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Via Alpina 2021 : De Monaco à Ljubljana mode d'emploi

Réalisée du 05 juillet au 21 octobre 2021

Sommaire :

  • Brève introduction sur les Alpes et la Via Alpina
  • I) La naissance du projet
  • II) La préparation du projet (tracé, matériel, retour sur ce dernier)
  • III) Se nourrir dans les Alpes
  • IV) Bivouaquer dans les Alpes
  • V) Se renseigner sur la Via Alpina
  • VI) Autres informations
  • VII) Notre Via Alpina en quelques chiffres

Brève introduction sur les Alpes et la Via Alpina

L'arc alpin s'étale sur une longueur de 1200km à travers huit pays : Monaco, France, Italie, Suisse, Liechtenstein, Allemagne, Autriche et Slovénie. Il s'agit du plus grand espace naturel d'Europe avec ses 190 000km2. Ce n'est cependant pas un espace vierge puisque 13 millions d'habitants vivent dans ses villes, ses villages et ses stations. Les deux plus grandes villes des Alpes sont d'ailleurs Grenoble et Innsbruck, toutes deux s'auto-déclarant ''Capitale des Alpes''.

Les Alpes sont devenues un espace colonisé par l'Homme. Ce massif au coeur du vieux continent a vu défiler nombre de peuples et d'époques. De l'Empire romain à l'Union européenne, les Alpes ont connu les grandes conquêtes des différents empires européens, les guerres de religion, les guerres napoléoniennes et les guerres mondiales. Elles se sont retrouvées au coeur de transactions territoriales entre les Etats européens et étaient et sont encore l'objet de convoitises de part et d'autre de certaines frontières. Elles ont connu et subi les grandes mutations sociales, politiques, économiques, culturelles et environnementales : après des débuts quasi uniquement centrés sur la culture pastorale, elles ont vu venir l'industrialisation, les grands ouvrages et le tourisme de masse. L'extrême Est de la chaîne a connu le communisme alors que le reste s'est retrouvé embarqué dans l'engrenage du capitalisme.

Les Alpes changent. Elles sont devenues un réseau de communication entre les Etats européens, ont vu émerger des routes à des cols stratégiques, des antennes sur certaines de ses cimes concurrençant parfois les nombreuses croix sommitales habituelles. Son relief évolue par la main de l'Homme : carrières, domaines skiables, paravalanches, lignes à hautes tensions. Mais également au gré des intempéries et du réchauffement climatique qui ronge peu à peu ses glaciers et ses neiges éternelles.

Eglise du Lac de Bled (Slovénie) / Barrage du Lago di Neves (Italie) / Skieur sur les pistes de Zermatt (Suisse) / Refuge de la Dent Parrachée (France) / Vache autrichienne

Les Alpes sont une terre de contrastes : catholiques à l'Ouest et au Sud, protestantes au Nord. Urbanisées dans certaines vallées, protégées dans certaines réserves. Germaniques au Nord et à l'Est, latines au Sud et à l'Ouest. Les Alpes ont vu les exploits de l'Homme lorsqu'il entreprend la conquête de ses plus hauts sommets au XIXème siècle ou lorsqu'il monte sur le podium lors des jeux olympiques d'hiver. Comme elles ont vu ses plus sombres périodes avec la dictature, la guerre et la déportation. Les Alpes sont tiraillées entre rêverie et réalité, entre beauté et brutalité, entre vie et mort. Joie de quasiment toucher le ciel une fois au sommet et désespoir de voir des villages ravagés par les tempêtes automnales. Les Alpes ont beau être colonisées, elles sont bien loin d'avoir été domptées.

Toutes ces facettes, et j'en oublie probablement, vous les côtoierez en traversant les Alpes. Véritable pont entre les peuples alpins, la Via Alpina vous fera voyager à travers l'espace et les époques. Votre petite histoire personnelle se confondant par moment avec la Grande Histoire.

C'est au début des années 2000 que le projet de Via Alpina émerge. Porté par l'association française de la Grande Traversée des Alpes, les huit pays de l'arc alpin décide de la construction d'un itinéraire longue distance afin de faire découvrir la diversité de ce territoire et de favoriser le tourisme local. En 2000, une réunion entre les représentants des huit pays se déroule à Lyon et décide du nom ''Via Alpina''. Tous les pays concernés ayant pour principal point commun d'avoir été à un moment donné une région de l'Empire romain. S'en est suivi un processus d'identification des itinéraires, de balisage et de description réalisé par le programme européen Interreg Espace Alpin. En 2002, la Via Alpina est inaugurée.

Les 5 itinéraires officiels de la Via Alpina

Il n'existe pas une Via Alpina mais des Via Alpina. On compte 5 itinéraires différents identifiés par leur couleur, le plus long et le plus complet étant la Via Alpina rouge qui relie Monaco et Trieste, la Mer Méditerranée et la Mer Adriatique sur ses 2400km et ses 162 étapes. En tout, ce n'est pas moins de 5000km de sentiers de Via Alpina qui s'offrent aux amateurs de grands espaces. Et encore, il s'agit des itinéraires officiels, vous pouvez bien entendu tracer votre propre traversée des Alpes en alternant les Via Alpina et d'autres itinéraires alpins de renom.

Le signe ''Via Alpina'' correspond à un V formé de deux branches : celle de droite en bleue représentant l'arc alpin et celle de gauche représentant l'itinéraire sur lequel vous vous trouvez (avec sa couleur).

I) La naissance du projet

Avoir l'idée de faire la Via Alpina n'est pas venue directement dans nos esprits. Il a fallu d'abord avoir connaissance de l'existence de cet itinéraire. Chose qui est arrivée totalement par hasard sur Internet au cours de l'été 2019.

A) Qui sommes-nous ?

Commençons par mon acolyte. Estebane a 25 ans, vit dans la région des Terres Froides en Isère, et est un mordu d'aventure. Depuis son adolescence il se passionne pour le voyage puis viendra ensuite la photographie et la vidéo. Sa professionnalisation se fera tout d'abord de façon autodidacte avant d'intégrer une école de cinéma à Grenoble. Fondateur de sa propre société de production PuravidaXpress, il finance ses expéditions sur quelques mois avant de partir découvrir quelques contrées lointaines : Philippines, Grèce, Espagne, Norvège, Islande, Maroc. Cependant, la montagne reste jusqu'alors assez éloignée de ce palmarès d'aventurier.

Quant à mois, je m'appelle Nicolas et j'ai 24 ans. J'habite également vers la région des Terres Froides même si j'ai vécu quelques années à Grenoble dans mon enfance. Passionné de montagne depuis tout petit, je réalise mon premier trek, le Tour du Mont Blanc, à 10 ans seulement. S'en suit une longue série de randonnées dans la région : Vercors, Belledonne et Chartreuse n'ayant plus beaucoup de secrets pour moi. Détenant une formation de juriste en droit européen, je reste cependant profondément attaché à la région des Alpes françaises même si je m'autorise quelques virées en dehors de l'hexagone. Et notamment mon année d'échange Erasmus dans la ville norvégienne de Bergen. Etape qui constituera le point de départ d'une envie effrénée de découverte.

