possibilité d’évaluer leurs effets.
Le système est donc le suivant : les médecins testent les thérapeutiques en pratique clinique et les services/sociétés dans lesquels ils exercent sont dédommagés par les laboratoires proposant les thérapeutiques à l’étude pour le temps que cela a pris aux médecins qui y travaillent.
C’est ainsi que fonctionne la plus grande partie de la recherche clinique. Depuis très longtemps, partout dans le monde, pour toutes les thérapeutiques. Mais peut-être que les 15 signataires ne sont pas très au fait de comment fonctionne la recherche.
Bien que cela soit difficilement vérifiable vue la “qualité” du document mis à disposition par l’appel des 15, nous pensons que l’immense majorité de ces sommes correspond à ces dédommagements pour temps passé à la recherche clinique.
Ici, il s’agit plus d’une attaque sur la forme que sur le fond. Car oui, la loi oblige à déclarer les sommes perçues. Si cet argument peut être recevable, nous manquons ici cruellement d’informations pour se forger un avis. Ce que ne font pas nos quinze signataires qui font automatiquement le raccourci “non mention des conflits d’intérêt” = “mensonge au sujet du vaccin hpv”.
Argument 2 : le choix des signataires de l’appel des 50.
Nous voyons ici apparaître cet argument :
Nous sommes au regret de devoir dire que cet argument démontre une chose : la méconnaissance du sujet par les 15 auteurs du droit de réponse. Comme mentionné sur l’appel des 50, voici les principales conséquences de l’infection par le HPV :
Oui, les urologues sont concernés par les cancers du pénis. Les sociétés de néonatalogie, etc, par les risques d’accouchement prématuré et de fausse couche, en cas de cancer, les greffe de moëlle peuvent être à envisager, il n’y a pas d’âge pour être concerné par ce cancer...
Pour ce qui est des méningites, nous avouons notre ignorance, même si cet article qui montre aussi un lien entre le HPV et les cancers de la tête et du cou, semble indiquer que le HPV peut agir loin des zones habituellement connues, d’autant que le lien entre HPV et cancer ORL est aussi indiscutable, comme indiqué dans le document que nous avons mis en copie. Qui plus est, l’association en question milite pour les vaccins d’une manière générale. Donc focaliser sur celui-là est une exagération.
Ensuite, oui, les syndicats ont pour rôle la défense de leur profession. Mais ils peuvent aussi agir au nom des membres de la profession pour présenter des revendications, ce qui est bien le cas ici.
Les auteurs de l’appel des 15 sont tous généralistes. Peut être devraient ils se renseigner sur ces pathologies auprès des personnes qui doivent les traiter.
Argument 3 : conflit d’intérêt autour du vaccin contre le HPV, avec suspicion de collusion Etat/Labo.
Les auteurs annoncent en effet :
Il est par contre fort dommage qu’ils ne donnent pas d’autres précisions que ce qui est dans cet article. Il est encore plus dommage qu’ils ne donnent pas la synthèse du Groupe de Travail sur la vaccination contre le papillomavirus :
Où l’on voit bien que l’utilisation du vaccin, en plus du dépistage, sont deux pistes à associer pour lutter contre les cancers du col de l’utérus. Et au fait : pourquoi citer un rapport de 2007, alors qu’il y en a un plus récent ? Oui, oui en 2014 ! Et voyez ce qu’il préconise :
C’est quand même bizarre, ce choix documentaire ancien, vous ne trouvez pas ? Faut-il y voir une sélection arbitraire des sources pour appuyer le propos des auteurs ?
Argument 4 : L’efficacité du vaccin pour stopper l’apparition des cancers liés au HPV n’est pas prouvée.
D’après les auteurs, les essais cliniques (“accélérés”), n’avaient pas pour critère d’évaluation les effets sur le cancer. Comment dire ???? La cancérogénèse est un processus très long, qui se déroule sur des dizaines d’années. Dans le cas du cancer du col de l’utérus, ce processus passe souvent par l’apparition de lésions précancéreuses qui vont elles-mêmes, dans un certain nombre de cas dégénérer en cancer.
Les premières études de masse datant d’il y a environ une dizaine d’années n’ont montré pour l’instant qu’une réduction des lésions pré-cancéreuses et pas encore des cancers. Mais comme les lésions pré-cancéreuses sont l’étape précédant celle du cancer, cette diminution des lésions pré-cancéreuses va se traduire dans le futur par une diminution des cancers. On dit que les lésions précancéreuses sont des marqueurs de substitution (surrogate marker) des cancers.
