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L'art urbain fait le mur L'Ille-et-Vilaine, terre de street-art

En ville comme à la campagne, l'art urbain s'est démocratisé ces dernières années, sortant du cadre confidentiel des débuts. Armés de bombes de couleurs, pochoirs, rouleaux, perches, les street-artistes rivalisent d'imagination pour donner à voir aux habitants.es des œuvres toujours plus spectaculaires. Cet art pictural exposé à ciel ouvert connait un nombre grandissant d'amateurs.

Art urbain, street-art, muralisme... comment s'y retrouver ?

Entre les anglicismes et les termes français plus ou moins utilisés, il semble y avoir des dizaines de façons de désigner l'art pictural des rues. Derrière cette multitude lexicale se cache de vraies différences de sens. On vous explique.

L'"art urbain" est le terme le plus générique. Le "street-art" quant à lui évoque la pratique libre de la rue, contrairement au "muralisme" qui s'exerce sur mur. Le "graffiti" qualifie la pratique de la lettre.

Misst1guett et ses explosions de couleurs

Morgane Le Mûr, plus connue sous le pseudonyme Misst1guett, découvre le muralisme lors d'un voyage au Mexique l'été 2016. Une "révélation" pour cette illustratrice de métier, qui décrit son style comme "joyeux", inspiré de la culture sud-américaine et de ces maisons colorées qu'on retrouve sur les îles bretonnes.

Lorsqu'en 2018, la crèche de sa fille lui propose d'égayer ses murs, l'artiste n'hésite pas une seconde à sortir rouleaux et pinceaux. Hyperactive, Misst1guette a déjà 14 fresques murales et 5 autres fresques participatives à son actif.

Une fresque murale colorée réalisée par Misst1guett.

Passionnée, elle ne compte pas s'arrêter là, d'autant que de nombreuses écoles du département la sollicitent pour mettre en place des ateliers de muralisme. Crévin, la Chapelle-Bouëxic, Chateaubourg ont déjà fait appel à elle pour organiser des séances avec les enfants. S'inscrivant dans une démarche double, à la fois pédagogique et artistique, ces ateliers visent à faire participer les élèves en partant de leurs envies et de leurs esquisses à la craie pour réaliser une fresque. Face au succès de ce format d'atelier, Misst1guett souhaite le propose aux établissements d'accueil des personnes âgées. Avis aux intéressés !

« Cet art devient de plus en plus populaire. Mettre de la couleur sur les murs n’est plus associé à du vandalisme comme ça pouvait encore être le cas il y a peu. On constate une reconnaissance grandissante du public comme des institutions pour cet art qui embellit. » Mistinguett

Une ancienne école devenue le paradis des street-artistes

Art des villes, art des champs... La campagne est devenue un terrain de jeu privilégié du street-art. Pour preuve : la petite commune de Saint-Georges-de-Reintembault, située à l'extrême nord-est du département qui est en passe de devenir la capitale du street-art en Ille-et-Vilaine.

Dans ce village d'environ 1500 âmes, l'ancien lycée agricole, surnommé "le collège fou fou fou", en référence à une peinture des années 80, est devenu le lieu d'expression de prédilection des streets-artistes du secteur.

Rod Maurice et Aurélie Fossier, les nouveaux propriétaires de cette friche en réhabilitation, ont eu le coup de coeur pour cet endroit. Leur projet : en faire un espace libre pour différentes pratiques culturelles comme la peinture, la danse, le théâtre... Le couple a invité tous les artistes qui le souhaitaient à venir colorer les murs intérieurs et extérieurs du bâtiment.

Une quarantaine d’œuvres sont déjà visibles sur place, dont celle spectaculaire de l'artiste rennais Naga, représentant une femme sans visage entourée de coquelicots.

« Avec ce projet réalisé en avril dernier, j’en suis à une trentaine de murs peints. Je réalise aussi des œuvres plus petites sur toile mais le street art a cet avantage de nous libérer des carcans et des codes académiques. » Naga

War! : l'apache du bitume venu de la campagne

Sans doute l'inconnu le plus célèbre de Rennes, l'artiste War! s'illustre par ses fresques monumentales. Le choix de garder l'anonymat sur cette identité contribue à entretenir le mystère et accentue la dimension onirique de son travail.

Celui qui s'est autoproclamé "l'apache du bitume" vient de la campagne. Survivance de cette jeunesse rurale, il puise son inspiration dans la nature : animaux, pierres, plantes...

Une des oeuvres de War! que l'on peut admirer à Marcillé-Robert.

On peut admirer son travail au détour d'une promenade à Marcillé-Robert où l'artiste a été invité à recouvrir 6 façades représentant la faune emblématique de l'étang. War! a également été choisi pour orner un séquoia géant rue de Saint-Malo à Rennes.

« Au centre de mes créations se trouve l’humain, son incroyable potentiel de création et de destruction. Mon travail se nourrit d’anthropologie, de sciences de la vie autant que de toutes expressions artistiques » War!

Deux festivals d'art urbain à découvrir

Teenage Kicks à Rennes et Saint-Malo

En 2023, la biennale de street-art Teenage Kicks fêtera ses 10 ans d'existence. La prochaine édition est programmée du 1er au 9 octobre 2022 à Saint-Malo.

Expositions, balades urbaines, actions culturelles sont prévues dans la cité corsaire. Depuis ses débuts, Teenage Kicks a déjà réuni 365 artistes, à travers 21 expositions et 44 façades murales, pour une fréquentation totale de 76 000 visiteurs.

Pav'Art à Rennes

En plus de Teenage Kicks, l’Ille-et-Vilaine accueille un deuxième festival spécialisé dans l’art urbain. Son nom : Pav’Art, avec une cinquième édition prévue en juin 2023 à Saint-Aubin-du-Pavail et Châteaugiron.

Crédit photo : Jérôme Sevrette

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Jérôme Sevrette