B) Une Via à deux.

A la fin de mes études de droit, l'idée était de réaliser une traversée en solitaire d'une partie de l'arc alpin notamment avec la réalisation du GR5 reliant la Côte d'Azur au Lac Léman sur un peu plus de 600km. De l'autre côté, Estebane devait finir ses études de cinéma l'année suivante et voulait découvrir le Massif des Dolomites pour divers projets photographiques et filmiques. Au fil de nos discussions, nous avons peu à peu construit le projet de relier nos deux ambitions en réalisant la Via Alpina. Cette envie de partir s'est d'autant plus accentuée avec la crise sanitaire. Nous devions rétablir l'équilibre : après quatre mois de confinement, pourquoi ne pas passer quatre mois dans la nature ?

''Le compagnon de course est quelqu'un que l'on porte très haut dans le rang de l'amitié.'' - Gaston Rébuffat

Réalisé un projet de cette ampleur en solitaire revêt plusieurs conditions tenant notamment à des expériences passées et une bonne condition mentale. Il ne nous serait pas venu à l'esprit de réaliser une telle traversée seul. C'est pourquoi, la possibilité de le faire à deux était une occasion rêvée.

Nous n'avions pas l'expérience d'un trek aussi important. Me concernant, j'aime la montagne depuis que je suis petit et j'arpente les Alpes françaises dès que j'en ai l'occasion, l'influence familiale ayant fait son chemin. J'ai eu l'expérience de petits treks à mon adolescence, ne dépassant jamais une semaine de marche : tour du Mont Blanc, du Queyras, du Mercantour ou encore de la Vanoise. J'ai toujours été attiré par cette fuite vers la liberté et la contemplation qu'offre la montagne. Estebane, quant à lui, ne découvre la montagne que récemment par rapport à notre projet de Via Alpina. Cela ne fait que 2-3 ans que nous effectuons ensemble des randonnées dans la région de Grenoble. Plutôt investi dans la réalisation de voyage et de découverte, également en solitaire, la randonnée s'est peu à peu révélée à lui avec l'approfondissement de notre amitié. Alors que de mon côté, c'est son attirance pour la photographie que j'ai progressivement imprégné. Il n'avait pas l'habitude de partir en voyage avec d'autres personnes, plutôt axé sur une liberté totale dans ses faits et gestes. Un voyage dans le Nord de la Norvège, lors de mon année d'échange Erasmus, a accentué ce désir d'évasion et constitua la première expérience de cohabitation entre Estebane et moi. Forts de ce succès, nous nous pensons capables de réaliser cette traversée des Alpes sur plus de 3 mois. Encore faut-il s'y préparer.

Nicolas à gauche, Estebane à droite -- Sommet du Pain de Sucre 3208m - France/Italie (Via Alpina 2021).

Voici une vidéo réalisée par Estebane sur notre Via Alpina. Vous y trouverez tous les liens intéressants en description.

II) La préparation du projet.

Je ne parlerai pas trop ici de l'aspect physique de la préparation puisque n'ayant jamais réalisé de traversée aussi longue, il est difficile de savoir si notre corps est capable d'enchainer plus de 2000km de marche. L'entrainement physique se réalise de facto sur le tas, les premiers kilomètres vous entrainent pour les suivants et ainsi de suite.

Début juin 2021, nous avons tout de même réalisé un petit trek dans le Parc National des Ecrins sur une dizaine de jours. Bien que ce n'était pas spécifiquement pour s'entrainer, ce trek a permis de tester notre résistance au poids du sac et notre matériel avant de s'engager dans la Via Alpina.

A part la caméra, les guêtres et les crampons, tout a été pris pour la Via Alpina !

Ici, il sera plus objet de la logistique et de la question financière pour la réalisation de la Via Alpina. Nous étions conscients que la question du matériel était cruciale pour ce projet. Bien qu'étant déjà en possession de matériel de randonnée, il a fallu quasiment tout racheter : on n'utilise rarement le même matériel pour une randonnée à la journée que pour un trek de plusieurs semaines. Puis c'était l'occasion de s'acheter un matériel de qualité.

Ayant fini mes études en septembre 2020, j'ai pu travailler un peu moins d'une dizaine de mois en intérim pour acheter le matériel nécessaire et avoir assez d'argent de côté pour subvenir à nos besoins lors de l'aventure. Et autant vous le dire tout de suite : après avoir fait les comptes, c'est un budget de 10 000 euros que j'ai dépensé (donc pour une personne) entre les achats de matériels et les dépenses liées de près ou de loin à la Via Alpina (billet de train, nourriture, nouvel appareil photo, refuges, hôtels, etc.). Estebane était dans une position un peu plus délicate puisqu'il réalisait sa dernière année d'études sur la période 2020-2021. L'alternance études-travail était un peu plus compliquée pour lui. C'est d'ailleurs les impératifs scolaires d'Estebane qui nous ont fait choisir le point de départ de notre traversée des Alpes. Ce sera le 05 juillet 2021 depuis Monaco. Je n'aurai pas dis non à un début plus tôt, aux alentours de la mi-juin, pour agrandir la période estivale et diminuer les risques d'intempéries automnales sur la fin de la traversée. Mais il fallait bien qu'on ait un minimum de contraintes.

Mais avant de choisir le matériel, nous avons effectué le tracé de notre Via Alpina et nous ne nous sommes pas contentés de suivre à la lettre l'itinéraire officiel.

A) Tracer sa Via Alpina.

''À une époque où tout est de plus en plus planifié, programmé, organisé, pouvoir se perdre sera bientôt un délice et un luxe exceptionnels.'' - Gaston Rébuffat

Bien sûr il ne faut pas partir pour la traversée des Alpes les yeux bandés mais à trop prévoir, on finit pas se perdre. Nous n'avons en aucun cas effectué l'itinéraire de base que nous avions à notre départ. La météo, la fatigue, le terrain vous amèneront obligatoirement à modifier votre route à un moment ou à un autre. Nous concernant, nous avons construit notre propre itinéraire alliant des portions sur la Via Alpina et des parties sur d'autres grands itinéraires.

Pour le traçage, j'ai utilisé les fonds de carte disponibles sur le site Visorando. En découpant la Via Alpina en plusieurs parties, j'ai pu tracer petit à petit notre itinéraire et ensuite importer les traces GPX jusque sur mon portable. Pour ce qui est des étapes. Jusqu'à la fin des Dolomites, nous n'avions pas d'étapes prédéfinies. Nous nous posions à l'endroit qui nous semblait soit le plus beau, soit le plus pratique (en fonction de l'eau et des besoins de ravitaillement). Nous étions totalement libres de ce point de vue. Au début, nous avions quelques doutes sur la faisabilité de cette démarche. Puis, au fur et à mesure, nous nous sommes rendus compte que ne pas avoir d'objectif prédéfini chaque jour ne nous faisait pas moins marcher. Au contraire. Sur la partie française nous mettions le réveil aux alentours de 7h-7h30, les journées étant longues, nous marchions ainsi jusqu'à 19h parfois. Entre la Suisse et le Sud-Tyrol italien nous avons baissé à 7h, parfois un peu moins. Puis à partir des Dolomites nous sommes passés à 6h, le jour commençant à sérieusement baisser. Après les Dolomites, le froid et la baisse du jour nous ont ''contraint'' à un peu plus prévoir nos différentes étapes. Nous ne pouvions pas arriver à un col à 2500m à 17h30 alors qu'il y avait de la neige au sol. Donc on essayait de se fixer des objectifs, mais cette démarche n'a été entreprise que sur les 15 derniers jours.

