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Le numérique et l'école INFORMER | Avril 2022 | CÉSECÉM

Chiffres clés

  • 1 poste informatique pour 12,5 élèves en moyenne en 2019 (écoles primaires)
  • 1 poste informatique pour 3,7 élèves (20% des écoliers scolarisés dans les écoles les mieux équipées)
  • 1 poste informatique pour 32,9 élèves (20% des élèves dans les écoles les moins bien équipées.
  • 1 écolier sur 4 avait accès à la fibre dans son école (2019)
  • 14 % des écoliers en milieu rural à plus de 40 % dans l’agglomération parisienne.
  • 96 % des professeurs de mathématiques de collège (et 97 % en lycée) déclarent que leurs élèves utilisent un outil numérique en classe, chaque semaine ou une ou deux fois par mois, la calculatrice comprise (Cnesco, 2019).
  • 43 % des élèves en France ont un niveau de performance faible ou très faible en littérature numérique.
  • 70% d’élèves, scolarisés dans les écoles les moins bien dotées en équipement informatique 19% d’élèves, scolarisés dans les écoles qui disposent d’un équipement informatique intermédiaire
  • 11% d’élèves, scolarisés dans les écoles qui sont les mieux dotés en équipement

Source : https://www.ac-paris.fr/portail/jcms/p2_2310364/etude-du-cnesco-numerique-et-apprentissages-scolaires

L’utilisation du numérique au niveau scolaire

Les outils numériques remplissent des fonctions pédagogiques très diverses, dans toutes les disciplines scolaires et à tous les niveaux de la scolarité, des études et de la formation professionnelle. Les enseignants peuvent présenter de l’information et les élèves peuvent lire et comprendre un texte, apprendre à lire, écouter un document sonore, écouter un texte sonorisé, regarder, lire un document multimédia, regarder une vidéo, une animation et prendre des notes.

Les élèves peuvent utiliser les outils numériques afin de répondre à leurs questionnements, en effectuant des recherches, en s’entrainant et en jouant. Et lorsqu’il n’a pas la possibilité de se rendre physiquement dans une école il peut apprendre à distance dans un environnement numérique.

Grâce à l’outil numérique, les enseignants peuvent évaluer les performances des élèves mais aussi suivre leurs progrès et analyser leurs difficultés afin de trouver des solutions pour un meilleur accompagnement :

  • Manuels scolaires numériques
  • Tableau numérique interactif (TNI)
  • Equipement en ordinateurs portables et tablettes
  • Internet et les moteurs de recherche
  • Lecture et écriture sur support numérique
  • Apprentissage par les jeux et vidéos
  • Classes inversées
  • Apprentissages coopératifs
  • Robotique éducative
  • Initiation à la programmation

Une accélération du numérique en raison de la pandémie

La pandémie de covid-19 a accéléré l’adoption de l’éducatif numérique par le système éducatif. Le retour d’expérience révèle que la continuité éducative a été difficilement efficiente, faute de :

  • formation des enseignants,
  • ressources pédagogiques pensées pour la classe à distance
  • accès pour tous les élèves à un matériel informatique, voire au réseau internet.

Les inégalités territoriales ont explosé au grand jour. Et ce sont les familles les plus démunies ou les plus éloignées des centres urbains qui en font les frais. Cette situation n’est cependant pas nouvelle, mais a été aggravée par la pandémie.

Retrouvez l’article au retour d’expérience en cliquant ci-dessous : https://www.lagazettedescommunes.com/676222/coronavirus-pourquoi-le-numerique-educatif-nest-pas-a-la-hauteur/?abo=1

L’Analyse de Pascal Plantard

Lors du premier confinement Pascal Plantard, Anthropologue des usages des technologies numériques et professeur à l’université Rennes 2, précise qu’il y a eu des modifications, des pratiques et des relations entre enseignants, parents et élèves. Selon lui, la notion de « nation apprenante » est en train de s’installer dans notre société. En soit le numérique a pris une place plus importante au sein de notre société depuis le premier confinement. Cette prise de conscience est un progrès. Les parents et les enseignants ont connu un rapprochement inédit.

Ainsi, d’après un échantillon représentatif de la population française :

  • 95% des parents qui ont été sondés affirment avoir eu en 2020 des échanges réguliers avec des enseignants
  • 78% à dire que ce n’était pas le cas un an plus tôt.

En ce qui concerne l’usage du numérique dans l’enseignement, au cours de l’année 2019, si un quart des enseignants fut acculturé aux technologies numériques, seule une moitié en faisait un usage simple et un quart n’en faisait pas usage ou très peu. L’enquête de 2020 a révélé que 50% ont basculé vers une utilisation plus importante du numérique. Les enseignants ont pour motivation de garder contact avec leur élève, en cette période c’est la priorité.

L’étude observe que l’enseignement à distance a connu deux phases :

Une première phase de stricte reproduction de la forme scolaire, de mars aux vacances de printemps 2020, durant laquelle les enseignants ont voulu reproduire, mais à distance, l’organisation de la classe, la succession des cours, les contenus… Et ce en imaginant que les familles pourraient suivre. Ce qui n’a pas été le cas.