Nous atteignons ici un summum du cherry picking. Les auteurs de ce “Droit de réponse” citent un rapport du Groupe de Travail.... mais ont manifestement oublié de le lire en entier. Parce que, page 25, on y trouve ceci :
Oui, vous lisez bien : le document fourni par les auteurs du “Droit de réponse” dit exactement le contraire de ce qu’ils affirment. Si le lien de causalité entre le cancer du col de l’utérus et les HPV est établi... en diminuant l’incidence des lésions, on diminue fatalement les cancers liés au virus. Comme nous l’avons dit un paragraphe plus haut. Nous avions déjà dû étudier ce genre de rhétorique en étudiant un article de l’AIMSIB.
Et puis est-ce bien sérieux de se rabattre sur les notices des vaccins :
Alors qu’il y a des études scientifiques disponibles ? Comme celle-ci, par exemple, qui montre une diminution de l’incidence des Cin2 (lésions de haut grade, donc peu avant le cancer), au Japon. Ou encore celle-là, de l’Institut Cochrane, qui montre le même résultat.
Pour ce qui est de l’étude “accélérée” du dossier du vaccin, il s’agit de la procédure de Fast Tracking, qui ne consiste pas à “sauter” des étapes, mais à accompagner l’entreprise qui dépose la demande d’homologation, pour que le dossier soit complet, et à l’examiner dans des délais plus courts.
Argument 5 : Des artifices de communication propres au marketing
Ici, les auteurs du droit de réponse pointent sur le coût, en insistant lourdement sur les bénéfices du fabricant du Gardasil :
Comme vous pouvez le voir, ils mettent les chiffres des recettes de vente du Gardasil A L’ECHELLE MONDIALE pour parler de la situation française seule. Jolie manipulation, pour faire penser que ce coût sera assumé par les contribuables français, alors que ce n’est pas le cas.
Or, comme nous l’avions déjà vu avec les débunks des vidéos de T. Casasnovas, ce n’est pas le chiffre d’affaire qu’il faut regarder, mais le bénéfice fait, c’est-à-dire ce qui reste dans les caisses du fabricant une fois tous les frais payés. L’économie de 500 millions se base sur le coût des traitements des lésions et cancers qui seront évités. L’hypothèse n’est donc pas forcément hasardeuse, d’autant que l’exemple de l’Australie montre que la chute des lésions est nette. Si on met en balance les 180 millions d’euros du coût de la vaccination, le bénéfice est quand même net.
Il est aussi mentionné un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique, non en faveur de la vaccination des hommes hétérosexuels. Néanmoins, ce rapport précise bien que la recommandation est susceptible d’évoluer, en fonction de nouvelles données. Qui sait, la France suivra peut-être l’Australie, où les garçons peuvent être vaccinés depuis 2013 ?
Argument 6 : Les risques d’effets secondaires du vaccin : Syndrome de Guillain Barré, ce vaccin est fait chez les jeunes alors que le cancer ne concerne que les plus âgés, sous notification des effets secondaires, etc, etc.
Nous l’avions aussi déjà vu dans notre article sur l’AIMSIB. Ce vaccin est très surveillé, il a fait l’objet d’une pharmacovigilance renforcée. Le bilan est rassurant. Même si le risque zéro n’existe pas, le seul risque significatif est celui de syndrome de Guillain Barré.
Et là encore, le rapport indique que la balance bénéfice/risque est très nettement en faveur du vaccin. Et au fait, les 15 auteurs citent un rapport de la “Réunion du Comité technique de Pharmacovigilance – CT012015103 Séance du mardi 17 novembre 2015. Le tout pour parler des doutes sur la sécurité de ce vaccin. Mais pourquoi ne pas l’avoir lu en entier ?