Les Via Alpina se rejoignent à un moment ou à un autre avec toujours le tracé rouge comme fil directeur. Vous pouvez également effectuer des ponts entre les différents itinéraires, comme nous l'avons fait entre Scuol et le Massif des Alpes de l'Ötztal où nous avons relié la Via Alpina rouge et la Via Alpina jaune. Faites votre tracé en fonction de vos envies, des lieux que vous voulez découvrir mais attention à ne pas vous mettre trop d'objectifs à atteindre. Soyez sûrs que vous allez devoir faire des sacrifices sur certaines portions. Les Alpes sont vastes et même en effectuant 2000km de marche vous ne ferez qu'un petit morceau de cette chaine de montagnes.

Je vous fais ici un bref descriptif de notre itinéraire. Nous avons d'ailleurs découpé cet itinéraire en 11 portions pour plus de lisibilité (voir articles et trace GPX pour plus de détails) :

  • Dans les Alpes françaises : Départ de Monaco —> Parc National du Mercantour —> Massif du Pelat —> Massif du Chambeyron —> Massif d’Escreins —> Massif du Queyras —> Briançon —> Massif des Cerces —> Modane —> Parc National de la Vanoise —> Vallée de la Tarentaise —> Massif du Beaufortain. En France nous avons majoritairement suivi le GR5 puis légèrement la Via Alpina rouge et bleue.
  • Bref passage en Italie avec la partie italienne du Tour du Mont Blanc avant de rejoindre l’itinéraire reliant Chamonix à Zermatt (itinéraire hors Via Alpina officielle). Nous n'avons d'ailleurs pas effectué le Chamonix-Zermatt en entier puisqu'au niveau de la station suisse d'Arolla, nous avons bifurqué sur le Tour du Cervin pour repasser en Italie jusqu'à Zermatt.
  • De Zermatt on se dirige vers la Via Alpina verte au niveau de Kandersteg (pont entre les deux Via Alpina). On a également réalisé un crochet en stop jusqu'au Glacier d'Aletsch mais il n'est pas comptabilisé dans notre itinéraire de traversée.
  • On a suivi la Via Alpina verte jusqu'au Liechtenstein avant de relier la ville autrichienne de Feldkirch, située à quelques kilomètres au Nord de la principauté.
  • Direction Scuol, dans le Canton des Grisons, en suivant la Via Alpina rouge depuis Feldkirch.
  • On a ensuite fait le pont entre Scuol et Pfunds en Autriche (en stop) avant de traverser le Massif des Alpes de l'Ötztal d'abord par le Zentralalpenweg puis on a retrouvé la Via Alpina jaune.
  • On a quitté la Via Alpina jaune dans le Val Senales pour traverser le Parco Naturale Gruppo di Tessa avant une descente sur Merano.
  • On a refait un pont entre la Via Alpina jaune et la Via Alpina rouge entre Merano et le Lago di Neves (traversée du Massif des Alpes de Sarntal et des Alpes de Zillertal).
  • On a suivi la Via Alpina rouge jusqu'au Lago di Braies pour ensuite faire un tour à notre sauce du Massif des Dolomites.
  • Reprise de la Via Alpina rouge au niveau de Tre Cime di Lavaredo et de Sesto. Puis traversée des Alpes Carniques en partie sur la Via Alpina rouge, en partie sur une traversée alternative de ce massif (trop de neige et de vent sur l'itinéraire de la Via Alpina rouge).
  • On a quitté la Via Alpina rouge au niveau de la station autrichienne de Nassfeld pour rejoindre Bovec en Slovénie via les Alpes Juliennes.
  • De Bovec, on a traversé le Parc National du Triglav jusqu'à Bled.
  • De Bled, on a traversé le Massif des Karavanke en partie sur la Via Alpina violette puis le Massif des Alpes Kamniques avant de plonger sur Ljubljana.
Notre itinéraire final.

Cliquez ci-dessous pour accéder à la trace GPX de notre Via Alpina 2021

Avec cet itinéraire, nous avons réussi à toucher à tous les itinéraires de Via Alpina. Nous avons cependant laissé de côté un pays : l'Allemagne. Notamment à cause du temps une fois que nous sommes arrivés au Liechtenstein. Il y a tellement de possibilités de traverser les Alpes que notre itinéraire n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. Il peut seulement servir à vous donner quelques idées.

Les points positifs de notre itinéraire :

  • Plus d'étapes dans les Parcs nationaux français
  • Versant italien du Mont Blanc plus sauvage
  • Le Chamonix-Zermatt et le Tour du Cervin (au milieu des 4000)
  • Un passage dans les Grisons
  • La traversée du Massif des Alpes de l'Ötztal (magnifique chaine de montagnes)
  • La traversée de deux massifs peu connus (Alpes de Sarntal et Alpes de Zillertal)
  • Un tour de 300km dans les Dolomites
  • Un itinéraire rallongé en Slovénie permettant de mieux découvrir ce pays
Tre Cime di Lavaredo (Italie) / La Cougourde (France) / Le Haut Glacier d'Arolla (Suisse) / Le Weisseespitze (Autriche)

Les points négatifs de notre itinéraire :

  • De grosses stations traversées : Tignes, Zermatt, Grindelwald etc
  • La Via Alpina verte est moins sauvage que la Via Alpina rouge en Suisse
  • Deux fois 30km de stop pour traverser la Vallée du Rhône en Suisse et pour relier Scuol à Pfunds en Autriche
  • Pas de passage en Allemagne
Tignes (France) / Lauterbrunnen (Suisse)

B) Le choix du matériel.

C'est le choix du matériel qui nous a pris le plus de temps dans la préparation. Il fallait se renseigner sur ce qu'il était utile d'emmener ou non, sur le rapport qualité-prix de chaque produit et aussi et surtout, le poids du produit en question. Tout est bon à prendre pour se faire une liste de matériel digne de la Via Alpina. Une des principales sources d'inspiration a été les groupes Facebook de randonnée : ''Backpackers des Alpes'' et ''Trek, Bivouac & Matos'' ainsi que ''Via Alpina community''. Ces groupes répondent avec réactivité et nous sommes rarement déçus de la réponse. Nous avions un objectif concernant le poids du matériel : ne pas dépasser 15kg. C'est donc après plusieurs mois de recherche que nous établissons la liste suivante :

C) Recul sur le matériel utilisé.

