Les Oiseaux Alfred Hitchcock

Avec des effets visuels révolutionnaires et une bande-son inhabituelle, le film d'Alfred Hitchcock relatant des attaques d'oiseaux contre une petite ville californienne atteignait la limite de ce qui était alors techniquement possible. Il s'agit de l'un des plus remarquables chefs-d'œuvre de l'auteur : la vision d'une menace obsédante qui pèse sur la vie quotidienne, et ceci à jamais...

Les Oiseaux (1963), l’un des tout meilleurs films d’Alfred Hitchcock, a ceci de remarquable qu’il appartient tout aussi bien au genre de la romance, que du fantastique, voire de la science fiction ou de l’horreur.

Comme les derniers grands films de Hitchcock que sont Vertigo, La Mort aux trousses et Psychose, Les Oiseaux se range d’emblée dans la catégorie des œuvres qui innovent, réjouissent ou dérangent, mais ne s’oublient pas.

Ce film propose un double regard : d’une part, sur l’être humain dans sa difficulté à vivre, comme l’a souvent montré Hitchcock à travers l’ensemble de son œuvre précédente ; et, d’autre part, sur l’espèce humaine dans ses rapports avec son environnement – ce qui, à l’époque du film (1963), était plutôt novateur, voire prophétique.

Melanie Daniels est le premier personnage à apparaître à l’écran ; elle est la dernière à être filmée en plan moyen à la fin du film. Elle est aussi la première et la dernière victime des oiseaux. C’est dire assez qu’elle est le personnage central du film. Elle nous est présentée de deux façons ; par ce qui est montré d’elle (attitude et paroles) et par ce qui est dit d’elle (propos rapportés par les Brenner - Mitch et sa mère -, et lus dans la presse à sensation).

Un portrait au vitriol

Et c’est un portait au vitriol qui se dessine dès l’abord, malgré l’apparence physique racée, élégante et séduisante de la jeune femme. Fille à papa, héritière du propriétaire d’un quotidien, le « Daily News », elle est présentée à travers sa réputation : une « célébrité » qui défraie la chronique en menant une vie superficielle et scandaleuse. Et cette première impression ne fait qu’être renforcée par une façon d’être et de faire très capricieuse. Avec Mitch, elle se montre hautaine et affabulatrice en se faisant passer pour une vendeuse. Avec les autres, elle se révèle égocentrique, antipathique et autoritaire : elle ordonne (« Je veux. », affirme-t-elle péremptoirement à un journaliste à qui elle demande un renseignement / « Immédiatement », ponctue-t-elle sa commande des « inséparables ») ; elle ne respecte pas autrui (elle n’hésite pas à déranger l’institutrice pour connaître le prénom d’une élève). Impolie et sans gêne, elle s’introduit sans le moindre scrupule – en leur absence - dans la maison des Brenner pour y déposer les « « inséparables ». Elle ment avec aplomb à Mitch à deux reprises (ainsi qu’à Annie) concernant sa rencontre avec Annie, son hébergement et la nature de son séjour. En définitive, ses reproches à Mitch (« Je vous déteste. Vous êtes mal élevé, arrogant et sûr de vous ! ») se comprennent comme son propre portrait en creux.

Ces traits de caractère s’affichent d’ailleurs au moment où, conduisant le hors-bord, elle est censée s’éloigner de l’habitation des Brenner. Le gros plan qui la cadre longuement affiche son plaisir, mélange de suffisance et de satisfaction, de voir Mitch se hâter de venir à sa rencontre. Et lorsque la mouette l’attaque, on ne peut qu’y voir l’intervention naturelle d’un deus ex machina (Hitchcock ?) qui infligerait à Melanie une punition somme toute « naturelle », pour ce qu’elle est et pour ce qu’elle a fait jusqu’alors. N’est-ce pas Mitch qui, venu à son secours, remarque spontanément : « On aurait dit qu’elle faisait exprès de foncer sur vous ! ».

Une femme insatisfaite par sa vie

Pourtant, Melanie, dès qu’elle se retrouve avec Mitch et poussée par son désir de le séduire, s’emploie à modifier cette image détestable qui paraît être la sienne. En mal de confidences avec cet homme qui l’attire – sans doute, entre autres raisons, parce qu’il s’oppose à elle -, elle lui donne sa version des faits à propos des rumeurs colportées par une presse médisante : à Rome, on l’a poussée dans la fontaine et elle n’était pas nue. Meurtrie par la réputation qui lui a, alors, été faite, elle a décidé, lui confie-t-elle, de reprendre sa vie en mains et s’occupe d’une œuvre de bienfaisance ; ainsi aide-t-elle un jeune Coréen à être scolarisé. Elle va jusqu’à lui confier que son enfance a été difficile, car elle était en conflit avec sa mère, qui l’a d’ailleurs abandonnée, et dont elle ne sait même pas ce qu’elle est devenue. Elle justifie ainsi ses errements passés par un besoin d’affection qui n’a jamais été comblé et explique son souci de se rendre utile.

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