C’est toujours pareil : il faut comparer les groupes vaccinés et non vaccinés, et non focaliser sur les signalements faits chez les vaccinés. Les auteurs avancent aussi une forte sous notification. Mais pour les personnes suivies par l’étude, cela ne peut pas exister, vu qu’elles étaient suivies via leur dossier médical. En fait, quand on fait sérieusement le tour de la littérature scientifique au sujet de ce vaccin, on trouve ceci :
- 🥥 EFFETS SECONDAIRES GRAVES
- 🥝 109 études
- 🥝 15 à l'échelle de la population
- 🥝 Dans 6 pays
- 🍋 Plus de 2.5 millions de vaccinés
- 🍅 Réactions locales
- 🍅 Maladies démyélinisantes : pas d'augmentation
- 🍅 Maladies neurologiques : pas d'augmentation
- 🍅 Pas d'augmentation des effets secondaires
- ✏️ https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29280070
-
- 🥥 EFFETS SECONDAIRES GRAVES
- 🥝 Danemark et Suède
- 🥝 Sur 4 ans
- 🥝 Vs contrôle (non vaccinées)
- 🍋 1 million d'adolescentes
- 🍋 300 000 vaccinées
- 🍋 700 000 doses
- 🍅 Maladies auto-immunes : pas d'augmentation
- 🍅 Maladies neurologiques : pas d'augmentation
- 🍅 Maladies thrombo-emboliques : pas d'augmentation
- 🍅 Protection contre l'épilepsie (-33%)?
- 🍅 Protection contre la paralysie (-44%)?
- ✏️ https://www.bmj.com/content/347/bmj.f5906
-
- 🥥 EFFETS SECONDAIRES
- 🥝 USA
- 🥝 Sur 2 ans
- 🍋 189 629 femmes vaccinées
- 🍋 350 000 doses de vaccin
- 🍅 Evanouissement le jour de l'injection : x6
- 🍅 Infection cutanée dans les 14 jours : x1.8
- 🍅 Autres : Pas d'augmentation
- ✏️ https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23027469
-
- 🥥 SYNDROME DE FATIGUE CHRONIQUE
- 🥝 Cervarix
- 🥝 Avant vaccin
- 🥝 Après vaccin
- 🥝 1 an après le vaccin
- 🍋 UK population générale
- 🍅 Pas d'augmentation
- ✏️ https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24001935
-
- 🥥 SEP & MALADIES DEMYELINISANTES
- 🥝 Danemark et Suède
- 🥝 Vs non vaccinées
- 🥝 Sur 7 ans
- 🍋 4 millions de femmes
- 🍋 2 millions de doses
- 🍋 790 000 vaccinées
- 🍅 SEP vaccinées : 6 pour 100 000 par an
- 🍅 SEP non vaccinées : 21.5 pour 100 000 par an ( plus de trois fois et demi de plus)
- 🍅 Maladies démyélinisantes : pas d'augmentation
- ✏️ https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25562266
-
- 🥥 EFFETS SECONDAIRES GRAVES
- 🥝 Revue de la littérature
- 🥝 15 études
- 🥝 Sur 9 ans
- 🍋 Plus d'1 million de vaccinés
- 🍅 Syncope le jour du vaccin : augmentation
- 🍅 Infection cutanée à 14 jours : augmentation
- 🍅 MAI : pas d'augmentation du risque (SEP, SGB...)
- 🍅 Anaphylaxie : pas d'augmentation du risque
- 🍅 MTE : pas d'augmentation du risque
- 🍅 AVC : pas d'augmentation du risque
- 🍅 Complications obstétricales : pas d'augmentation
- ✏️ https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26107345
Conclusion
Que dire ? Ce document est de la pure manipulation d’opinion. De part l’importance accordée à la forme, c’est-à-dire les supposés conflits d’intérêt, ainsi que sur le fond avec un incroyable cherry picking doublé d'une lecture sélective de la documentation scientifique.
Est-ce bien raisonnable de la part de médecins prétendant avoir un regard rationnel sur la problématique de la vaccination ?
Si on se base sur la documentation scientifique disponible, tous les signaux sont au vert pour la vaccination contre le hpv. Ce vaccin fait l’objet d’une extrême surveillance. Les études démontrent une efficacité très forte, ainsi qu’un très faible taux d’effets secondaires ce qui en fait un vaccin avec une balance bénéfice risque ultra favorable. De plus, on note déjà des résultats extrêmement prometteurs sur les signes avant-coureurs du cancer. La recommandation de cette vaccination, pour les filles ainsi que pour les garçons est donc pleinement justifiée.
Un très grand MERCI à To Ket’s pour son travail de recherche sur les effets secondaires du vaccin, et à Medifact pour sa relecture commentée de l’article.
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