Dans cette partie, je vais essayer de faire quelques retours sur le matériel de base pour cette traversée des Alpes, sur les objets les plus importants. Il est essentiel de dire auparavant que rien de ce que contient la liste de matériel ci-dessus n'a été non-utilisé au cours de cette traversée même si quelques améliorations peuvent être apportées. Le matériel nécessaire dépend aussi grandement de vos expériences personnelles. Mais pour une première, je trouve que nous avons plutôt bien géré cette question. Je me permettrai d'ajouter également des notes sur 10 pour les quelques équipements dont je ferai le retour : 10 signifiant que le matos était au top bien entendu.

1) La tente Hubba Hubba NX de MSR. (7/10)

L'autonomie quasi totale était un de nos critères pour effectuer notre Via Alpina. Bien que la tente soit un investissement au vu de son prix (400 euros donc 200 euros par personne), je vous laisse imaginer ce que couterait une traversée des Alpes en refuges et en hôtels. On peut faire le calcul ! Si l'on prend une moyenne de 50 euros pour une nuitée, on arrive à environ 5 500 euros par personne pour le temps que nous avons mis à relier Monaco et Ljubljana. La tente reste donc idéale pour économiser et gagner en liberté.

Bivouac sous le Pain de Sucre (France) / Tente hors du sac à Surenenpass (Suisse)

En traversant les Alpes, notre Hubba Hubba NX en a vu de toutes les couleurs. On peut donc facilement faire un retour d'expérience. Cette tente trois saisons est satisfaisante sur trois points majeurs : le poids, la taille pliée et dépliée, son imperméabilité. En effet, pliée cette tente de 30cm de long rentre très facilement dans le sac à dos, il n'y a pas forcément besoin de l'accrocher à l'extérieur de celui-ci. Une fois dépliée, la grande taille des absides est un réel avantage pour ne pas avoir à mettre les sacs à l'intérieur de la tente. Pour l'espace couchage, nous pouvions tranquillement mettre nos deux matelas de sol de 55cm de large côte-à-côte. Enfin, l'imperméabilité est quasiment totale pour ce genre d'équipement. Vous ne recevrez aucune goutte d'eau lors des gros orages. Le seul bémol concernant l'humidité tient à la rosée matinale qui peut se faufiler sous le double toit. Il était impossible pour nous d'attendre que la tente ne sèche pour que l'on démarre la randonnée quotidienne. Parfois, nous utilisions notre serviette pour enlever un minimum d'humidité. Mais une fois repliée et dans le sac, il n'était pas rare que l'eau de la tente ne mouille l'intérieur du sac à dos. Par beau temps, on peut tout de même l'accrocher à l'extérieur du sac. Au niveau de la solidité, la tente Hubba Hubba NX est assez robuste au niveau de son sol. Pas facile pour les petits arbustes aux branches assez rigides de la percer. Mais nous faisions tout de même très attention à chaque montage de bivouac et nous privilégions tant que possible les coins d'herbe et nous évitions totalement les sols rocheux. Cet équipement est cependant un peu moins solide au niveau des arceaux et des sardines. Il nous a fallu racheter des sardines à Merano, dans le Nord de l'Italie, puisque plusieurs d'entre-elles s'étaient tordues durant le périple. Mais c'est le prix de la légèreté !

2) Les chaussures de montagne Vakuum Top GTX de Meindl. (8/10)

Meindl est réputée pour la résistance de ses paires de chaussures et nous en avons été témoins. Mes chaussures ont tenu jusqu'au bout même si sur le dernier quart du périple, certains morceaux commençaient à se décoller et les semelles n'accrochaient plus aussi bien qu'au démarrage. Mais il faut relativiser. Avec 110 jours de marche, si l'on fait habituellement une vingtaine de randonnées par an, la Via Alpina correspond à 5 ans de randonnée en une seule saison. Il est donc normale que l'usure des chaussures se fasse sentir sur la fin.

Au début, ces chaussures semblent un peu rigides puis elles gagnent en souplesse lors des premières randonnées. Une mousse d'adaptation est présente au niveau de la cheville ce qui permet à la chaussure et au pied de bien se marier. L'imperméabilité de cet équipement est totale jusqu'à ce que l'eau passe par dessus, logique me direz-vous. Là encore c'est un réel investissement puisque la paire ne coûte pas loin de 300 euros (285 exactement).

Elles ont quand même bien reçu ! J'ai mis de la colle de contact sur la fin de la Via Alpina pour éviter que ça ne se décolle trop.

Estebane avait quant à lui opté pour les chaussures G Trek 5 GTX de Millet. Cette paire de chaussures est à éviter à tout prix ! C'est seulement au bout de cinq jours de marche, en plein Parc National du Mercantour, qu'un premier crampon s'est littéralement arraché. Les jours suivants, la semelle s'est, de fait, peu à peu endommagée. Il est arrivé la même chose sur l'autre chaussure, et c'est le même crampon qui s'est détaché. Il a donc dû changer de chaussures une fois arrivé à Ceillac et ses nouvelles Meindl ont duré jusqu'à la fin. Pour un prix de 255 euros, les chaussures Millet sont une réelle arnaque. N'hésitez donc pas à choisir le ''Made in Germany'' par rapport au ''Made in Roumania'' surplombé d'un petit drapeau français.

On voit le crampon totalement arraché sur la gauche.

3) Le sac à dos Kestrel 68 d'Osprey. (7/10)

Le principal avantage de ce sac à dos est son système d'attache. Il se positionne parfaitement par rapport au dos, limitant les chocs dus au poids du sac lors de la traversée. Cependant, si c'était à refaire, je prendrais la taille supérieure avec un 75L. Les dimensions du Kestrel 68 (200 euros) étant un peu limites notamment lorsque nous avions plus de 4 jours de nourritures dans le sac. La poche s'ouvrant en U à l'avant est aussi très pratique, on n'est pas obligé de tout sortir pour attraper quelque chose qui se trouverait au fond du sac. Il bénéficie également d'une protection imperméable incluse mais l'inconvénient de ces protections est qu'elles ne recouvrent que le sac. Or, sous les pluies les plus fortes, l'eau se faufile entre votre dos et le sac à dos. Encore une fois, si c'était à refaire, j'opterais pour une cape de pluie englobant à la fois l'individu et son sac. On oubliera le côté esthétique mais je pense que la protection face aux intempéries est plus optimale.

Comme tous les équipements, le sac s'est retrouvé un peu usé sur la fin. Les frottements au niveau des hanches ayant un peu attaqué le tissu. De retour de Slovénie, je me suis même aperçu que l'une des poches latérales était à moitié déchirée. Je ne pense pas que cela ait eu lieu pendant le périple mais plus pendant le voyage de retour. Sinon je l'aurai clairement senti au vu de la taille de la déchirure. Mais le SAV d'Osprey est très réactif et attractif et j'ai été totalement remboursé à mon retour en France.

Déchirure sous une poche latérale du sac Kestrel 68.

Estebane n'avait pas investi dans un nouveau sac. Il a gardé son vieux sac Millet de 75L. Ce sac était très pratique avec beaucoup de poches et un volume parfait pour ce genre d'expédition mais son poids (près de 3kg) était un réel inconvénient. Estebane a d'ailleurs plus souffert du dos et des épaules par rapport à moi.

