Historique du projet
Une classe APPN (Activités de Pleine Nature) a existé au collège Marc Seignobos de Chabeuil pendant 8 années. L’objectif était sportif : les élèves de différents niveaux pratiquaient la course d’orientation, le ski de fond et participaient à des compétitions à différents niveaux (Champion de France UNSS de CO en 2014).
En même temps, un club journal puis une classe “médias” a vu le jour : l’objectif était la production médiatique des élèves sur papier, à travers un journal scolaire, puis un site internet, une web radio ou la participation à une émission de télévision.
Nous avons voulu associer ces deux démarches, dans un contexte de restrictions budgétaires, mais aussi parce qu’il nous semblait que l’association des sports et des médias était particulièrement pertinente.
Contexte
Notre établissement a fait partie du Plan Numérique depuis 2015. A ce titre, les élèves sont équipés de tablettes individuelles Ipad.
Les acteurs
Nous avons souhaité travailler avec des élèves de 3e, qui nous semblaient plus susceptibles de maîtriser d’un point de vue technique le montage et d’appréhender, en fin de cycle 4, les enjeux de ce projet, en termes d’éducation aux médias.
De plus, il s’agissait de la génération d’élèves qui avaient les premiers été dotés de tablettes : nous voulions que cette classe soit un aboutissement du travail numérique réalisé avec eux au cours de ces trois années, dans l’ensemble des matières.
Il nous a semblé aussi qu’un tel projet pouvait ouvrir des perspectives aux élèves en termes d’orientation, lors de leur dernière année de collège.
Nous avons donc ouvert les candidatures en fin d’année dernière aux élèves de 4e : ils devaient nous proposer une lettre, une vidéo ou une autre production numérique pour prouver leur motivation à faire du sport et à réaliser des reportages sur la pratique sportive au collège. Nous avons retenu 17 élèves.
Trois enseignants travailleront à ce projet en co animation : Jacques Paris, professeur d’EPS, Olivier Dufaut, professeur documentaliste et Magali Eymard Piquette, professeur de lettres.
Nos hypothèses
A l’origine de ce projet, nous avons pensé que le sport était un objet médiatique particulier. En effet, depuis le XIXe siècle et l’essor de la presse, le sport spectacle a occupé une place de choix dans les médias, accompagnant les athlètes à travers les innovations techniques de l’image fixe et mobile. Nous pouvions ainsi amener les élèves à s’interroger sur la difficulté à montrer le mouvement, à raconter la performance sportive, sur les questions des valeurs et sur le lien entre économie des médias et économie du sport.
En même temps, les instances nationales de l’UNSS ont institué le statut de “jeune reporter”: l’obtention de ce titre permettait de dessiner un objectif à la formation que nous imaginions.
Un travail de terrain
Les élèves ont travaillé une fois tous les quinze jours lors de séances de trois heures le vendredi après-midi. Cela nous permettait d’organiser des sorties sportives. Ils ont aussi couvert des rencontres de l’UNSS, les mercredis et ont participé à un séjour APPN d’une semaine à Fond d’Urle au mois de janvier (Ils ont pratiqué le ski de fond, de piste, les raquettes avec prises de vue durant chaque activité et montage vidéo chaque soir).
Bilan et perspectives
Nous nous sommes concentrés en début d’année sur l’image fixe, mais très vite, nous nous sommes orientés vers l’analyse et la production de vidéos. En effet, il nous est apparu que ce média avait la faveur des élèves. Cependant, bien que grands consommateurs, ils n’en avaient jamais produit et les premiers rendus ressemblaient plutôt à des diaporamas animés(forme qu’ils avaient apprise au collège) avec beaucoup de musique. Le travail sur plusieurs événements sportifs du collège ou du département (cross, championnat de handball …) a permis aux élèves de progresser dans la prise de vue puis dans le montage.
Les divers travaux nous ont permis de nous interroger sur la fonction narrative, explicative ou argumentative de la vidéo.
L’achat de matériel (micros, pieds …) en milieu d’année a aidé à la prise de vue. Ils sont passé du logiciel de montage natif de l’Ipad (Imovie) à une application plus complète (Lumafusion) tout en rationalisant la gestion des fichiers et en apprenant à mettre les rushes en commun.
La quasi totalité du groupe a validé le statut de “jeune reporter sportif” auprès de l’UNSS départementale : ils garderont cette distinction pour la suite de leur scolarité et certains ont même conclu un partenariat avec le Dauphiné Libéré pour produire des vidéos.
Le bilan nous semble très positif : l’engagement des élèves dans les différentes réalisations est allé croissant. L’alternance des séances sur un point technique (le cadrage, le son, les transitions) et sur la réalisation d’un projet par équipe a permis aux élèves de progresser aussi bien techniquement que dans l’élaboration d’une vidéo pertinente, en définissant un objectif clair.
Nous souhaitons poursuivre cette classe l’an prochain, en apportant peut-être des éléments supplémentaires concernant l’économie des médias et en faisant davantage alterner la réception (revue de presse des médias sportifs) et production de contenus, même si nous sommes conscients que l’appropriation de la technique du montage est longue.
Le témoignage des élèves évoque une plus grande conscience que les vidéos - qu’ils consomment en quantité- sont des créations réalisées dans un but précis, en non pas simplement la vérité “captée”. Il nous semble que cet apprentissage par l’action est un premier pas très solide vers le recul critique nécessaire au citoyen éclairé.