Une seconde phase plus structurée appelée la « scénarisation des cours » au cours de laquelle a été développé un enseignement radicalement différent. Les caractéristiques d’un cours scénarisé en ligne sont les suivantes :

  • Il constitue une nouvelle façon de "mettre en scène" les savoirs grâce au multimédia.
  • Il privilégie l’apprentissage actif, la collaboration, le tutorat.
  • Il modifie le rôle de l’enseignant en lui demandant d’aller au-delà de la présentation des savoirs et de favoriser l’interactivité et la participation des étudiants.
  • Il doit favoriser la communication entre pairs et avec l’enseignant, en proposant l’utilisation d’outils tels que les forums, les chats…

La crise a aussi poussé à écouter les propositions des élèves. C’est ainsi que les réseaux sociaux tel Snapchat ou Discord sont devenus des « réseaux de classe », précisément pour communiquer avec les élèves les plus isolés, en risque de décrochage. Cette incorporation pédagogique des pratiques des élèves est un autre effet de la crise.

Les observations du Centre national d’étude des systèmes scolaires (Cnesco)

Rattaché au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) depuis le 1er septembre 2019 au sein du laboratoire Formation et apprentissages professionnels (Foap), le Centre national d’étude des systèmes scolaires évalue, analyse et accompagne des politiques, dispositifs et pratiques scolaires. Il vise à améliorer la connaissance des systèmes scolaires français et étrangers afin de créer des dynamiques de changement dans l’école.

S’appuyant sur un réseau scientifique de chercheurs français et étrangers issus de champs disciplinaires variés (didactique, sociologie, psychologie cognitive, économie, géographie, etc.), il montre, dans son rapport, un manque de cohérence dans la stratégie d’équipement des écoles : par exemple, une école bien dotée en ordinateurs ne dispose pas obligatoirement d’une connexion internet de qualité et réciproquement.

Les écoles les mieux dotées en équipement sont les écoles qui ont le moins d’élèves par poste informatique et les écoles les moins dotées en équipement sont les écoles qui ont un poste pour 5 élèves.

Les départements d’outre-mer sont très largement sous-dotés par rapport à la moyenne, beaucoup d’élèves scolarisés sont dans une école moins bien dotée en matériel informatique. Avec 70% des élèves fréquentant une école sous-dotée, contre 33% au niveau national.

Chiffres concernant les outre-mer : 70% des élèves sont scolarisés dans les écoles les moins bien dotées, 19% dans des écoles disposant d’un équipement informatique intermédiaire et 11% sont scolarisés dans les écoles les mieux dotées.

Afin d’améliorer la situation, les recommandations du CNESCO en faveur des politiques numériques scolaires sont les suivantes :

1) S’appuyer sur quatre piliers à développer simultanément :

  • La recherche sur la valeur ajoutée réelle des usages numériques ;
  • L’équipement et les infrastructures de connectivité ;
  • La formation au numérique des enseignants et des élèves ;
  • Les ressources pédagogiques de qualité, labellisées.

2) S’inscrire dans une logique de renouvellement continu des équipements et des applications afin de soutenir l’évolution des usages pédagogiques du numérique.

3) Effectuer une évaluation systématique et exhaustive au niveau de chaque établissement, des actions mise en œuvre « pour garantir à tous les élèves français […] un socle de services numériques éducatifs réellement engagés dans les enseignements de son établissement ».

4) Développer au sein du secteur scolaire des outils numériques appropriés par les enseignants et les élèves améliorant ainsi les conditions de l’apprentissage de ces outils. L’outil doit être :

  • Utile et perçu comme utile par les enseignants et les élèves.
  • Utilisable, facile à prendre en main et perçu comme utilisable

Source : https://www.lagazettedescommunes.com/702081/numerique-educatif-le-cnesco-revele-de-profondes-inegalites-territoriales/?abo=1

Les recommandations de l’inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (IGESR)

L’IGESR est un corps placé sous l’autorité directe et conjointe des ministres chargés de l’éducation, de la jeunesse et des sports, de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation. Elle assure des missions d’évaluation, d’expertise, de contrôle et d’appui.

L’IGESR indique que le système scolaire a été fortement éprouvé et n’était clairement pas prêt à affronter une telle crise, mais a pu faire face grâce à des ressources insoupçonnées, notamment humaine. L’engagement de l’ensemble des acteurs de l’éducation a été globalement positif.

L’inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche a mené une réflexion portant sur les nouvelles méthodes d’enseignements, en comparant l’enseignement en présentiel et distanciel. L’objectif étant de savoir comment adapter les différentes matières en distanciel pour les élèves afin de favoriser leur culture et leur progrès sur l’évaluation de leurs travaux et la variété des modalités de notation.

L’IGESR propose les huit recommandations suivantes au niveau de l’école ou de l’établissement :

  1. Organiser la coordination des équipes pédagogiques engagées dans les enseignements à distance.
  2. Organiser la concertation entre les équipes de direction, les enseignants et les parents.
  3. Procéder à un état des lieux systématique et régulier sur la capacité à mener ou suivre des actions d’enseignements à distance.
  4. Procéder à des entraînements de périodicité annuelle ou bisannuelle permettant de vérifier la bonne préparation des acteurs (services académiques, établissements, équipes administratives et pédagogiques) et l’adaptation des équipements au passage imprévu à une situation d’enseignement à distance dit « de crise ».
  5. Former les enseignants à l’enseignement à distance, préparer les enseignants aux spécificités pédagogiques et didactiques de l’enseignement à distance.
  6. Proposer aux enseignants un catalogue de ressources validées pédagogiquement, conformes au RGPD, facilement accessibles et adaptées à une montée en charge soudaine des usages.
  7. Former les corps d’inspection aux spécificités pédagogiques et didactiques de l’enseignement à distance et encourager les observations directes.
  8. Développer la recherche sur les déterminants de l’efficacité de l’enseignement à distance dans le champ scolaire.

Source : https://www.ac-paris.fr/portail/jcms/p1_2298971/numerique-et-confinement-pour-l-igesr-il-faut-ameliorer-la-formation-et-la-coordination-des-equipes