4) Le sac de couchage Wilsa 300. (8/10)

Cette petite boule de 600gr ne prendra guère de place dans votre sac à dos et pourtant, une fois dépliée, elle vous permettra de dormir au chaud dans votre bivouac. En effet, ce sarcophage de plumes protège jusqu'à -11 degrés. En revanche, sa température de confort est comprise à 0°C. Disons qu'il ne faut pas que la température ne descende en dessous de -5 degrés pour garder un minimum de confort. Mais en effectuant la Via Alpina, vous n'allez jamais avoir de si basses températures sauf si vous le cherchez véritablement : bivouac à plus de 3000m, sous la neige ou tout simplement en hiver. Si vous partez pour la saison estivale, le Wilsa 300 (220 euros environ) sera votre ami pour la nuit.

5) Le matelas de sol Neoair Uberlite de Thermarest. (5/10)

Au niveau du poids, il n'y a rien à dire, ce produit est d'une légèreté inégalable (250gr). En revanche, pour ce qui est de la solidité, on est pas tout à fait dans la perfection. S'il a tenu pendant plus de 70 jours, ses cellules intérieures ont commencé à éclater les unes après les autres créant de grosse bulles d'air dans le matelas et rendant le confort pendant la nuit quasi inexistant. J'ai dû me racheter un matelas pour la fin du périple, plus lourd certes mais surement plus solide : l'Aerostat SYN 7.0 de Mountain Equipment. Ce dernier est également plus large que le Thermarest une fois gonflé.

Assez gênant pour dormir !

Estebane n'a pas vraiment eu beaucoup de chance concernant ses matelas de sol. En effet, il a dû changer d'équipement à deux reprises puisqu'ils se sont percés. Au départ, il possédait un matelas de sol Forclaz qui s'est percé au niveau d'un pli. Impossible donc d'y mettre une rustine. De même, son second matelas s'est percé à un endroit similaire bien que n'étant pas de la même marque. On restait tout de même dans la gamme des premiers prix. Pour le troisième matelas, il a décidé d'y mettre le prix et cela s'est révélé payant puisque son nouveau matelas Exped a tenu et tient encore. Il ne faut donc pas hésiter à mettre le prix dans un matelas de sol, le confort de la nuit étant très important pour récupérer convenablement. Et surtout, évitez les matelas qui possèdent de nombreuses rainures sur la zone de couchage.

6) La doudoune Micro Puff de Patagonia. (9/10)

Cette doudoune est une véritable pépite. Légère et chaude, elle nous a accompagné tout le long du voyage. Nous avons pu également la laver avec le reste de nos affaires sans la détériorer. Cependant, elle n'est pas du tout imperméable et se cantonne seulement à la chaleur. Je recommande définitivement ce produit !

7) La veste imperméable Outdry de Columbia. (6/10)

Rien à dire sur la légèreté de ce produit. Concernant l'aspect de la protection, il est important de souligner que ce produit est davantage un équipement de course que de randonnée. Nous devions faire attention à ne pas l'abimer lorsque nous enfilions le sac à dos afin de ne pas déchirer le produit au niveau de l'ouverture dorsale permettant l'aération. Sinon, bien entendu, ce produit est imperméable mais en randonnée, toute imperméabilité a ses limites. En marchant, si vous n'êtes pas mouillés par la pluie, vous le serez par votre transpiration. D'où l'intérêt de la cape de protection qui protégerait à la fois le sac et l'individu. Le vrai défi lorsqu'il pleut, c'est de protéger les affaires pour les garder au sec et pouvoir se changer. Entre la pluie et le vent, il est quasiment impossible de garder les affaires que l'on porte sur soi totalement sèches lorsque nous marchons.

Sous l'orage entre le Barrage de Grande-Dixence et Arolla (Suisse).

8) Le pantalon F208 Looking for Wild. (7/10)

Ce pantalon est à la fois déperlant et robuste. Sous la pluie, il vous protégera un bon moment de l'humidité mais comme dit précédemment, l'imperméabilité totale en montagne n'existe pas. Il est confortable et bénéficie de nombreuses poches. Il est cependant un peu lourd pour un pantalon alors même que le site de Looking For Wild indique un poids de 200gr pour ce modèle. Il est en réalité de 440gr. Certains randonneurs préfèreront avoir un pantalon qui se transforme en short une fois que l'on enlève les parties du bas. Nous avons opté pour un pantalon et un short différents et nous garderons cette technique. A chacun d'en décider. En attendant, ce pantalon est adéquat pour ce genre d'aventure et est encore utilisable une fois la Via Alpina terminée.

9) La serviette Airlite XL de Sea to Summit. (9/10)

Encore un produit à la légèreté inégalable. Plus petite qu'une canette de coca une fois pliée, elle ne prendra pas beaucoup de place dans votre sac. Il suffit de 15 minutes au soleil pour qu'elle sèche après son utilisation. Le problème provient lorsqu'il ne fait pas soleil. Dans ces cas-là, nous la remballions humide dans son sachet et l'accrochions le lendemain à nos sacs à dos. Même sans soleil, quelques heures accrochée au sac lui permettaient d'être de nouveau sèche pour la douche du soir. C'est un très bon produit.

Les serviettes pendouillent toujours au moindre rayon de soleil - Sous le Getschnerscharte (Autriche).

10) Le réchaud Jetboil Flash. (9/10)

Encore un produit indispensable pour votre traversée des Alpes. Ce réchaud fera chauffer votre eau à une vitesse record (moins de 2min, quand il ne fait pas trop froid). Il faut cependant garder à l'esprit que seule l'eau peut être chauffée dans ce réchaud : pas le lait, ni de la viande ou autre, au risque de détériorer le fond de celui-ci. De plus, le petit récipient protégeant le branchement du réchaud à la bouteille de gaz peut servir de bocal pour l'un ou l'autre lorsque nous sommes deux à manger pour un seul réchaud. Mais nous privilégions une autre technique pour nos repas à deux. Je l'expliquerai dans la section dédiée à la nourriture.

Nous doutions cependant des possibles réapprovisionnements en gaz durant le périple. Ça n'a finalement pas posé de problème puisqu'à chaque ville nous avons pu racheter une bouteille de gaz. Nous achetions toujours des bouteilles de gaz de 450gr (les plus grosses) et nous en avions toujours une chacun au cas où. En fonction de l'utilisation, ces bouteilles peuvent tenir une vingtaine de jours. Nous les utilisions à tous les repas : matin, midi et soir. Par exemple, depuis Monaco, nous avons seulement changé de bouteille une fois à Courmayeur. Elle a tenu un peu plus de 25 jours.

11) La Lifestraw. (9/10)

Maintes problèmes gastriques ont probablement été évités grâce à cette magnifique gourde. Je ne vois pas d'inconvénient particulier à ce matériel si ce n'est le poids (un peu plus lourd qu'une gourde classique). Le filtre fonctionne pour environs 1000L. Nous nous sommes amusés à faire le calcul : si vous buvez 3L d'eau par jour (il faut boire plus en randonnée apparemment mais bon), vous avez bu moins de 400L d'eau lors de votre Via Alpina. Et encore ce calcul se base sur la quantité d'eau (3L) présente dans les deux gourdes (la Lifestraw et la gourde basique). Donc les litres d'eau bus avec la Lifestraw sont surestimés dans ce calcul. Pour 25 euros vous pouvez ensuite changer le filtre une fois que vous avez un doute sur son efficacité.

12) Le panneau solaire 28W de Big Blue. (7/10)

Ce panneau solaire a mieux fonctionné que nous l'espérions. Si brancher une batterie externe sur ce panneau ne sert à rien puisqu'elle ne se chargera que très lentement (d'où le combo Panneau solaire-Batterie externe dans notre liste), vous pourrez brancher directement votre portable dessus. En quelques dizaines de minutes le rechargement de votre portable sera effectué. Pendant un repas ou en l'accrochant au sac à dos, il rechargera votre appareil sans toutefois, et il faut le dire, recharger comme une prise normale pourrait le faire. La recharge diminuant plus rapidement. Mais c'est un bon produit pour ce genre de traversée même si nous préférions nous caler au premier bar venu avec une pinte de bière pour recharger nos appareils. Son poids n'est cependant pas négligeable, autour de 600gr.

13) L'application Komoot. (9/10)

Pas besoin de se repérer avec le soleil ou les étoiles, l'application Komoot est l'outil informatique à avoir lors de votre Via Alpina. Ce petit bijou vous indiquera sur vos cartes tout un tas de choses : supermarchés, fontaines publiques, sources, hébergements, Via Ferrata et même toilettes publiques. Il suffit, avant de partir, d'importer votre tracé sur l'application (trace GPX) et de le conserver hors ligne. Ne pas oublier de le conserver hors ligne, comme ça vous ne serez pas surpris de ne plus rien voir sur l'écran une fois qu'il n'y aura plus de réseau. Vous pouvez très facilement modifier votre itinéraire en cours de route grâce à cette application (encore faut-il avoir du réseau, mais dans les Alpes ce n'est pas très compliqué). De plus, pas besoin de télécharger 7 applications de cartographie différentes en fonction de tous les pays que vous allez traverser. L'application utilise les fonds de carte OpenStreetMap valables dans tous les pays de la Via Alpina. Pour à peine 30 euros vous pourrez bénéficier de cette application, à vie !

Captures d'écran de l'application Komoot.

14) Autres matériels.

Deux autres produits seront discutés dans cette section : la trousse de secours et les crampons. Pour ce qui est de la première, il n'y a pas besoin d'acheter, comme nous l'avons fait, de trousse de secours sur un site spécialisé pour le trek. Faites votre propre trousse de secours : dolipranes, anti-inflammatoires, médicaments pour les maux de ventre, pansements. Ces produits sont à la base d'une trousse de secours de montagne. Vous pouvez ensuite rajouter des compléments tels que l'arnica ou vos anti-allergiques. Ne soyez pas flemmards comme nous l'avons été sur ce point.

Concernant les crampons, nous avons décidé de ne pas les prendre pour la Via Alpina. Alors même que nous avons traversé quelques glaciers et que sur la fin la neige et la glace ont un peu compliqué la traversée de quelques cols. Nous n'avons pas voulu transporter 400gr supplémentaires pour une utilisation sur un maximum de 2 à 3 jours pendant la Via Alpina. Ce n'était pas rentable et nous n'en avons pas vraiment souffert. A vous de voir.

III) Se nourrir dans les Alpes.

Avis aux amateurs de bons petits plats équilibrés, une traversée des Alpes ne permet que très rarement une alimentation bonne et variée tout au long de l'aventure. La première barrière à l'équilibre alimentaire : le poids. Impossible de trimballer tout son potager sur le dos ou de s'offrir un steak haché en croisant le premier veau venu dans un alpage.

NE ME MANGEZ PAS, S'IL VOUS PLAIT !!!!

Les plats lyophilisés peuvent permettre cette alimentation un peu plus variée mais nous n'en avons trouvé qu'en France et un tout petit peu en Italie. Dans le reste des pays, nous avons dû faire preuve d'imagination et tester tout un tas de plats potentiels pour nous remplir la panse. La meilleure marque de plats lyophilisés est définitivement ''Trek'N Eat'' en terme de quantité et de choix de plats.

Ravitaillement de Merano (pour deux et pour 4 jours environ).

En dehors des plats lyophilisés voici ce que nous avons englouti durant ces 109 jours de Via Alpina :

  • Des nouilles (basique mais tellement pratique et léger). Au nombre de deux paquets pour un repas et par personne sinon ça ne suffit pas. Les meilleurs sachets de nouilles : la marque ''Soba''.
  • Purée mousseline avec une sauce Knorr ou Maggi
  • Semoule avec une sauce Knorr ou Maggi
  • Polenta (au fromage ou au poisson) mais surement possible avec une sauce Knorr ou Maggi
  • Pâtes ''Grattini'' avec une sauce Knorr ou Maggi (que nous n'avons trouvé qu'en Italie du Nord). Ce sont les seules pâtes qui sont mangeables sans les laisser dans l'eau bouillante plusieurs minutes. Le riz non plus n'a pas été une réussite.
  • Lentilles corail avec un bouillon (à laisser quelques minutes dans l'eau chaude)
  • Mélange de fruits secs (mais c'est cher et ça part très vite)
  • Sandwich quand nous étions près d'un village ou d'une ville (mais privilégiez le chaud quand vous êtes en bivouac, ça fait un bien fou avant de dormir et ça réchauffe)
  • Paquets de biscuits (bichocos)
  • Petit tube de sel
  • Petit déjeuner : café soluble en dosette, thé, muesli et les petits sachets de sucre que vous trouverez dans les restaurants et les hôtels.

Pour les fruits, il va souvent falloir vous contenter de petites pauses ''cueillette'' pendant votre traversée !

Une petite astuce pour manger à deux. Si vous vous contentez du réchaud comme récipient, vous devrez manger l'un après l'autre et ça peut vite prendre du temps, surtout quand on a faim. Nous avons donc eu la magnifique idée de conserver un emballage de plat lyophilisé chacun. Comme ça nous n'avions qu'à mettre la purée ou la semoule ou les lentilles dans ce sachet et faire chauffer l'eau au réchaud. Ces sachets sont solides et tiendront une bonne partie du périple, jusqu'à ce que vous en retrouviez un autre pour l'échanger.

Nous n'avons jamais vraiment manqué de nourriture dans les Alpes. Nous avions faim par moment, certes, mais il ne nous manquait jamais un repas. Il est très rare de ne pas croiser de ville ou village au-delà de 4-5 jours de marche. Surtout que sur votre chemin, il y aura surement quelques refuges. En octobre, il était un peu plus compliqué de se ravitailler puisque la plupart des refuges avaient fermé et que les stations touristiques s'étaient mises en veille en attendant la saison hivernale. Nous prenions donc davantage sur la fin (entre 6 et 7 jours de nourriture). Le plus difficile à gérer ce sont les collations : fruits secs, barres de céréales, etc. Ça part extrêmement vite parce que les quantités ne sont pas énormes à chaque achat.

Une fois en Autriche ou dans le Sud-Tyrol italien, n'hésitez pas à goûter le Kaiserschmarren. C'est une petite merveille gustative !

Kaiserschmarren à la Braunschweiger Hütte en Autriche (le meilleur de notre Via Alpina !).

IV) Bivouaquer dans les Alpes.

Le bivouac sauvage est largement autorisé dans les Alpes à quelques exceptions près (on parle ici seulement des zones que nous avons traversé grâce à notre itinéraire) :

  • En France : mis à part le Parc national de la Vanoise et la Réserve des Merveilles dans le Mercantour vous pourrez bivouaquer en montagne sans souci. Il n'y a pas de restriction particulière dans le reste du Parc national du Mercantour (dans la limite d'une heure de marche de la délimitation mais qu'importe, personne ne calcule).
  • En Italie : il est interdit de bivouaquer en dessous de 2500m dans le Val d'Aoste donc un conseil : Cachez-vous ! Dans le reste de l'Italie, le bivouac est autorisé sauf dans les Parcs nationaux des Dolomites mais ces derniers sont assez petits, il est assez simple d'en sortir pour s'installer en dehors des limites du parc. Autre fait non négligeable en Italie : les bivaccos. Ces petites installations sont présentes en nombre dans les Alpes italiennes. Cela a vraiment été pour nous une des révélations de cette Via Alpina, si ce n'est la meilleure. Un toit et un minimum de confort le temps d'une nuit, avec le plus souvent une vue magnifique, ça n'a pas de prix. Donc vérifiez bien sur vos cartes si vous croisez des bivaccos et n'hésitez pas à faire quelques crochets pour les atteindre.
  • En Suisse : pas de restrictions particulières sauf dans le Parc National suisse (mais nous n'y sommes pas passés) et dans certaines vallées où s'établissent des réserves. Ces dernières sont rapides à traverser et ne concernent généralement qu'une petite portion de la vallée en question. Globalement, en Suisse, il est possible de bivouaquer au-dessus de la limite des arbres.
  • En Autriche : c'est le pays le plus restrictif concernant le bivouac puisqu'il est apparemment interdit sur la totalité du territoire autrichien. Lorsque nous étions près des alpages ou de terrains privés nous demandions l'autorisation pour poser notre tente, ce qui ne nous a jamais été refusé. Lorsque nous étions à plus de 2000m perdus dans les montagnes, nous nous installions librement.
  • Au Liechtenstein : aucune idée de la règlementation en vigueur dans ce petit pays. Nous avons dormi deux soirs sur ce territoire et nous n'avons pas eu de souci particulier.
  • En Slovénie : le bivouac est interdit dans le Parc National du Triglav. Sur le reste du territoire, ce dernier est déconseillé à cause des ours (mais pas interdit !). Winnie étant attiré par les odeurs de nourriture.
Bivouac dans le Massif des Karavanke (Slovénie).

Du reste, nous essayions toujours d'avoir une source près de notre lieu de bivouac à la fois pour la douche quotidienne mais aussi pour les repas et l'hydratation. Nous avons dû également faire à quelques reprises des bivouacs que je qualifierais de ''bivouac de nécessité'', c'est-à-dire dans des lieux peu attirants et peu esthétiques (près d'une ville par exemple). Notamment lorsque nous devions nous ravitailler le lendemain dans la ville ou le village en question.

Bivouac de nécessité à Alleghe, Massif des Dolomites (Italie).

Au niveau de la douche. Nous nous forcions à en prendre une chaque soir. Et ce pour deux raisons : ne pas salir les affaires que nous utilisions la nuit (duvet, drap de soie, tenue de nuit) mais aussi pour mieux dormir. Souffrir cinq minutes chaque soir permet de passer une nuit plus confortable. Et la récupération par le sommeil n'est pas à négliger dans ce genre d'aventure. Pour nous laver nous utilisions des savons biodégradables comme le savon d'Alep et le savon de Marseille. L'atteinte sur l'environnement est donc minime. De même que nous utilisions du dentifrice biodégradable pour nous laver les dents. La présence d'une source devenait ainsi une condition sine qua non pour l'emplacement de notre bivouac.

V) Se renseigner sur la Via Alpina.

Au-delà de la préparation pré-projet, il est utile de rester en lien avec le monde extérieur pour certains aspects. En quatre mois de voyage, il s'en passe des choses dans le monde. Par exemple à notre retour :

  • L'Afghanistan était tombé aux mains des Talibans
  • Les élections législatives allemandes ont signé la fin du mandat de chancelier d'Angela Merkel
  • Le Pass Sanitaire s'est peu à peu imposé dans toute l'Europe
  • Les Jeux Olympiques de Tokyo se sont déroulés
  • Le volcan des Canaries s'est réveillé

Nous avions décidé, avant de partir, de supprimer tous nos réseaux sociaux à l'exception de WhatsApp pour donner quelques nouvelles à nos familles et nos amis. Cette démarche s'est faite dans le but à la fois d'une déconnexion partielle avec le monde extérieur mais également pour économiser la batterie de nos appareils. Mais il me semble qu'il est important de garder quelques liens avec internet notamment pour deux raisons :

1) S'informer sur l'itinéraire au cours du périple.

Plusieurs fois je n'ai pas hésité à réactiver Facebook pour avoir un renseignement sur telle ou telle partie de l'itinéraire, si un passage était praticable avec un simple matériel de randonnée ou si un chemin était barré ou accessible. Les groupes Facebook que j'ai cité plus haut sont d'une grande aide dans ces moments-là, surtout quand on n'arrive pas à trouver l'information sur internet parce que le site est totalement rédigé en italien ou en allemand. Sur la fin de l'itinéraire nous avons pu savoir si certains refuges possédaient un local d'hiver ou encore le nombre de places de couchage dans certains bivaccos. De même, lorsque vous êtes sur un itinéraire de Via Alpina officiel, on peut trouver pas mal de renseignements sur les différentes étapes en consultant le site :

Le site suivant est une petite merveille que nous avons découvert pendant la Via Alpina. Il recense tous les refuges et les bivaccos en Italie. Il suffit de sélectionner le massif en question pour avoir la liste des bivaccos présents dans celui-ci :

2) S'informer sur les prévisions météorologiques.

La météo est un aspect capital lorsque vous traversez les Alpes. On ne fait pas la même étape quand il fait très beau ou quand il pleut. C'est même une question de sécurité. En été, les orages peuvent d'ailleurs être violents par moment. La météo vous aidera aussi à trouver le lieu de bivouac idéal : ne pas se mettre à un col si de fortes rafales sont annoncées, ne pas se mettre près d'un torrent si de violents orages arrivent.

De plus, à la fin de l'été, et donc dans la période automnale, il faut faire particulièrement attention aux possibles tempêtes qui peuvent se produire dans les Alpes. On pense bien évidemment à la Tempête Alex de 2020 qui a ravagé le Mercantour ou encore à la tempête d'octobre 2018 qui a balayé les Dolomites. Les Alpes peuvent vite devenir dangereuses et même s'il y a une part d'inconnue et d'imprévisibilité, la réduire en ce qui concerne la météo peut être grandement bénéfique.

Notre chance était de ne pas avoir de contrainte de temps, au sens de la durée. Nous n'avions pas d'obligation de date de retour en France. Donc quand il pleuvait, nous prenions souvent la liberté d'attendre dans une ville ou un village que le gros de la perturbation passe. Cela a été particulièrement utile au vu de la saison estivale 2021 mais nous sommes loin d'avoir échappé à toute précipitation. Puis, nous avions tout de même une contrainte indirecte puisqu'il ne fallait pas que l'hiver soit trop précoce dans les Alpes sur la fin de notre aventure.

Quelques sites météos :

  • https://www.meteo-grenoble.com/france/suivi-precipitations.html
  • https://www.meteoblue.com
  • https://www.accuweather.com/fr/it/national/weather-radar
  • https://fr.sat24.com/fr/it/rainTMC
  • https://www.meteosuisse.admin.ch/home.html?tab=rain
  • Application : Windy.com - prévisions de vent, vagues et ouragans

VI) Autres informations.

Voici quelques informations qui peuvent être intéressantes si jamais vous vous lancez dans cette grande aventure :

  • Les paiements en Euro sont autorisés en Suisse, que vous vous trouviez du côté francophone ou de l'autre côté du pays. Vous pouvez payer vos courses avec des billets en Euro, la monnaie vous sera rendue en Francs Suisses (Attention : les paiements en Euro en Suisse sont autorisés seulement avec des billets, on ne prendra pas vos pièces).
  • La monnaie du Liechtenstein est également le Franc Suisse et accepte aussi les paiements en Euro.
  • Faites attention à votre forfait téléphonique en Suisse (la Suisse ne fait pas partie de l'Union européenne !) donc gare à votre forfait lorsque vous zigzaguez entre les frontières. Dans les autres pays, il n'y a pas de souci.
  • Vous n'avez pas nécessairement besoin de votre passeport pour traverser les Alpes. Une carte d'identité suffit et ce, seulement dans le cas d'une réservation d'hôtel par exemple. La législation européenne impose le passeport si, et seulement si, vous décidiez de rester 3 mois ou plus sur le territoire d'un pays membres de l'UE ou lié juridiquement à cette organisation (cas de la Suisse).
  • Si vous voulez vous lancer dans l'aventure de la Via Alpina avec votre chien, sachez que seuls les parcs nationaux français interdisent l'accès aux meilleurs amis de l'Homme. Dans les autres pays, si vous vous trouvez dans une réserve, il vous sera seulement demandé de l'attacher. De nombreux refuges étrangers acceptent aussi les animaux de compagnie (Attention : je parle pour les zones protégées que nous avons traversé).
  • Prenez avec vous un calepin et écrivez chaque soir ou tous les deux jours ce qu'il s'est passé pendant la journée. Ainsi vous n'oublierez aucune miette de cette aventure et vous garderez un magnifique souvenir une fois chez vous !
Vaduz, capitale du Liechtenstein.

VII) Notre Via Alpina en quelques chiffres.

  • 2324km au total
  • 2129km en marchant
  • 195km véhiculés (stop, navette)
  • Du 05 juillet 2021 au 21 octobre 2021 : 109 jours
  • 98 jours de traversée sur 109 jours de voyage
  • 11 jours de repos sur 109 jours
  • 23,7km en moyenne par jour de traversée
  • 131km de dénivelés positifs et négatifs
  • 34 frontières franchies et/ou atteintes
  • 7 pays traversés
  • 1 demi journée à Monaco
  • 27 jours en France
  • 36 jours en Italie
  • 24 jours en Suisse
  • 2 jours au Liechtenstein
  • 11 jours en Autriche
  • 8 jours en Slovénie
  • 5 itinéraires de Via Alpina empruntés
  • 27 massifs traversés
  • 12 Parcs nationaux et naturels traversés
  • 191 cols franchis et/ou atteints
  • 110 lacs atteints
  • 10 passages à plus de 3000m
  • 3317m point le plus haut atteint
  • 74 nuits en bivouac sauvage sur 109
  • 35 nuits en refuge, hôtel, bivouac, cabane sur 109
  • 123 refuges sur notre trajet
  • 127 villes et villages traversés
  • 101 douches sur 109 jours (torrents, lacs, logements)
  • 6 lavages d'affaires pendant la traversée
  • 83 jours de beau temps
  • 24 jours avec de la pluie (dont 5 jours de pluies régulières, 5 gros orages et le reste en averses localisées)
  • 2 jours de neige
  • 8.9kg de perdu pour Nico, 5kg pour Estebane
  • 130 paquets de nouilles par personne (environ)
  • 44 bières locales
  • 2 gastro
  • 7 bâtons de randonnée
  • 5 matelas de sol
  • 3 paires de chaussures
  • 6 085 photos
  • Beaucoup d'animaux !
Une Suisse, une Française et une Slovène.
Signe ''Via Alpina violette'' en Slovénie / Bâton de randonnée après 2000km de marche / Douche en Suisse / Chamois dans le Mercantour.

La Via Alpina est une expérience hors du commun. Vous avez du mal à imaginer, que ce soit avant ou après l'avoir fait, que vous allez marcher ou que vous avez réellement marché plus de 2000km. Vous ne saurez pas si c'est vite passé : la Slovénie paraissait tellement loin depuis Monaco et une fois en Slovénie, Monaco semble tellement loin.

''Prenez du plaisir à faire ces choses, à faire ces nouvelles rencontres, à vous fixer des challenges. Et vous verrez quand vous atteindrez votre but que finalement le plus important était le chemin pour y arriver, et non la destination.'' - Confucius

La Via Alpina est un hymne à la liberté. En partant de France, vous allez peu à peu vous fondre dans des contrées de plus en plus étrangères au fur et à mesure de votre progression. Ce lent voyage vous émerveillera plus d'une fois, la découverte étant quotidienne. Le plaisir de parcourir la montagne sera des fois concurrencé par quelques moments difficiles dus à la météo ou à la fatigue. Mais ces derniers seront vite atténués par la beauté des paysages et le défi que vous êtes en train de réaliser. Pour certains, ce sera l'aventure d'une vie, pour d'autres seulement la première d'une longue série. Mais dans tous les cas, la Via Alpina vous marquera à jamais.

Vous serez également perdus dans ce que vous avez effectué. Vous en avez tellement vu alors qu'il reste tellement à faire dans l'arc alpin. Cette traversée invite à en découvrir davantage. Et bien qu'il s'agisse de la plus longue traversée possible dans l'arc alpin, d'autres tours et/ou traversées vous feront découvrir chaque petit bout des Alpes. En voici un liste non-exhaustive :

N'hésitez pas à lire et/ou visionner les articles sur les 11 portions de notre Via Alpina pour plus d'informations en cliquant sur :

Il ne vous reste qu'une chose à faire : Oser !

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Nicolas Thiers
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